ÇA SE RAPPROCHE
Aujourd’hui, 27 personnes se retrouvent à la morgue de Bamako, juste parce qu’elles ont eu le malheur de se trouver hier matin dans un hôtel de luxe de la capitale malienne. Leur chemin a croisé celui des terroristes qui ont estimé avoir le droit, du fait de leurs «convictions religieuses», de priver leurs semblables de l’air pour gagner une place privilégiée dans leur paradis.
Parmi ces morts, un cadre sénégalais en mission que sa famille se faisait un plaisir de revoir à son retour et qui, horreur !, accueillera cercueil à la place. Comme 26 autres familles malheureuses. Cette épreuve, qui a frappé une semaine exactement après les attentats islamistes qui ont endeuillé la ville de Paris, démontre de la manière la plus parlante que les terroristes n’ont pas besoin d’excuses pour agir. Ils n’ont besoin que de moyens et que nous sommes tous des cibles potentielles.
Après les sorties du Président Macky Sall contre certaines pratiques religieuses et certaines formes d’habillement, des voix se sont élevées pour s’en prendre, parfois en des termes violents au chef de l’Etat, estimant que ses déclarations exposaient le pays à la vindicte du terrorisme international.
Certains ont même écrit qu’il risquait, en s’en prenant aux terroristes jihadistes dans ses déclarations, de réveiller les «réseaux dormants» entretenus de longue date dans ce pays par ces mouvances, et qui avaient un «modus vivendi» avec nos services de sécurité, qui les empêchaient d’agir, à condition qu’on les laissât tranquilles. Dans cette même veine, plusieurs Sénégalais se sont défoulés, au point que l’on se demande si tous croyaient vraiment ce qu’ils écrivaient.
Malheureusement, l’attaque du Radisson Blu de Bamako vient – opportunément ? rappeler à tous qu’il ne peut y avoir de modus vivendi avec des terroristes. C’est même inconséquent et dangereux de prétendre que des personnes peuvent être fichées comme dangereuses par la police, et que celle-ci les laisse libres, parce qu’elles ne seraient pas encore passées à l’action.
On a vu ce que cela a donné en France, en janvier et la semaine dernière. Au Mali, les dirigeants ont toujours cherché à donner des gages de paix à leurs différents groupes irrédentistes. Cela ne leur a jamais rapporté autre chose que des larmes et du sang. Et hier encore, s’il n’y avait pas eu les forces françaises, que nos donneurs de leçons veulent voir rapidement quitter nos pays, rien ne dit que le bilan des morts n’aurait pas été plus lourd.
Et ce serait être de mauvaise foi que de laisser penser que les actions ou l’inaction de Macky Sall pourraient précipiter une attaque terroriste sur notre territoire. La seule chose qui pourrait épargner ce pays, c’est l’anticipation de ses services de renseignement et la préparation de ses forces de sécurité. Et bien entendu, la coopération de nos populations.
C’est vrai que Macky Sall a mal posé un débat juste et n’a pas pris des bonnes mesures pour rectifier sa communication. Pourtant, cela ne constitue pas un motif de rejet de toutes ses décisions visant à protéger les populations et à préserver le havre de paix que constitue encore ce pays.
Tout le monde doit comprendre qu’il n’y a pas de réponse toute faite à apporter à la question du terrorisme. Il n’existe pas de profil type de terroriste. On a vu un jeune homme nigérian, éduqué dans les meilleures écoles occidentales, et dont le père est l’un des plus riches de son pays, qui a voulu faire exploser un avion de ligne américain, avec les couches culottes qu’il portait.
Parmi les kamikazes qui ont frappé à Paris, il y avait des petits voyous des bas quartiers de France et de Belgique, mais on a compté aussi dans la mouvance jihadiste des diplômés d’universités d’Améri que ou d’Europe. Puisque nul ne peut déterminer ce qui pousse un individu à la radicalisation, le Sénégal devrait-il attendre que les islamistes agissent chez nous pour commencer à les traquer ? Si oui, cela ne devrait pas tarder, Bamako n’est pas si loin de Dakar !!!