COMMENT SONT NÉS LES ATELIERS DE LA PENSÉE
L'Europe ne constituait plus le centre de gravité du monde - Il était important pour nous que Dakar, notre capitale intellectuelle et artistique à tous par-delà nos nationalités, porte quelque part le nom de cette initiative, à la manière d'une promesse
La troisième session des Ateliers ouvre bientôt ses portes à Dakar. Ce sera le 30 octobre prochain. Nous nous attendons à une magnifique fête de l'esprit. Vous y êtes toutes et tous invité.e.s.
Beaucoup posent la question de savoir dans quelles circonstances sont nés les Ateliers de la pensée.
Je connaissais les travaux de Felwine et il connaissait les miens. Il m'avait d'ailleurs invité à Saint-Louis à l'époque ou il y enseignait. Nous avions parcouru, à deux reprises, dans sa voiture, la distance qui sépare Dakar de cette ville aux portes de la Mauritanie. Et nous avions mis à profit ce précieux moment pour échanger.
Des années plus tard, je suis frappé par le fait que cette longue conversation fut, en réalité, un long examen de "la situation intellectuelle" de notre Continent.
Un ou deux ans plus tard, nous publiames chacun un ouvrage - lui, AFROTOPIA et moi, POLITIQUES DE L'INIMITIÉ. Considérations à première vue à l'opposé les unes des autres ? C'était sans compter avec le fait que quelques années auparavant, j'avais commis SORTIR DE LA GRANDE NUIT et m'étais essayé à ce que j'appelais l'afropolitanisme.
Une fondation allemande - bien au fait de l'évidente complicité - eut l'excellente idée d'organiser un dialogue autour de ces deux textes. Nous nous consultames et, très vite, nous fimes le même constat. Un dialogue entre nous autour de nos deux livres serait sans doute intéressant. Mais il fallait aller plus loin.
Les défis étaient énormes, auxquels faisaient face l'Afrique et ses diasporas. Dans presque tous les domaines de la vie publique, artistique et du savoir, des individualités faisaient l'expérience de succès personnels sur les scenes internationales. Il fallait cependant faire corps si, véritablement, nous voulions avoir une voix.
Pourquoi ne pas mettre en place une plateforme indépendante qui réunirait à intervalles réguliers la plupart d'entre nous et nous permettrait de frayer de nouveaux chemins pour la pensée ? Les temps n'étaient-ils pas propices ? L'Europe ne constituait plus le centre de gravité du monde. L'heure de la refutation et de l'apologie était terminée. S'ouvrait une nouvelle ère, celle de l'affirmation. D'autres géographies de la pensée critique s'esquissaient à l'échelle planétaire. Sans nous, le monde ne pouvait guère être monde. Pourquoi ne pas assumer ouvertement nos responsabilités ?
Très vite, nous trouvames un nom - les Ateliers de la pensée de Dakar. Il était important pour nous que Dakar, notre capitale intellectuelle et artistique à toutes et a tous par-delà nos nationalités, porte quelque part le nom de cette initiative, à la manière d'une promesse.
Nous convoquames les unes et les autres et la réponse fut unanime. Depuis lors, nous avançons. La tête haute.
A très vite donc, pour le prochain tour à Dakar.