CONFIANCE ÉBRANLÉE DU PEUPLE
EXCLUSIF SENEPLUS - La perfidie du quatrième président de ce Sénégal meurtri inspire à la fois de la répulsion et de la tristesse parce qu’elle projette ailleurs une hideuse image de notre pays embarqué dans une aventure dangereuse
Le drame d’un peuple est de n’entrevoir aucune lueur quand ses dirigeants ne font même plus semblant de vouloir en apporter. Et l’espoir fait vivre. Le président de la République, Macky Sall, en avait tellement suscité dans une période d’étourderie générale que la relation de confiance entre le peuple et les hommes politiques, qui s’était déjà effritée, est aujourd’hui pleine de suspicion légitime. Sa majesté, sans charisme, dessert une classe politique dont l’image n’avait jamais été aussi dégradée. Même avec le fameux « wax waxeet » d’Abdoulaye Wade. Il reproduit les mêmes tares des régimes précédents et ajoute au malheur des Sénégalais son cynisme et celui de ses godillots prompts à défendre l’absurde et l’inadmissible. Se livrer à un jeu politicien dans ces moments tragiques de l’humanité et à ce tournant décisif de la vie de la Nation est d’une grossière impudence.
Et en six ans, Macky Sall et ses « copains » de jeu ne donnent pas l’impression d’être en mesure de semer des graines dans les sillons de notre aventure qu’il a rendue plus périlleuse, plus macabre. Le dirigeant, le vrai, est celui-là capable d’impulser une dynamique collective, de provoquer un sursaut quand l’avenir de l’espace partagé est en danger. Le secrétaire général de l’Alliance pour la République n’en a pas été capable malgré ses promesses d’aspirant et d’assoiffé de pouvoir qu’il a été. Les reproches fondés dont on accablait Abdoulaye Wade sont d’une brûlante actualité. Mais, ce dernier avait l’excuse du contexte international difficile et des agitations politiques internes. Macky Sall avait tout pour figurer dans la galerie de portraits des hommes de valeur. Il s’en éloigne de jour en jour.
Les étudiants continuent d’être tués dans ce pays parce qu’ils tardent à recevoir leur « petit » pécule au moment où les nouveaux rupins de la République flambent. Des milliers d’élèves, frais émoulus du lycée, restent huit mois à se tourner les pouces car la planification, qui aurait permis l’orientation de ce flux d’étudiants, est une vertu inaccessible au pouvoir actuel. La mort de Bassirou Faye et celle récente de Fallou Sène témoignent d’une incurie gouvernementale que l’on croyait d’une autre ère.
Les transhumants continuent de se mouvoir au clignotement de l’œil de Macky Sall aveuglé par un pouvoir qui, j’ai fini par y croire, l’a surpris et grisé. Le pouvoir est devenu si attrayant pour cette espèce infamante adepte des retournements de vestes que l’on se retrouve à réinstaller les honnis des temps embrumés qui nous narguent. C’est la plus basse trahison commise à l’encontre du peuple sénégalais qui a versé du sang pour ouvrir une page qu’il espérait plus digne de son histoire et de sa résilience. Son silence n’est pas une démission. Laissons-le se relever de cette déception. La perfidie du quatrième président de ce Sénégal meurtri inspire à la fois de la répulsion et de la tristesse parce qu’elle projette ailleurs une hideuse image de notre pays embarqué dans une aventure dangereuse.
La justice attire, aujourd’hui plus qu’hier, des soupçons sur elle. Macky Sall en a décidé ainsi. Elle est réduite à désherber l’allée de sa majesté obnubilée par une réélection compromise par son impopularité précoce et son action pernicieuse dont la plus révoltante est cette « manie » obsessionnelle d’emprisonner et d’écarter tous ceux qui attirent la sympathie des Sénégalais. Ceux-ci lui ont tourné le dos parce qu’il a anéanti leurs espoirs.
On nous rabâche à longueur de temps, en grande pompe et avec grandiloquence, une croissance de 7% et des « bourses souci » au moment où, dans plusieurs localités du pays, on sombre dans la famine. Il y a des moments où l’exubérance de paroles est une insulte à l’intelligence et à la souffrance du peuple besogneux qui, pourtant, ne formule point des exigences insupportables. On nous parlera du Train express régional, des infrastructures et des milliards investis dans des « projets structurants » pour louer l’action du « guide éclairé ». Il faut bien qu’il fasse quelque chose, un peu de tape-à-l’œil. Dans un pays, ces réalisations sont les plus accessibles pour les gouvernants les plus incompétents. Il suffit d’être le valet qui engraisse les rois du monde. La descendance paiera la note. Le plus dur est de créer une relation de confiance avec ceux qu’on est censé servir. Et Macky Sall n’est pas digne de foi. Il nous en a donné la preuve par l’action et le verbe. Chaque jour qui nous rapproche de l’épilogue de son septennat (après avoir entonné le refrain du quinquennat) macabre et tumultueux est une preuve de sa déloyauté vis-à-vis du peuple désabusé.
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