DIAGNA NDIAYE AMÈNE LA FLAMME …
Diagna Ndiaye a été admis au CIO, en 2015, et on peut dire que ce n’était pas pour s’y mirer dans les lambris - Trois ans après, voici qu’une grande manifestation du CIO est prévue pour se tenir en Afrique, et dans son pays

Dans moins d’un mois, à Buenos Aires, nous apprends le Soleil du samedi 8 septembre, interviendra certainement la confirmation du choix de notre pays pour abriter les Jeux olympiques de la Jeunesse d’été, 2022. Parce que la décision prise par la Commission Exécutive du Comité International Olympique sera entérinée à Buenos Aires où se tiendront ces mêmes JOJ d’été en cette année 2018. Créés lors de la 119ème session du CIO en 2007, Les Jeux olympiques de la jeunesse (JOJ) sont une compétition multisports, semblable aux Jeux olympiques, mais ils sont réservés aux jeunes athlètes. Ils sont également différentes des “Universiades” puisqu’ils s’adressent à des générations différentes d’athlètes, âgés entre 14 et 18 ans.
Comme les Jeux olympiques, ceux-ci ont également leurs jeux d’été et d’hiver qui se tiennent alternativement tous les deux ans. Les premiers JOJ d’été - que notre pays est appelé à abriter en 2022 - ont eu lieu en 2010, à Singapour, alors que la même année se tenaient les JOJ d’hiver à Vancouver. Depuis, la ville autrichienne d’Innsbruck, Londres ensuite, Nankin, puis Lillehammer ont alternativement abrité les JOJ hiver/été ; et les prochaines éditions seront organisées à Buenos Aires en 2018 (été) et Lausanne en 2020 (hiver).
Le choix de l’Afrique pour abriter ces JOJ en 2022 avait suscité plusieurs candidatures, et les dernières en lices étaient celles du Nigeria, de la Tunisie, du Botswana et du Sénégal. Ce choix porter sur notre continent, inédit pour une manifestation sportive olympique, était le résultat d’un travail intense de sensibilisation et de lobbying comme en connaît le sport au sein de ses instances internationales de direction. Les représentants des Comité olympiques africains au CIO ont dû sûrement travailler de concert pour peser sur la décision du Comité Exécutif de porter la candidature unique de notre pays devant les membres du CIO lors de sa prochaines session, en marge des JOJ d’été 2018, à Buenos Aires le mois prochain.
Il est bien évidemment inutile de dire que notre compatriote membre éminent du CIO, Diagna Ndiaye - ancien président de la Fédération Sénégalaise de Tennis, ancien président de la Confédération africaine dans la même discipline, Conseiller spécial du président de la Fédération Internationale de Tennis (FIT), et qui n’a pas une seule flèche à son arc, puisqu’il est, également, Conseiller spécial du président du Conseil international du sport militaire, et fut président du Comité de Normalisation du Football chez nous - a mis tout son entregent et le poids de ses relations dans le monde sportif, dans les sphères politiques et économiques internationales afin de placer notre pays en pôle-position dans cette compétition. Il nous reste, nous tous Sénégalais à prendre la mesure de l’importance de ce positionnement de notre nation sur l’échiquier diplomatique et sportif mondial avec ses possibles impacts sur le tourisme et l’image de notre pays. - Les retombées d’un tel événement sur le développement du sport chez nous, n’en parlons pas ! A l’annonce de la décision, les grands médias internationaux ont presque tous ouvert leurs journaux avec.
Il serait bon, moins d’un mois nous séparant de la désignation officielle du Sénégal pour abriter ces jeux, que nous ne boudions pas notre plaisir. Que nous semblions vouloir dire au CIO qu’il veut faire notre bonheur à notre place. En paraissant ne pas saisir l’importance et la portée de ce choix … Celui qui s’est de toute évidence beaucoup investi dans ce succès diplomatique et sportif, grâce à son poids dans ce qui est le saint des saints du sports olympique, mériterait bien que nous montrions à ses pairs que son pays est au diapason de l’événement et en phase avec ses ambitions. Pour cela, il nous faut bien appréhender ce qui échoit ainsi entre nos mains. Pour l’heure, une petite digression utile pour comprendre que rien n’est tout à fait dû au hasard dans cet aboutissement.
Diagna Ndiaye a été admis au CIO, en 2015, et on peut dire que ce n’était pas pour s’y mirer dans les lambris. Trois ans après, voici qu’une grande manifestation du CIO est prévue pour se tenir en Afrique, et dans son pays, une première pour une manifestation de cette envergure du mouvement olympique.
Or, à Kuala-Lumpur, où ses efforts pour accéder dans « les chambres sacrées » du sport mondial avaient été sacrés, il y avait comme un vent prémonitoire de grandes avancées pour la cause du sport africain et de ses pratiquants en tous pays – et, « Kuy xalam di ca jaayu », pour le Sénégal et ses sportifs. Ainsi Robert Bourgi écrivait-il alors, repris par bien des journaux sénégalais, ceci entre autres : “Le 3 Août 2015, sous le soleil de Kuala-Lumpur en Malaisie, un rêve longtemps caressé par un homme s’est enfin réalisé. Ce jour-là, en effet, un Sénégalais est élu membre du Comité International Olympique (CIO). Le Sénégalais Mamadou Diagna Ndiaye prêtait serment devant le Comité Exécutif et le serment était reçu par le Prince Albert de Monaco et l’Emir du Qatar. Qui pouvait ignorer un seul instant le symbole que représentait cette élection ? » Trois ans après, donc, nous y voici ...
Pour que les forcenés du serrage de portefeuille ne s’emballent sans raison, il est bon de souligner que “les Jeux olympiques de la jeunesse” (JOJ) sont conçus pour se dérouler sans les fastes onéreux des Jeux olympiques (JO). Evènement sportif majeur rassemblant des jeunes athlètes d’élite venus du monde entier, le souci pédagogique d’une plus grande attention pour l’éthique dans la pratique du sport ayant introduit des différences notables entre les JO et les JOJ. Avec bien d’autres spécificités, dont un volet sur la culture et le sport …
En réalité, on peut bien dire que ces JOJ sont conçus pour ramener, sinon rappeler de façon didactique aux jeunesses sportives de tous les continents les fondamentaux du sport dans un monde sportif où le clinquant et le marketing sont devenus de réelles menaces pour l’esprit olympique. Les coûts des JOJ, selon les directives du CIO, doivent être limités. Ainsi, aucune infrastructure sportive nouvelle destinée aux compétitions ne devra être construite « spécifiquement pour une édition des JOJ », est-il précisé ...
Avant de conclure, on ne peut ne pas revenir aux considérations de Robert Bourgi cité tantôt, suite à l’accession, élu par le Comité à l’unanimité de ses membres, de Diagna Ndiaye à la dignité de membre du cénacle qu’est le CIO. Voici comment M. Bourgi cet avocat international bien introduit, au fait de bien des manœuvres de coulisses et secrets divers qui irriguent les instances de directions polymorphes qui mènent les affaires du monde, concluait son papier cité tantôt : « A en croire le C.I.O., mieux qu’aucune autre référence, le rapport au Sport éclaire les ressorts profonds d’une Nation :
« - Le goût de la confrontation
« - Le sens de la compétition
« - Le respect de l’autre
« - Le rappel des anciens
« - Et l’hommage à l’âme vive d’un peuple
« Mamadou Diagna Ndiaye va apporter la preuve que l’Afrique dans le Sport, c’est aussi une autre manière de considérer le collectif : Non comme une simple addition d’individualités, mais comme une manière d’avancer ensemble, de progresser par et grâce au partenaire, de ramener le succès individuel à celui d’une communauté toute entière. Le sport fait partie de l’Afrique et s’intègre dans son logiciel. Certains se contentent de le comprendre intellectuellement. Mamadou Diagna Ndiaye ambitionne d’aller plus loin. Aux lisières des Terres Inconnues du rêve, pourquoi ne se lancerait-il pas ce défi aussi vertigineux qu’inouï : faire organiser pour la première fois, les Jeux Olympiques en Terre africaine ?
Le Rêve, oui bien sûr. Mais si seulement demain… »
Demain est presque arrivés, et c’est à nous tous, Sénégalais, de nous approprier cet évènement, en assurer dans un mois l’officialisation par un soutien politique et diplomatique qui peut-être discrète, si elle veut – car on peut aujourd’hui imaginer que l’annonce de la création d’un stade olympique par le président Macky Sall pour 2021, qui avait paru singulière, était une anticipation de l’évènement qu’il savait (ou au moins sentait) venir - Diagna, au CIO, représente le mouvement olympique sénégalais ... – et par un soutien populaire et médiatique moins effacé et aussi enthousiaste que le mérite l’événement.
Nous le devons … - le monde sportif surtout, et sa jeunesse en particulier, le doivent à Mamadou Diagna Ndiaye. Car, quand on porte un regard sur le passé, vers ce que le CIO appelle « Le rappel des anciens », les éminents devanciers sénégalais de celui qui nous amène les JOJ que sont les regrettés Isaac Foster, Rito Al Cantara, Kéba Mbaye, qui furent de grands hommes incontestablement, ainsi que Youssou Ndiaye, grand homme également – autre temps autres mœurs, certes – n’avaient jamais peut-être même rêvé pareil accomplissement. Ou, oui, peut-être l’ont-ils rêvé, sûrement d’ailleurs ! Mais l’actuel président du Comité national olympique sénégalais (CNOS), lui, Diagna Ndiaye leur non moins éminent successeur, l’accomplit. Quel meilleur « Rappel des anciens » que celui-ci ! ?
PAPE SAMBA KANE, Ecrivain, chroniqueur