TROISIÈME MANDAT OU DISCUSSION SUR LE SEXE DES ANGES
EXCLUSIF SENEPLUS - Comment est-ce possible que l’on veuille nous imposer, par dessus toutes nos priorités vitales, un débat motivé par une illusoire urgence de conjurer une candidature imaginaire en 2024 ?
A qui profite ce débat ?
C’est à croire que le discernement et la lucidité ont déserté ce pays ! Ces temps–ci, nul ne peut échapper à ce débat canularesque de 3ème mandat que d’aucuns voudraient tourner viral. Faut-il rappeler aux instigateurs que nous sortons à peine d’une élection présidentielle et que l’heureux élu qui l’est pour un mandat de cinq ans n’en est qu’au commencement. Comment est-ce possible dès lors que l’on veuille nous imposer, par dessus toutes nos priorités vitales, un débat motivé par une illusoire urgence de conjurer une candidature imaginaire en 2024. C’est inacceptable ! C’est de la diversion qui vise à détourner la conscience collective de nos populations de ce que le président Macky, sorti de sa victoire éclatante et encore vivace de la présidentielle, est en train de dérouler en ce moment. Ce débat qui au surplus puise à gogo dans les arguties ne profite qu’aux ergoteurs.
Le timing éloquent
Le premier argument à opposer aux instigateurs de ce débat ressort de la dynamique du timing, cruciale à tout agenda et notamment celui de la gouvernance politique. Le temps est compartimenté par chacun de nous selon la rationalisation que l’on veut en tirer : ne dit-on pas que l’on perd du temps, que l’on gagne du temps ou encore que l’on se donne du temps, que l’on investit du temps à telle ou telle chose. C’est dire que pour tout travail à faire, l’homme se crée un cadre qui a un début et une fin. De ce fait le mandat actuel ayant débuté le 2 avril 2019, je trouve qu’à seulement six mois de cette date, le lancement de l’ambitieux projet de Bus Rapide Transit (BRT) par exemple, 300.000 navetteurs/jours, dans des conditions les plus confortables, présidé par le chef de l’Etat, mérite indéniablement davantage notre attention que ce débat fallacieux. Sens des priorités oblige.
Mon second argument est tiré de l’impertinence des arguments donnés pour motiver et alimenter le débat : que la sanction des sieurs Sory Kaba et Moustapha Diakhaté serait un aveu d’intention du président de briguer un 3ème mandat. Cet argument est irrecevable. L’on ne peut pas se donner à priori des principes qui voudraient entre autres que tout le monde soit libre de se prononcer publiquement sur n’importe quel sujet, pour ensuite juger sur la base de ces mêmes principes des faits relevant d’un autre chef. C’est contraire à la logique, un abus qui a pour nom l’apriorisme. La logique voudrait que la prise en compte des faits précède celle des principes et que lorsqu’on se trouve devant une situation à juger, l’on se base d’abord sur ces faits et si nécessaire, que l’on modifie les principes par la suite.
En l’occurrence, pour l’appréciation des faits, il y a lieu de répondre à quelques questions préalables simples :
- pourquoi le président les a récusés (Kaba & Diakhaté) ? - d’abord parce qu’il les avait recrutés auparavant, sans quoi cela n’aurait pas été possible.
- pourquoi les avait-il recrutés ? Parce qu’il pensait en tirer satisfaction et s’attendait à ce qu’ils aient en toutes circonstances l’intelligence et le courage d’être à la hauteur d’honorer les sujétions dues à un haut fonctionnaire et homme du pouvoir.
Déductions :
- Ils n’étaient pas logés à la même enseigne que tout quidam, libre de s’épancher dans les médias.
- Que beaucoup d’autres s’expriment sur le même sujet et ne fassent l’objet d’aucun décret, cela démontre à suffisance ce qui les différenciait des autres.
- une discipline s’imposait à eux du fait de privilèges dont ils jouissaient, par le biais du corps qu’ils avaient intégré de leur plein gré.
A-t-on besoin réellement une fois réponse donnée à ces questions de plus de justifications à leurs évictions ?
La part du contexte et de l’aversion à l’incertitude
Le contexte est également une dynamique qui vient par moments troubler les convictions d’un monde. Ces temps-ci, le contexte politique a comme qui dirait chaviré, sous l’impact de la conciliation des chefs d’Etats Macky sall et Abdoulaye Wade, réussie grâce à la médiation du Khalife général des mourides, Serigne Mountakha Mbacké, lors de l’inauguration de la mosquée de Massalikoul djinane.
Le conflit entre les deux ex-compagnons politiques n’avait que trop duré, n’ayant pu se régler le temps que des cailloux continuaient à être projetés par l’un des protagonistes, sur l’autre. Le temps propice à une réconciliation on le sait, est logé dans l’instant d’une accalmie. Tout politicien avisé devait s’attendre à ce que quelque chose advienne, avec la prolongation du mode calme dans lequel s’était retranché le président Wade depuis quelques mois. Pour se préserver d’un revers fatal quant à l’épilogue de ce conflit déterminant sur la conjoncture politique de la seconde alternance, il eut fallu donner beaucoup de crédit à l’inéluctabilité de son avènement et demeurer vigilant. Apparemment, nombre de nos hommes et analystes politiques se sont laissés plutôt endormir. Ce qui a laissé libre cour au président Macky de saisir la meilleure occasion - l’inauguration de la plus grande mosquée de Dakar. Ensuite, faisant preuve de compétence politique, il a choisi la meilleure voie en matière de réconciliation – l’intermédiation ; et le meilleur des médiateurs en la personne du Khalife général.
Cette surprise a généré tellement d’émotions et contraint forcément bon nombre de politiciens à revoir leurs agendas. C’est là où les complications ont commencé pour certains.
L’homme, planificateur qu’il est, à une aversion pour l’incertitude, surtout sous nos cieux, lieu de prédilection des divinateurs. Les actes posés à juste titre par le président de la République, réconciliation, libération de détenus, retrouvaille et dialogue, jettent chez les opposants et rivaux, des tourments d’incertitudes difficiles à supporter.
Pour cette souffrance relevant de leur impréparation, l’on peut compatir, mais ne pas investir du temps précieux pour autant à débattre du sexe des anges, comme le font certains médias. Les hommes au pouvoir ne peuvent, en tout état de cause, se permettre d’investir un joule d’énergie à ces débats, ce qui justifie les sanctions de rigueur aux aventuriers adeptes de buzz.