FAUT-IL TUER LES HOMOSEXUELS ?
Les organisations locales qui s’agitent dans le contre-lobbying du mouvement LGBT, ne doivent pas occulter le fait que les mots et actes qu’elles posent peuvent générer haine, violence et folie
L’ affaire Idrissa Gana Guèye continue à faire le buzz sur la Toile. Les Sénégalais, et même au-delà des frontières de notre pays, ont été bien nombreux à soutenir le jeune champion d’Afrique sous les couleurs nationales et champion de France avec le Paris Saint-Germain.
Il a sans doute raison, comme le lui permettent sa liberté personnelle et sa foi musulmane, de ne pas endosser une cause qu’il ne partage pas. Mais cela devrait-il autoriser des lobbies charognards à manipuler la fibre sensible des populations au point de les transformer en assassins ambulants ? Un jeune ressortissant américain, parce qu’habillé en look LBGT, a failli se faire tuer par des jeunes qui l’ont pris à partie dimanche dernier au quartier des HLM de Dakar.
La scène, qui a été filmée, montre des jeunes surexcités, proférant des insultes homophobes et des appels au meurtre. Finalement, ce citoyen américain s’en sort avec des blessures, ses effets personnels dont une parure en or volés par ses agresseurs et surtout le traumatisme à vie d’un séjour cauchemardesque au “Pays de la Téranga’’. La police a ouvert une enquête et nous savons déjà que la victime n’était même pas un homosexuel, mais un artiste au look particulier, venu participer à un événement culturel majeur : la Biennale de Dakar. Cette scène rappelle curieusement, par ses atours, l’affaire dite des “ rétrécisseurs de sexe’’.
On se souvient bien de la dernière grosse fièvre que ces événements tragiques, en 2010, avaient créée au Sénégal avec des ressortissants étrangers (surtout guinéens) lynchés par des foules saisies d’une sorte de folie collective. N’importe quel détraqué pouvait alors décréter (sans que personne ne baisse sa culotte pour vérifier) que son sexe avait fondu dans son caleçon, désigner le “coupable’’ et l’offrir à la vindicte populaire. Le malheureux était alors battu, détroussé ou même, dans certains cas… tué comme un animal. Comme aimait bien le rappeler feu Amath Dansokho, la singularité de notre histoire et de nos sociétés doit inviter à la mesure et à l’exigence de responsabilité.
Nous sommes encore un jeune État, avec un peuple fait d’une alchimie complexe et d’apports culturels divers. Du Nègre, de l’Arabe, de l’Occident… Cela veut aussi dire que nous sommes encore très fragiles, comme toute chose en construction. Nous pouvons donc creuser notre sillon sans être violents. La question que nous posons est, de notre point de vue d’une banalité effarante : doit-on tuer les homosexuels ? Bien malheureusement dans notre pays, on peut facilement décréter : “Nay leen ray !’’ (Tuonsles). Lorsqu’on valide cette posture, n’importe qui peut s’ériger en procureur.
Et si l’on pousse le bouchon plus loin, on pourra dire bye-bye la République et bonjour les abus ! En Europe et aux États-Unis, le débat sur le bien-fondé des idées véhiculées par les lobbies gay n’est pas tranché. Depuis quatre ans, les conservateurs américains ont déposé près de 670 projets de loi homophobes et transphobes à travers le pays, selon des chiffres officiels repris par le journal pro-gay “TêTu’’.
Le gouverneur du Texas, Greg Abbot, et celui de Floride, Ron Desantis, et sa fameuse loi Don't Say Gay, s’activent sans masque dans la campagne contre l’homosexualité. Cette dernière loi est d’ailleurs assez originale du point de vue de l’impact visé, puisqu’il s’agit bien de protéger les enfants depuis l’école. On retrouve donc aux États-Unis des organisations déterminées dans l’objectif visé, sans en arriver à certains extrêmes.
Les organisations locales qui s’agitent dans le contre-lobbying du mouvement LGBT, ne doivent pas occulter le fait que les mots et actes qu’elles posent peuvent générer haine, violence et folie. Celles-ci, dont certaines sont mues par la recherche du buzz, de l’espace vital par la popularité et même de sous, doivent asseoir leur crédibilité en polissant leur discours pour éviter qu’elles ne soient interprétées comme des appels au meurtre.
Elles ne peuvent occulter le fait que Goorgoorlu a d’autres priorités et que son “nafa’’ (porte-monnaie) le lui rappelle tous les matins. Et surtout, ces organisations ne peuvent plus faire dans l’indignation sélective en fermant les yeux sur des tares comme la pédophilie et la torture infligée aux plus fragiles de la société. Nous voulons naturellement parler des enfants. N’est-ce pas le prix à payer pour rester… crédibles ?.