IDRISSA SECK, LA GRÂCE PRÉSIDENTIELLE
Il serait le principal challenger du candidat admis au second tour entre Macky et Khalifa - S’il l’emportait en dernière analyse, le prochain président pourrait ainsi être élu moins pour lui-même que par dépit contre le candidat sortant
Idrissa Seck sort parmi les majors dans les sondages qui ont inquiété le pouvoir : il crève l’écran, selon la photographie instantanée recueillie mi-août, lors d’une consultation interne sur les intentions de vote des sondés, selon la méthodologie aléatoire des quotas, auprès de Sénégalais en âge de voter.
Il serait le principal challenger du candidat admis au second tour, entre Macky Sall et Khalifa Ababacar Sall, principalement : s’il l’emportait en dernière analyse, le prochain président pourrait ainsi être élu moins pour lui-même que par dépit contre le candidat sortant.
Car Idrissa Seck reviendrait alors en grâce, non pas providentielle, mais présidentielle : en chute libre après un excellent score en 2007 où il sortait second devant Me Wade, il a par la suite perdu la confiance des électeurs à cause de ses imprécisions.
Le sondage a eu lieu durant la période de grande pénurie d’eau et de l’apparition de Souleymane Ndéné Ndiaye et ses amis qui battent le Rapel des Libéraux, pour indiquer des biais éventuels qui atténueraient la position tranchée de l’électeur en faveur du natif de Thiès…et d’un pouvoir qui perd le Nord.
Si on y ajoute comme effet les péripéties de la fin-août avec les incroyables dossiers Karim Wade et Khalifa Sall, on comprend le dépit des populations sénégalaises de se donner un pis-aller, par défi, devant une petite équipe de troskistes de la 5ème colonne, spécialistes des coups d’État imaginaires et qui veulent rétablir la dictature des colonels grecs en terre sénégalaise.
Les yoyos d’un Idrissa Seck confondant ruse et intelligence l’avaient renvoyé au cinquième rang en 2012, lui qui, aux consultations antérieures, était le challenger attitré de Me Wade, candidat sortant en 2007 ; aujourd’hui encore, devant la chute de son score personnel, dans le département de Thiès, même s’il gagne largement dans la commune, il a semblé lui aussi paniquer et faire feu de tout bois.
Israël s’est ainsi invité dans la campagne pour la présentielle 2019 au Sénégal par Idrissa Seck, récemment, mais aussi et surtout avec la visite du ministre sénégalais des affaires étrangères (27-28 mars 2018) : la confusion savamment entretenue par Mara (sobriquet de l’ancien ministre d’État) entre Makka et Bekka, le tube du printemps 2018, était un appel du pied au puissant lobby israélien que le pouvoir semblait vouloir approcher par un agenda des plus insolites d’un chef de la diplomatie transformé presque en larbin, pardon rabbin : costume noir, coiffé de la kippa, fleurissant bon thym la tombe de Ben Gourion et envoyant la traditionnelle lettre à Eli dans les lézardes du Mur des lamentations, au mépris de tout protocole.
Il n’empêche : les partisans du président du Conseil départemental de Thiès sont réconfortés par les résultats du sondage de la mi-août qui pensent que les populations peuvent passer outre, avec les difficultés actuelles du régime de Macky Sall.
Pathé Mbodje est journaliste, sociologue