IDRISSA SECK OU LA PENDULE EMBARDÉE
Qui n’a pas en mémoire la suffisance et l’arrogance d’un Idrissa Seck au faîte de sa puissance au sein de l’appareil d’Etat ? - Il considère comme du pain béni l’arrestation de Khalifa, espérant que l’électorat fidèle au maire de Dakar devrait lui revenir
La semaine dernière, notre chronique était consacrée à une sortie de l’ancien Premier ministre Idrissa Seck qui accusait le Président Macky Sall, d’avoir fomenté un complot contre lui avec le dossier dit des «Chantiers de Thiès». L’argumentaire pour démentir Idrissa Seck était tout simple, il fallait juste lui opposer ses propres déclarations de naguère sur la même question. Notre encre n’avait pas encore séché, que Idrissa Seck s’entête à ne plus se souvenir de ses propres mots qui résonnent encore dans les oreilles de ses concitoyens. Ainsi, se plait-il encore à charger Macky Sall pour cette fois encore, avoir manqué d’égard et de considération à l’endroit du Président Abdoulaye Wade. Idrissa Seck, en marge de son pèlerinage à Porokhane, a déclaré que le monde n’a pas profité des compétences d’un certain Abdoulaye Wade, du fait du mauvais traitement que lui réserverait Macky Sall. Macky Sall est coupable de tout, aux yeux de Idrissa Seck qui accuse encore que le chef de l’Etat utiliserait les instruments du pouvoir pour traquer et humilier ses adversaires politiques.
Revisitons les dires, faits et gestes de Idrissa Seck pour voir s’il est assez bien placé pour parler ainsi. Abdoulaye Wade a essuyé les insultes les plus ignominieuses qu’il ait sans doute jamais entendues de sa vie, proférées par Idrissa Seck. A l’opposé, personne n’a jamais entendu, un Macky Sall, pousser l’insolence ou l’irrévérence jusqu’à injurier Abdoulaye Wade en public. Même quand ce dernier a eu à choquer son monde en adressant des propos abjects à l’endroit de Macky Sall et de sa famille, l’actuel chef de l’Etat n’a nullement songé répliquer et s’est contenté du silence.
Arrive-t-il à Idrissa Seck de consulter les archives des médias pour relire, écouter ou visionner ses propres déclarations ? Que n’a-t-il pas dit de Abdoulaye Wade d’ignoble, de dégueulasse et encore sur son prétendu état sénile ? Aujourd’hui Idrissa Seck veut nous faire oublier tout cela. Et ben, aux dires de Idrissa Seck, Abdoulaye Wade était sénile il y a quelques années de cela mais s’il ne continue pas à servir l’Afrique et le monde, c’est du fait du méchant Micky Sall ! Qui entre Idrissa Seck et Macky Sall avait cherché à consulter les bulletins médicaux du Président Wade, peut-être dans l’esprit de rééditer un coup à la Zine El Abidine Ben Ali avec Habib Bourguiba en Tunisie ?
Utilisation de l’appareil d’Etat pour traquer des opposants, dit-il encore ? Qui a oublié comment Idrissa Seck, alors tout puissant ministre d’Etat, directeur de Cabinet du président de la République, avait utilisé les résultats des audits réalisés par le gouvernement de Abdoulaye Wade, en 2000, pour faire chanter ses adversaires politiques et les contraindre à rejoindre les rangs du Parti démocratique sénégalais (Pds) ? Les seules rares personnalités qui avaient refusé de céder à un tel chantage, à savoir Pathé Ndiaye, ancien Directeur général du Port, Abdoul Aziz Tall, ancien Directeur général de la Loterie nationale sénégalaise (Lonase), Khady Diagne ancienne Directrice générale de la Société pour le Domaine industriel de Dakar (Sodida) ou Mbaye Diouf, ancien Directeur général de la Société nationale des chemins de fer (Sncs), ont eu des déboires judiciaires.
Plus grave, qui a cherché à humilier son adversaire politique de la ville de Thiès, Mbaye Diouf, jusqu’à envoyer une caméra de reportage de la Télévision nationale pour le filmer dans la cour même de la prison de Thiès et faire diffuser les images dans le journal télévisé de la Rts ? Personne d’autre n’a encore poussé l’ignominie et la lâcheté à ce niveau !
Qui n’a pas en mémoire la suffisance et l’arrogance d’un Idrissa Seck au faîte de sa puissance au sein de l’appareil d’Etat ? Ceux qui pouvaient attendre quelque chose de lui avaient subi les humiliations de leur vie. Dieu soit Loué ! Madiambal Diagne n’a jamais attendu ou demandé ou reçu quelque chose de Idrissa Seck. La première fois que j’ai eu à le rencontrer, c’était en 2011 à Paris à l’hôtel Saint James, pour une interview pour le compte de Week-End Magazine. Pourtant, nous avions subi toutes sortes de représailles de la part du régime de Abdoulaye Wade qui pensait que le journal Le Quotidien était financé par Idrissa Seck. L’homme n’a jamais rien fait pour faire savoir la vérité. Peut-être que cela l’arrangeait d’usurper cet aura. C’est aussi de la lâcheté.
Que Gakou, Khalifa et Karim périssent tous, Idy sauvera leur âme !
Il reste qu’en faisant un clin d’œil à Abdoulaye Wade ou à Khalifa Sall par exemple, Idrissa Seck s’exerce à un jeu de balancier ou de pendule : un coup à gauche, un coup à droite. Idrissa Seck cherche à renaître de ses cendres, à rallier les suffrages et pour lui, la fin justifie les moyens comme le mensonge, le déni et surtout la mauvaise foi. Il faut voir quelque chose d’hypocrite dans cette attitude car il est de notoriété publique que Idrissa Seck n’aime pas voir Karim Wade en dessin. En outre, il considère, comme du pain béni, l’arrestation de Khalifa Sall, espérant que l’électorat fidèle au maire de Dakar devrait lui revenir. C’est de la même façon qu’il s’est beaucoup trahi, il y a quelques semaines, quand la presse avait fait état d’une fausse rumeur de l’arrestation de Malick Gakou. Idrissa Seck se frottait les mains, exultait même et s’était empressé de crier sur tous les toits qu’il faudrait désormais que tout le monde sonne la charge pour se mettre en rangs serrés derrière lui, pour en faire le porte-drapeau de l’opposition. Cet épisode a fait sourire de nombreux amis de Malick Gakou et renseigne à suffisance sur le machiavélisme et le manque de scrupule d’un Idrissa Seck.
De toute façon Idrissa Seck aura besoin de toutes les contorsions pour mettre dans son escarcelle l’électorat d’un Abdoulaye Wade ou d’un Karim Wade. Beaucoup trop de contentieux non encore soldés les opposent et les ressentiments ne manquent pas. Aussi, en cas de disqualification par exemple, à la prochaine Présidentielle, d’un Khalifa Sall, les partisans du maire de Dakar renonceront-ils à leurs idéaux socialistes pour soutenir un candidat libéral (Idrissa Seck) au détriment d’un El hadji Malick Gakou, qui continue de se réclamer de la famille politique des socialistes ? On pourra toujours dire que cela ne devrait pas poser de problème, car ce ne serait pas une première, au Sénégal, qu’il y ait des alliances électorales contre-nature du point de vue idéologique.
Seulement, il faudra à Idrissa Seck beaucoup d’efforts pour refaire son retard derrière El Hadji Malick Gakou. En effet, le leader du Grand parti (Gp) a eu le temps d’installer sa formation politique dans de nombreuses contrées du Sénégal, au moment où Idrissa Seck voyait tous ses principaux lieutenants quitter le parti Rewmi. Cette situation a révélé un recul considérable des performances de Idrissa Seck, d’une élection à une autre. Le Grand parti a aussi largement bénéficié du soutien de la base politique traditionnelle de l’Alliance des forces de progrès (Afp) de Moustapha Niasse notamment dans les régions de Dakar, de Diourbel et de Kaolack qui sont les plus importantes du point de vue démographique. Ce n’est sans doute pas pour rien que lors de la constitution de la coalition Manko Taxawu Senegal, lors des dernières élections législatives, que c’étaient des responsables du Grand parti qui avaient dirigé quelque 30 listes départementales sur les 45 nécessaires. Les partisans, entre autres, de Idrissa Seck, de Cheikh Bamba Dièye, de Mansour Sy Djamil et de Khalifa Sall devaient pourvoir aux autres circonscriptions électorales.