IL N’AVAIT PAS LA SAGESSE DANS SA POCHE !
Ses sorties étaient toujours tranchantes, sans concession sur l’échec du pouvoir en place. Dans sa déclaration sur les émeutes de mars 2021, il n’hésitait pas à reconnaître que « nous étions mal barrés pour être fiers. »
Je ne le connaissais pas personnellement. Mais pour commenter son absence à la suite de son décès, je ferai mienne sa déclaration lors des émeutes de 2021 : « Un seul être aurait perdu la vie, toute l’humanité aurait perdu la sienne. »
En ce jour de deuil, l’humanité et le Sénégal perdent un grand serviteur, en la personne de Me Alioune Badara Cissé. Sa dernière fonction de médiateur lui seyait si bien. Il me faisait penser à mon grand-père Moustapha Wade, des hommes sous-utilisés car trop justes, trop bons pour le landerneau politique sénégalais.
Tous les deux aimaient la poésie, je me souviens en particulier des poèmes écrits par ABC lors de l’anniversaire de Me Abdoulaye Wade. Tous les deux n’en restaient pas moins lucides sur la société politique sénégalaise. Moustapha Wade parlait de tragédie de l’indépendance.
Quant à Me Alioune Badara Cissé, ses sorties étaient toujours tranchantes, sans concession sur l’échec du pouvoir en place. Dans sa déclaration sur les émeutes de mars 2021, il n’hésitait pas à reconnaître que « nous (ceux qui ont gagné en 2012) étions mal barrés pour être fiers. » Il avait la grande classe d'engager sa propre responsabilité !
Grâce à ABC, accompagné de ses abécédaires, le Sénégal pourra enrichir la langue française : « Il n’avait pas la sagesse dans sa poche ! » En effet, il aurait pu se contenter de la sinécure offerte par les fonctions politiques. Il n'en fit rien ! Toujours le mot juste, l'analyse équilibrée, l'amour des gens, c'était lui. Je l'aurais vu comme Président du Conseil constitutionnel avec une vraie capacité d'indépendance à la clé.
On ne refait pas l'histoire politique, mais quel gâchis ! Maintenant, les sénégalais savent à quoi ressemble un vrai homme politique, et ont le profil de leur futur président.