IMPÔT-TOYABLE
Notre budget national va culminer à 6 400 milliards CFA. Par quelle alchimie l’administration Sall va-t-elle procéder pour atteindre cet objectif sachant notre rapport avec les impôts, que nous feintons sans remorts ?
La bourse pour le social ! Par la magie d’une année pré-électorale, 2023, qui se veut solidaire des populations, qui tireront Djiné par la queue par la faute d’une récession mondiale alimentée par le Poutine, notre Budget national va culminer pour la première fois, à 6 400 milliards de francs CFA.
Par quelle alchimie l’administration Sall va-t-elle procéder pour atteindre cet objectif qui passera par le vote des députes de la Loi de Finances 2023 ?
Et bien, en partie par le programme Yaatal, que la Direction générale des impôts et des domaines entend mener à bien et à terme, sous le magistère de Batche Niass, procurateur en chef des flics du fisc !
La fiscalité, parlons-en !
Plus précisément de notre rapport avec les impôts, que nous feintons sans remorts, disparaissant des radars, en se faufilant entre les mailles de l’emprise fiscale.
Dans une démocratie aboutie, parce qu’elle n’est pas qu’un rendez-vous électoral, encore faudrait-il savoir qu’elle a une filiation avec les impôts, nous ne serions pas moins de 10% du fichier à contribuer.
Sur les 6 millions et quelques électeurs que nous sommes, moins de 600 mille honorent leur devoir de contribution fiscale.
Quand on entend le tintamarre syndical, voit le saccage de nos établissements publics et casses des Dakar Dem Dik, on se dit que tout ce beau monde est dans son droit, puisque son courroux relève d’un acte mesurant le degré de sa citoyenneté et donc du paiement en bonne et due forme des impôts sur le revenu.
Problème, le Sénégal enregistre moins de 100 mille contribuables réels, auxquels il faut ajouter 145 mille agents fonctionnaires et 300 mille salariés du secteur privé, soit un total se situant entre 500 mille et 600 mille cotisants. Soit 8% de la population active, qui tourne tout de même autour de 6 millions de personnes.
Dites-moi où est le hic.
On est bon pour faire la queue dans les centres de vote, pour élire nos présidents fans de 3e mandat, les députés et élus locaux, mais pas aussi bon pour aller au-delà des taxes sur la consommation.
Moralité, nous ne sommes pas nombreux à devoir demander à nos gouvernants ce qu’ils font de notre argent.
Voilà pourquoi les politiques font le mariole. Voilà ce qui explique que le débat soit toujours biaisé.
Cela dit, pour atteindre ses objectifs, Yaatal peut compter sur la floraison d’immeubles qui surplombent Dakar et sa Corniche confisquée, sur la cartographie foncière sur toute l’étendue du territoire, sur la modernisation et la digitalisation des données, sur la discrimination positive, voire sur l’affectation d’un NINEA foncier à titre de numéro d’identité fiscale dans le domaine foncier.
Sans compter le monde des affaires, tous secteurs confondus.
Le jour où nous serons des millions à payer l’impôt, notre démocratie marchera sur ses pieds et nos politiciens, pardon acteurs politiques, ne nous prendront plus pour des pigeons.