INCAPACITÉ NOTOIRE D'UN PRÉSIDENT QUI A TOUTES LES CARTES EN MAIN
N'est-il pas exagéré d'aligner les adjectifs en disant de Macky Sall qu'il est un président veinard, verni, chanceux, touché par la grâce et qui voit toujours son étoile scintiller de mille feux
Quand Monsieur Idrissa Seck a déclaré que "Macky Sall est un incapable", les inconditionnels du chef de l'État ont eu un haut-le-cœur, les opposants ont opiné du chef et le Sénégalais lambda est resté perplexe. De fait, la prétendue incapacité de Macky Sall est corrélée à son impéritie à sortir le Sénégal de l'ornière alors que son magistère s'exerce, toutes proportions gardées, dans des conditions très favorables. Aussi, n'est-il pas exagéré d'aligner les adjectifs en disant de Macky Sall qu'il est un président veinard, verni, chanceux, touché par la grâce et qui voit toujours son étoile scintiller de mille feux. Retour sur les situations favorables à l'avantage du régime de Macky Sall.
Allégeance d'une bonne partie de la société civile
Au lendemain de la survenue de la seconde alternance, une bonne partie des têtes de gondole de la société civile, qui passaient pour être des "bêtes noires" du président Abdoulaye Wade, se sont étonnamment rangées du côté du nouveau pouvoir, ont fait rentrer leurs serres, enfoui dans le fourreau leurs lames acérées et bien aiguisées, ont ravalé leur discours corrosif sur l'ancien régime et on cassé leurs plumes jadis trempées dans du venin.
Devant les dérives (déjà ?) du régime naissant, ces activistes de la société civile sont devenus subitement aveugles, sourds, muets et aphones.
Une certaine presse "bien pensante"
Même si c'est présomptueux de sa part de revendiquer exclusivement la paternité de la chute du régime du président Abdoulaye Wade, la presse qui a déjà joué un rôle très actif dans l'avènement de la première alternance en 2000, a remis ça à l'élection de Macky Sall en 2012.
Seulement, la surprise a été grande de constater que par la suite, alors que tout le monde s'attendait qu'elle soit impartiale, indépendante et professionnelle, une bonne partie de la presse s'est mise à jouer les troubadours pour le président Macky Sall, mieux que ne le fait le quotidien national Le Soleil. Cela est d'autant plus inacceptable que la presse est considérée de par le monde comme "le 4ème pouvoir".
Un clergé maraboutique très conciliant
Le moins qu'on puisse dire c'est que le président Macky Sall bénéficie du soutien des chefs religieux, de Touba à Tivaouane, en passant par Léona Niassène, la famille Omarienne ou Thiénaba. En plus de soutenir sans réserves le président Macky Sall, bon nombre de ces guides religieux ne se gênent pas à vitupérer l'opposition, en des termes peu voilés.
Pas revanchard pour un sou, le clergé maraboutique n'a semble-t-il pas tenu beaucoup rigueur à Macky Sall d'avoir proféré à son égard des propos discourtois, peu amènes et blasphématoires en disant : "Les marabouts sont des citoyens ordinaires" ou encore : "On ne développe pas un pays avec des chapelets". Ce n'est pas tout.
Dans une prétendue croisade contre le terrorisme, le président Macky Sall a fait arrêter des marabouts comme l'Imam Alioune Ndao et tant d'autres pour "apologie au terrorisme". Il est vrai qu'en engageant des travaux impressionnants de modernisation des cités religieuses, le président Macky Sall a tapé dans le mille et dans l'œil des chefs religieux dont les localités ont bénéficié de ces infrastructures.
Pourtant, le temps de poser la première pierre de l'autoroute "Ilaa Touba", en compagnie du vénéré khalife général des mourides, le président Macky Sall avait pris l'avion de commandement pour aller participer à Paris, à une marche de soutien à Charlie Hebdo, un journal qui s'illustre dans le blasphème contre le Prophète Mouhamed (PSL). Une hérésie proche de l'apostasie et qui devait valoir une "Fatwa" des musulmans contre Macky Sall. Mais il n'en fut rien.
Un peuple sénégalais étonnamment passif
L'ingénuité, la passivité et l'indolence du peuple sénégalais, étonnamment stoïque face aux agressions et aux dérives du pouvoir de Macky Sall contre la démocratie et l'État de droit sont inexplicables.
Alors qu'on nous a bassinés pendant longtemps avec un prétendu projet de dévolution monarchique du pouvoir qui ne devrait profiter qu'au seul Karim Wade et qui avait cristallisé tous les rancœurs, motivé les combats de populations manipulées et roulées dans la farine pour lutter contre cette accusation fantasque, on assiste aujourd'hui à une indulgence surréaliste du même peuple sénégalais devant le règne sans partage de toute une famille, la dynastie Faye-Sall, qui régente le pays comme l'illustre à perfection la célèbre formule de Talla Sylla, maire de Thiès, qui parle de "président de l'État centralisé" (Macky Sall) et de "président de l'État décentralisé" (Aliou Sall).
Une opposition amorphe et divisée
Le président Macky Sall a eu la chance de n'avoir en face de lui qu'une "opposition républicaine", à la limite de la mollesse et de la docilité, comme lorsqu'elle ne trouve rien de mieux à faire que de céder avec une facilité déconcertante devant l'arbitraire, quand l'exercice d'un droit constitutionnel (la marche pacifique) lui est refusé de façon illégale et qu'elle se résolve à courber l'échine et à faire le dos rond. Le problème majeur de cette opposition, c'est qu'elle manque de leader charismatique à même de tenir la dragée haute au pouvoir, comme Me Abdoulaye Wade l'a été, tour à tour, avec les présidents Léopold Sédar Senghor et Abdou Diouf.
Dans ces conditions, le président Macky Sall a pu gouverner jusqu'ici avec une relative tranquillité, sans être véritablement bousculé ou harcelé par un baroudeur et un irréductible opposant de la trempe du "Pape du Sopi".
L'opposition au Sénégal, aujourd'hui, est considérée par certains comme "une opposition de salon", se contentant souvent de conférences de presse, de communiqués de presse ou de réunions tournantes dans les sièges des partis politiques qui forment leurs coalitions qui se créent et se succèdent à n'en plus finir : Front Patriotique pour la Défense de la République, Gor Ca Wax Ja, Mankòo Wattu Senegaal, Garmi, Sàmm Liñu Bokk ...
Evidemment, ce ne sont pas ces cadres unitaires fragiles et très prompts à marquer leurs contradictions qui vont secouer ou faire chanceler un tant soi peu le pouvoir du président Macky Sall. Et, pour une fois que l'opposition, flanquée d'une partie de la société civile, essaie de hausser le ton et de passer à la vitesse supérieure en organisant une marche pacifique, par exemple, elle se heurte à la violence et à la brutalité de la Police d'État qui réprime sévèrement la manifestation, comme cela a été le cas le 14 octobre 2016.
Piètre démocrate, le président Macky Sall n'a jamais fait mystère de sa volonté de "réduire l'opposition à sa plus simple expression" ou de déclarer urbi et orbi que : "L'opposition doit subir ma politique, que ça plaise ou pas!".
Joignant l'acte à la parole, il met tout en œuvre pour faire le vide autour de lui afin de s'ouvrir un boulevard sur le chemin de la Présidentielle de 2019, une échéance qu'il s'est choisie tout seul, en différant de deux ans le rendez-vous avec le peuple sénégalais dont le 1er tour aurait dû avoir lieu le 26 février dernier, n'eut été son "wax waxeet" honteux sur la réduction du mandat présidentiel et la victoire du OUI au référendum.
Un conflit en Casamance qui faiblit
Depuis quelques temps, on assiste avec un soulagement qu'on a du mal à dissimuler, à une accalmie dans le conflit armé meurtrier en Casamance, dans le cadre de l'irrédentisme du Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance (MFDC).
Touchons du bois ! Au regard du tribut très lourd que notre pays a payé dans cette guerre et cette rébellion que ni le président Abdou Diouf, sous le régime duquel le conflit est né, ni le président Abdoulaye Wade, qui avait promis de le régler dans un délai de 100 jours, ne sont parvenus à y mettre un terme. Sans dire que la guerre est maintenant terminée au Sud de notre pays, on peut être très optimiste quant aux avancées significatives vers la paix définitive dans cette région naturelle de la Casamance considérée comme le grenier du Sénégal.
Normalisation des relations entre le Sénégal et la Gambie
Avec le départ du pouvoir du président Yaya Jammeh, consécutif à la victoire du président Adama Barrow, le Sénégal a poussé un ouf de soulagement. La résolution du conflit en Casamance devrait aussi être une des retombées positives du changement de régime en Gambie. Mieux, un problème lancinant sous le règne de Yaya Jammeh, au point de ressembler à une arlésienne, la construction d'un pont qui devrait enjamber le fleuve Gambie, est maintenant appréhendé avec davantage d'optimisme et contribuera à réaliser la continuité territoriale vers la région naturelle de Casamance.
Une baisse vertigineuse du cours du baril de pétrole
Le président Macky Sall est un sacré veinard. Pendant que ses prédécesseurs étaient englués dans une spirale d'inflation du prix du baril de pétrole qui annihilait tous les efforts et les sacrifices consentis par les pays importateurs de pétrole, lui le 4ème président la république du Sénégal, voit son magistère inaugural coïncider avec la baisse vertigineuse du prix du baril du pétrole au plan international.
En effet, sur une longue période, les cours des deux barils de pétrole de référence, le Brent à Londres et le Wti à New York, qui culminaient à 148 dollars US, sous le régime du président Abdoulaye Wade, ont connu une baisse continue jusqu'à descendre en deçà du seuil symbolique des 30 dollars US, sous le régime du président Macky Sall.
D'où des économies substantielles sur la facture pétrolière et qui pouvaient être réutilisées dans pas mal de secteurs où les urgences sont prégnantes. De quoi avoir une inflation maîtrisée qui reviendra alors à des proportions plus tenables avec l'impact que cela aura sur les produits dérivés de "l'or noir" et s'autoriser même des baisses de prix ou des augmentations de salaires.
Ce qui était inimaginable en 2012, l'est aujourd'hui, avec des baisses de prix tous azimuts, jusqu'à la réduction du prix de l'électricité, de l'ordre de 10% a minima. Mais l'État du Sénégal a maintenu les prix et ne s'est décidé à répercuter à la pompe cette baisse qu'après avoir bien renfloué ses caisses au détriment des consommateurs sénégalais qui ont bu la tasse jusqu'à la lie. Une baisse tardive et largement insuffisante.
L'État du Sénégal a donc eu tout le temps de se constituer un trésor immense, en réalité honteusement volé au contribuable.
Découverte de gisements de pétrole et de gaz au Sénégal
Une bonne nouvelle ne venant jamais seule, alors qu'on n'avait pas fini de se réjouir de la baisse du prix du pétrole, voilà qu'on nous annonce la découverte de gigantesques gisements de pétrole et de gaz au large de nos côtes. Une manne pétrolière qui pourra valoir à notre pays, à brève échéance, d'intégrer le cercle très fermé des pays producteurs et exportateurs de pétrole.
Un rêve de fous. Mais, plutôt que de s'atteler à bien gérer cette opportunité, le président Macky Sall, par l'entremise de son frère Aliou Sall, qui a trempé ses deux mains à fond dans le cambouis et s'appuyant sur ce prédateur de Frank Timis, dans le scandale du PETROTIM, est en passe de faire vivre aux Sénégalais un malheur inconnu jusqu'ici et qui semblait n'arriver qu'aux autres : "la malédiction du pétrole".
Une pluviométrie sensiblement améliorée
Avec une succession d'hivernages plus ou moins bons, comparativement à des saisons des pluies tristes que le Sénégal a connues dans un passé récent, nous valant même des programmes d'ajustement structurel douloureux, des réductions budgétaires drastiques ou des suppression de subventions sous le diktat du Fonds Monétaire International (FMI) ou de la Banque Mondiale, le régime du président Macky Sall ne doit pas trop se plaindre. Sûr que dans un pays dont l'économie repose essentiellement sur l'agriculture, un bon hivernage représente un grand motif de satisfaction.
Un État de droit, un pays démocratique et une bonne signature internationale en héritage
Le président Macky Sall a hérité de l'action remarquable de ses prédécesseurs qui ont mis le Sénégal sur orbite, en en faisant un État de droit, un pays démocratique, très respecté de par le monde, qui plus est, se voit doté d'une signature internationale crédible et à même de lui permettre de lever des crédits importants sur le marché international pour financer convenablement son développement. (…)