JOSEPH KI-ZERBO, PENSEUR ET HOMME POLITIQUE
Joseph Ki-Zerbo était un historien et homme politique burkinabé qui, à la suite de Cheikh Anta Diop, s’est beaucoup exprimé sur la civilisation de l’Egypte antique
Joseph Ki-Zerbo était un historien et homme politique burkinabé qui, à la suite de Cheikh Anta Diop, s’est beaucoup exprimé sur la civilisation de l’Egypte antique. Mais, contrairement au savant sénégalais qui attribue à l’Egypte l’origine de toutes les cultures africaines, Ki Zerbo était moins péremptoire.
En effet, son ouvrage, l'Histoire de l'Afrique (paru en 1972) est un vaste panorama circonstancié et rigoureux, rendu vivant par des extraits de chroniques, des grands évènements et des évolutions des peuples du continent. Le fait de présenter les évolutions sociales, économiques et politiques de la même manière que d'autres encyclopédies ont présenté l'Europe et l'Asie, replace l'histoire de l'Afrique au même rang que celles des autres continents. La présentation diachronique à l'échelle du continent souligne ainsi de fait l'évolution contiguë des différentes grandes civilisations, les points communs et l'échange des idées mais aussi le fait que les chocs qui les ont abattues ont une origine commune : l'expansion européenne et ses conséquences (expansions marocaine, turque et omanaise).
Joseph Ki Zerbo était né dans la localité de Toma en HauteVolta (aujourd’hui Burkina Faso) en 1922. Cette localité se trouve dans le nord-ouest du pays, entre Koudougou et Tougan, en pays Samo, dans la province du Nayala. En vérité Ki et Zerbo sont deux patronymes distincts. Pour l’administration coloniale, Joseph était né Ki. Son père, Alfred Ki-Zerbo, généralement considéré comme le premier chrétien de Haute Volta, était intervenu pour que les deux patronymes (expression de l’alliance des familles Ki et Zerbo) soient accolés. « Il faut redresser cela, avait-il dit, parce que Ki n’est pas notre nom entier. Nous nous appelons Ki-Zerbo ; il n’y a qu’à écouter les griots quand ils appellent notre famille. »
Après avoir passé son baccalauréat à Bamako, Joseph KiZerbo suit des études d’histoire à Paris. Il soutient sa thèse de doctorat à l’Institut d'études politiques de Paris. Ki-Zerbo devient professeur des universités. Il enseigne à Orléans, à Paris puis à Dakar en 1957
Joseph Ki-Zerbo va renouveler, avec le Sénégalais Cheikh Anta Diop, les études sur l’histoire de l’Afrique. Comme le Pharaon du savoir, il soutient la thèse controversée d'une Égypte antique originellement noire. Cependant, Joseph KiZerbo ne fait pas de l'Égypte l'origine de l'ensemble des cultures africaines.
De 1975 à 1995, Joseph KiZerbo préside l’Association des historiens africains. Il fut pendant de longues années un membre du Conseil exécutif de l’UNESCO. Il est considéré l’un des plus grands penseurs de l’Afrique contemporaine.
C’est lors de son installation à Dakar en 1957 qu’il entre en politique en créant le Mouvement de libération nationale (MLN). Inquiet des attaques publiques du nouveau régime de Thomas Sankara contre lui le désignant comme un « réformiste », Joseph Ki-Zerbo, avec son épouse Jacqueline, quitte le pays en octobre 19831. En 1985, un tribunal populaire révolutionnaire condamne le couple par contumace à deux ans de détention et à une forte amende pour « fraude fiscale ». La bibliothèque des Ki-Zerbo est saccagée. L’historien rentre au Burkina Faso en 1992.
Joseph Ki-Zerbo est fondateur en 1993 du Parti pour la démocratie et le progrès (PDP, membre de l’Internationale socialiste), parti d’opposition au Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) du président Blaise Compaoré. Le congrès constitutif du PDP a lieu en avril 1994 et Ki-Zerbo en devient président. En 1997, il reçoit le Right Livelihood Award, aussi appelé prix Nobel alternatif.
En 1998, il est membre fondateur du Collectif des organisations démocratiques de masse et de partis politiques2 (CODMPP). Ce collectif a été créé le 16 décembre 1998, à la suite de l’assassinat du journaliste d’investigation Norbert Zongo, alias Henri Sébégo. Le mouvement Trop c’est trop est né de ce collectif.
Joseph Ki-Zerbo est l'inventeur du slogan « Naan laara an saara » qui signifie : « si on se couche on est mort ».
En 2000, il reçoit le prix Kadhafi des droits de l'homme et des peuples, récompense libyenne controversée.
Les législatives du 5 mai 2002 sont un échec pour le PDP et Ki-Zerbo, puisque le parti perd sa place de premier parti d’opposition au profit de l’ADF-RDA d’Hermann Yaméogo (en). Le PDP obtient 10 sièges, contre 17 pour l’ADFRDA et 57 sur 111 pour le CDP. Le 6 février 2005, Ki-Zerbo cède la tête du parti à Ali Lankoandé. Il s’est éteint le 4 décembre 2006.