KARIM, MARCHAND D'ILLUSIONS
EXCLUSIF SENEPLUS - Le PDS et ses alliés ne seraient-ils pas plus avisés de désigner un autre candidat plutôt que de se nourrir d’illusions ? - Wade travaillerait-il pour Macky Sall ? - Bon ou malgré lui !
Viendra, Viendra pas ? Le retour au Sénégal de Karim Wade se déroule comme un feuilleton sans fin. Mais jusqu’à quand et pour quel effet in fine ? Régulièrement, la presse est alimentée par des missives, qui portent la signature de l’ancien ministre en exil doré au Qatar depuis bientôt trois ans. Les unes des tabloïds sont, à l’envi, barrées de déclarations tapageuses. Les revues de presse s’en donnent à cœur joie. « Les titrologues » (terme ivoirien désignant les lécheurs des unes, en affichage partout, kiosques et lieux de vente) se font des gorgées chaudes sur les menaces, défis proférés à distance par l’ex locataire de Rebeuss. Les réseaux sociaux grouillent de mille et une conjectures sur l’arrivée, semble-t-il messianique de Karim Wade. Cette stratégie de communication épistolaire, a l’avantage de susciter un démentiel bruit médiatique, à la faveur de reprises en boucle, commentées sous tous les angles, parfois des plus loufoques.
Et pourtant, rien ne peut attester que c’est l’ex ministre, appelé par dérision, « de la mer, du ciel et de la terre, » qui est l’auteur de ces salves de défiances et de grivoiseries. Il lui aurait suffi de produire un message vocal par Whatsapp, de le partager à une échelle industrielle sur les terminaux et autres smartphones, pour authentifier la voie reconnaissable de Karim. Mais surtout de prouver sa maitrise d’une ou des langues nationales, terrain sur lequel il est attendu, si par extraordinaire, il venait à prendre part à la campagne électorale de février prochain.
Mais, pour l’heure, la prudence, voire le scepticisme est de rigueur. Karim est-il le « pondeur » de ces pamphlets jubilatoires et défiants ? Ou alors quelqu’un de ses proches aurait-il décidé de mettre à contribution sa plume au service du messie retenu, semble-t-il dans une prison à ciel ouvert au Qatar ? Par ce stratagème, Karim en bannissement, pourrait ainsi être très présent dans cette période de pre-campagne, pour se rappeler au bon souvenir de ses partisans, qui commençaient à désespérer de le voir en chair et en os, les haranguer.
Qui plus est, grâce à son message vocal, signature indéfectible, le candidat fantôme, choisi dans des conditions rocambolesques par un congrès hors-sol, Karim ou son ombre, continuerait de planer sur le landerneau politique. Et, il faut le dire, de hanter le sommeil des apéristes. Et malgré la virtualité de sa présence, la question demeure lancinante : pourquoi, la perspective d’un retour de Karim Wade causerait-elle autant de soucis aux partisans du Président Sall ? Pourquoi, sa moindre sortie par presse interposée, suscite autant de réactions épidermiques, alors que rien a priori ne prouve que les Sénégalais dérouleraient un tapis rouge à Karim jusqu’au Palais de l’Avenue LSS ?
En réalité, le fait d’entretenir le mystère sur la date et le contexte du come back plus qu’improbable de Karim, suffit à créer un lourd suspens et alimenter l’énigme. Cette posture fantasmagorique pourrait, si elle se prolongeait affecter le PDS et la coalition Manko Wattu Sénégal. En effet, beaucoup d’hypothèques pèsent sur la présence et la candidature de Karim Wade. L’article 115 du code électoral énumère les conditions de participation à l’élection présidentielle. La condamnation de six ans l’en empêche, selon toute vraisemblance. Le quitus fiscal imprescriptible pour matérialiser le paiement des 138 milliards de FCFA suite à sa condamnation constitue un écueil de taille. Elle pourrait se traduire par une contrainte par corps (un nouvel emprisonnement), faute de s’être acquitté de sa dette. Comment dans ces conditions, moult fois rappelées par le porte-parole du gouvernement, Karim pourrait prendre part à ces joutes électorales ?
Le PDS et ses alliés ne seraient-ils pas plus avisés de désigner un autre candidat plutôt que de se nourrir d’illusions sachant que de toute façon Karim est hors course ? A moins que leur stratégie consiste à entretenir le doute, pour constater que la candidature de leur mentor n’étant plus possible, il ne resterait que la perspective du boycott pour tenter de décrédibiliser les élections. Une telle attitude se conformerait d’ailleurs aux déclarations de Me Wade rejetant toute participation à des élections organisées par le régime de Macky Sall. Sauf à contraindre le Président Sall à la démission, on se demande comment Wade réussirait-il à empêcher le régime à tenir les élections. Les autres leaders de Manko Wattu Sénégal (Decroix, Abdoul Mbaye, Mamadou Lamine Diallo,) devraient tirer les leçons de cette approche nihiliste de Wade, pour prendre leur responsabilité.
L’agenda de Me Wade, le seul, c’est comment imposer Karim Wade comme seul et unique candidat, sachant qu’il ne prendrait jamais le risque de renvoyer son fils au purgatoire de Rebeuss. Si ce n’est mon fils, c’est ne serait personne d’autre. Telle est l’implacable logique de Me Wade. On comprend alors que Karim veut continuer de jouer au marchand d’illusions, et sa coalition, exercer la politique de l’autruche. Ce n’est point un jeu d’équilibrisme auquel il se livre de manière aussi compulsive. C’est tout simplement du nihilisme jusqu’au boutiste, dont on peut penser qu’il sera contre-productif. Wade demeure assurément le plus grand commun diviseur de l’opposition. Il donne hélas raison à ses « fils» putatifs (Modou Diagne Fada, Abdoulaye Baldé, Souleymane Ndené Ndiaye, Aida Mbodji, Pape Diop, Farba Senghor, entre autres qui ont décidé de prendre la tangente, avec des chances ou des risques d’atterrir dans la prairie marron. Wade travaillerait-il pour Macky Sall. Bon ou malgré lui !