LA CROISIÈRE S'AMUSE... LE JOOLA N'EN FINIT PAS DE COULER
Les plus grands partis alliés de l’Alliance pour la République perçoivent chacun à hauteur de 20 millions de F Cfa par mois - Cette corruption contribue à nous offrir en guise d’élite politique un troupeau d’incapables en costumes
« La Société est un système ingénieux pour obtenir des bénéfices individuels sans responsabilité individuelle.”
Ambrose Bierce
“L'anarchie est partout quand la responsabilité n'est nulle part. ”
Gustave Le Bon
Le vendredi 26 septembre 2002, le Monde se réveille abasourdi…Le Naufrage du Joola, pire que celui du Titanic, est l’une des plus grandes catastrophes de l’Histoire de la navigation maritime. Au moins 2000 personnes, hommes, femmes et enfants, ont d’abord été victimes de l’incurie politique. Il fallait à l’époque entre 600 et 700 millions de nos francs pour sa réparation, l’état lui affecte seulement 250 millions prélevés sur le Fonds Routier, duquel pourtant il puisé sans sourciller, plus de 10 milliards pour solder les dépenses engagées dans la révision de l’avion présidentiel.
250 millions pour le Joola, dont l’importance est vitale pour notre pays, et plus de 19 milliards pour permettre à Monsieur Le Président de la République, son Excellence Maître Abdoulaye Wade, de faire le Tour du Monde dans un avion de luxe… S’il y en a un qui devait se regarder dans les yeux, au lieu à l’époque de nous recommander une abjecte introspection, c’est bien lui. Les ministres renvoyés ont fait ensuite ripaille dans les allées du Pouvoir, même s’il est vrai que même la démission de Wade n’aurait pas apaisé notre peine.
Aujourd’hui encore les dépouilles des victimes reposent toujours et à jamais dans les profondeurs de l’Océan. L’arnaque, la triche, la surenchère et les magouilles, les mensonges et les ruses populistes avec les citoyens nous renseignent qu’il n’y avait aucune fatalité. Cette tragédie était la conséquence de manquements et de fautes professionnelles graves, mais elle était surtout la conséquence d’un choix politique, où la Responsabilité de l’Etat était clairement établie.
Cet Etat dont le rôle premier était de protéger les citoyens, a un rôle central à jouer et a une responsabilité fondamentale dont il ne peut aujourd’hui encore se dédouaner. Comment imaginer que ces 2000 et plus encore de citoyens, restés au fond de l’océan, aient pu périr sans qu’il y ait un seul coupable ? Le plus inadmissible, est qu’on ait pu dire aux familles qui avaient perdu des parents, qu’en les dédommageant, sur la base de quelques millions, Justice aura été rendue. Il aurait été plus rédempteur pour ces familles, que les coupables soient sanctionnés, du seul fait que l’Acte de Justice est avant tout un acte de Vérité bien plus qu’un acte de dédommagement.
10 millions pour escamoter la responsabilité d’un état, et 4, voire 10 millions par mois, rien que pour émarger aux PV des réunions de Benno Bokk Yakaar, c’est sûr que ça fait un peu désordre, et là c’est toute la classe politique qui doit être interrogée sur les accommodements faciles qu’elle s’accorde envers l’éthique et les valeurs morales qui constellent son discours.
La déclaration de Mamadou NDOYE, est plus qu'un aveu. C'est une accusation gravissime contre toute la classe politique sénégalaise. Question à 500 francs Cfa : Combien touchent les autres Partis membres de Benno? Y a-t-il une subvention secrète allouée aux alliés depuis le début de la seconde Alternance ? L’argent est-il le seul dénominateur commun de toutes ces coalitions hétéroclites, sans programme commun, qui nous gouvernent depuis deux alternances libéralo-libérales ?
Certains soulignent que les plus grands partis alliés de l’Alliance pour la République perçoivent chacun à hauteur de 20 millions de F Cfa par mois. Sans oublier que Moustapha Niasse et Ousmane Tanor Dieng, respectivement président de l’Assemblée nationale et président du Haut conseil des collectivités locales, disposent tous les deux de caisses noires et des salaires qui frôlent la barre des 10 millions de F Cfa par mois.
Tradition de concussion politique entretenue tous régimes politiques confondus, et qui se perpétue sous Macky Sall, puisque le Premier ministre Souleymane Ndéné Ndiaye avait, en 2011, révélé que And Jëf touchait 30 millions de F Cfa sous Wade.
C’est là qu’intervient la nécessaire rationalisation de l’espace politique, parce qu’il est devenu patent que les quelques 500 partis politique se disputant 14 millions d’électeurs, se disputent surtout la cagnotte des fonds politiques, au prorata de leur poids électoral. Qu’ont apporté ces hommes et femmes politiques au Sénégal ?
Pourquoi doit-on les rétribuer pour un simple soutien à un programme électoral ? Cette corruption politique contribue donc à installer cette perpétuelle transhumance et à nous offrir en guise d’élite politique un troupeau d’incapables en costumes, qui n’ont c’est maintenant évident, comme seul programme que leur propre enrichissement. Il est vrai que chez nous, l’amitié n’attend rien en échange…juste de l’entretien.
Et dans cet exercice de l’entretien des convenances et les recommandations aux politiciens du devoir de respect de nos valeurs, Serigne Abou Aziz Sy Junior savait y faire. Un orfèvre.
Maintenant qu’il n’est plus là, qui pour assurer la relève ? Et pour quoi faire ? Et avec quels hommes politiques sensibles à leurs préoccupations d’apaisement des tensions qui traversent régulièrement notre tissu social ? C’est toute la question. Serigne Aziz Sy Junior a eu l’élégance de rendre l’âme quelques jours après l’anniversaire du décès de l’emblématique Abdou Aziz Sy Dabakh, qui nous avait laissé un viatique pour le développement dans son dernier discours qu’il avait destiné à nos hommes politiques. Souvent nous entendons dire avec plus ou moins de sagacité et de pertinence que depuis son rappel à Dieu et celui de Serigne Saliou Mbacké, la sagesse de nos guides religieux avait déserté notre pays.
Pourquoi Diantre, nos hommes politiques ne prêtent-ils pas serment, non pas seulement sur la Constitution, mais aussi sur les recommandations que ces Hommes de Dieu leur avaient légué comme feuille de route vers le développement, l’égalité, la compassion et la responsabilité. Pourquoi nos hommes politiques à l’occasion de la disparition de ces guides, nous abreuvent-ils de discours qui sont des exégèses de leurs pensées, et que pas un seul instant, nous ne reconnaissions de leur part une prise en compte de ces préceptes, pour les appliquer à une gouvernance vertueuse ?
Nous nous vantons souvent de la spécificité sénégalaise qui nous épargne souvent d’un chaos que nous frôlons parfois, et qui serait due aux prières de nos guides religieux, validées par Dieu, Lequel veillerait sur le Sénégal. Mais il serait plus judicieux pour notre pays que les hommes qui nous gouvernent s’inspirent réellement de leurs visions divinatoires, pour que nous passions du rabâché et galvaudé « Yallah Nenna » au salutaire « Yalla Def Na ».
Que son successeur, Mbaye Sy Mansour, à la réputation fortement orthodoxe, sache leur rappeler que le Pouvoir est toujours d’ordre Divin, et que ceux qui ont la responsabilité de l’exercer ne doivent jamais perdre de vue la fatale solitude du tombeau qui les accueillera tôt ou tard. Et s’il leur apprenait juste à frémir… de crainte ?