LA DÉCHÉANCE DES COMMUNISTES
Ceux qui se font appeler communistes se sont transformés en mouton de panurge à l’arrivée des Libéraux au pouvoir - Avec sa grande nasse, Macky Sall, l’ancien marxiste-léniniste devenu libéral, a pris du lourd dans ses filets
Depuis que le Sénégal est dit indépendant, ils ont été de tous les combats pour la liberté, la démocratie… Jusqu’à l’avènement de Me Abdoulaye WADE, partout où la justice sociale a été bafouée, l’égalité égratignée, leurs voix ont raisonné, leur opiniâtreté saillante. Leur réputation, ils l’ont forgée dans les méandres de la clandestinité, vent debout contre le néocolonialisme et toute autre politique cherchant a dépouillé le Peuple pour qui ils disaient nourrir de très fortes aspirations. Alors que Me WADE n’en croyait même plus, ils sont allés le chercher en France et l’ont grandement aidé à bouter Abdou DIOUF hors du pouvoir. Leur saga aurait sans doute mieux raisonné si leur parcours s’était arrêté à ce fait d’arme marquant l’aboutissement d’une lutte longue de plus de plusieurs décennies. Car, au contact du pouvoir, ces communistes ont troqué leurs idéologies. Du trotskysme, marxisme, Léninisme et de tous les autres « isme », ils ont fait un aliment que les Libéraux leur servent en contrepartie du « larbinisme ».
« Chers amis(es), aujourd’hui, à la veille de la commémoration de la Fête internationale du Travail, le 1er mai, qui se trouve être, aussi, le jour de l’anniversaire de ma naissance, j’ai été nommé, à la demande du Président Macky SALL, par le Conseil d’Administration de la Société MIFERSO à sa Présidence. C’est un merveilleux « cadeau d’anniversaire » que j’apprécie hautement comme une opportunité à … ». C’est Ibrahima Sene qui s’extasiait ainsi après sa nomination comme PCA de la Société des mines de fer du Sénégal oriental (MIFERSO). Depuis que Macky Sall lui a donné du travail, le responsable du Parti de l’Indépendance et du travail (PIT) ne se contente plus de faire le dos rond face aux agissements de son mentor. Totalement au service de ce dernier, il n’hésite même plus à tirer sur ceux qui contestent les actions du régime. Et dans cet exercice, celui qui se faisait appeler Massaer Diop, dans les années 1980, attaque et flétrie ceux qui incarnent la cause pour laquelle lui et son parti s’activaient jadis dans la clandestinité. A la radiation d’Ousmane Sonko, il a déclaré : « tout agent de l’Etat, à quelque poste où il exerce, est tenu de ne pas user des informations, qu’il détient dans le cadre de l’exercice de sa fonction, à des fins politiques, de chantage ou de fonds de commerce. Sonko, comme le Commissaire Keita ou le Colonel Ndao, ne peut pas ignorer cela. En décidant de faire ce qu’il a fait, il a choisi de subir les conséquences qui en découlent ».
Avant la déportation de Kémi Seba, il soutenait : « Nul ne peut enfreindre délibérément la Loi sous prétexte qu’il défend une cause juste ! Il est temps de se ressaisir et de défendre les causes justes dans le respect des Lois et règlements, pour éviter de prêter le flanc aux forces de la répression aveugle ». Dur et sans concession avec les lanceurs d’alerte, Ibrahima Sene est le symptôme de ce qu’est devenu le pan le plus important des partis communistes sénégalais. Le PIT n’a certes pas volé en éclats comme la Ligue démocratique (LD) et AJ/PADS, mais cela ce ne fait que l’ancrer davantage dans le régime de Macky Sall qui multiplie les politiques contre lesquelles il s’est toujours opposé. C’est cette posture que les initiateurs de la Ligue démocratique (LD)/debout, courant devenu parti, ont indiqué vouloir éviter. Et, il est fort à parier que Si le Professeur Abdoulaye Bathily avait été élu à la tête de la Commission de l’Union africaine, ils resteraient couchés, comme ils l’ont été quand Macky Sall prenait l’Avis du Conseil constitutionnel pour une décision. Avec sa grande nasse, Macky Sall, l’ancien marxiste-léniniste devenu libéral, a pris du lourd dans ses filets.
Pour certains, le leader de l’APR a donné plus qu’un coup de pouce à l’éclatement de l’Alliance des forces de progrès (AFP). Tout comme il a grandement contribué au chambardement du Parti Socialiste (PS). Mais la division des communistes, personne ne peut la lui imputer. Bien avant son avènement, Landing Savane et Mamadou Diop Decroix se crêpaient déjà le chignon. Même si c’est le refrain à la mode, personne ne peut, non plus, dire qu’il a manipulé la Cour d’appel de Dakar qui a donné à Mamadou Diop Decroix le pouvoir de diriger AJ/PADS. Dans tous les cas, l’éclatement a totalement transformé la formation politique. Le duo Savane – Decroix qui jadis en a fait voir au régime socialiste de toutes les couleurs, a pris du plomb dans l’aile.
Chacun des deux poursuit des objectifs aux antipodes des combats qui ont fait AJ. Landing Savane, qui disait que « ceux qui croient à l’argent ne sont plus avec nous », s’est rangé derrière Macky Sall qui lui a pris beaucoup de responsables politiques. Presque inaudible, l’AJ/Authentique qu’il dirige n’a pas de représentant à l’Assemblée nationale depuis sa création. Pendant ce temps, Mamadou Diop Decroix, le plus libéral des communistes sénégalais est engagé aux côtés de Me Abdoulaye WADE qui l’a aidé à évincer Landing SAVANE. Pour la libération de Karim Wade, l’ancien président avait mis en place le Front patriotique pour la défense de la République (FPDR) et installé Mamadou Diop Decroix à sa tête. Allié du PDS aux dernières législatives, il est, aujourd’hui, l’un des premiers supporters de Karim Wade. « Pour ce qui est de son absence, je vais vous avouer le sentiment que j’en ai est que son retour au Sénégal pour prendre part à l’élection présidentielle est aussi sûr pour lui que le soleil qui se lève à l’Est. Je m’entretiens régulièrement au téléphone avec Karim Wade », confiait-il au journal Le Soleil.
Pourtant la désespérance idéologique qui s’est emparée des communistes ne date pas d’aujourd’hui. Un historien français, pour ne pas le nommer, explique : » au parlement, les députés se positionnaient dans la pièce en fonction de leurs affinités communes. Les députés assis à la gauche de la salle représentaient les masses populaires et souhaitaient favoriser l’égalité des chances dans la société. À l’opposé, du côté droit, se trouvaient les députés qui représentaient l’élite et qui souhaitaient favoriser la création du bien-être économique ».
Si, depuis bien avant la Ve République, la France politique garde cette caractéristique, au Sénégal, sans que personne ne revendique la place de droite, sans avoir un seul élu à positionner, certaines formations politiques ont accepté de se faire appeler partis de » gauche « . Et si en France, les députés socialistes et ceux communistes se retrouvent dans les mêmes travées, dans notre pays, ceux qui se font appeler communistes ont écrit leurs plus belles lettres de noblesse en s’opposant farouchement au régime socialiste. Et qui, à l’arrivée au pouvoir des Libéraux, se sont transformés en mouton de panurge. Le marteau pesant des milligrammes, la houe et la hache devenues inopérantes, Faggaru et Gestu tombés dans l’oubli, ce que Mamadou Ndoye appelle « l’idéologie alimentaire » devient plus manifeste.