AUDIOLA DÉSINVOLTURE DE SERIGNE BASSIROU GUEYE
Le principe même de l'appel à témoin trahit l'intention à banaliser une affaire qui dans tous les cas, ne peut plus être étouffée - Ce procureur ne rend pas service au besoin de transparence pourtant clamé par le président de la République
Dis moi quel procureur tu as, je te dirais quel justice tu rendras !
C’est clair : dans sa mémorable conférence de presse du mardi 11 juin, le maitre des poursuites étaient dans une opération de banalisation de ce qui tient lieu de « scandale » économique dans notre pays.
Le procureur aux manettes, pour ne pas dire aux ordres, ne rend pas service à la Justice sénégalaise encore sur la sellette pour son inféodation à l’exécutif.
Même pas crédible le proc, et c’est le moins que l’on puisse.
Dans la tentative d’étouffer une affaire pour ne pas répondre à l’exigence de transparence et de vérité, on ferait difficilement mieux ou pire.
Dans son exercice de style, le Procureur n’a même pas pu lever les yeux pour fixer les caméras pour les 15 millions de sénégalais que nous sommes pour nous convaincre qu’il agissait pour nos intérêts.
De toute façon, qui peut le croire ? Qui peut le croire ?
Le déni de faire la lumière est flagrant, le dédain est manifeste pour tous ceux qui ont eu le toupet de vouloir éclaircir les zones d’ombre de cette affaire.
Dans l’absolu, honnêtement, on a vraiment dépassé l’étape où on se dit qu’on cherche les indices pour nécessiter l’ouverture d’une enquête.
Il faut vraiment être aveugle et sourd pour ne pas sentir le besoin de se saisir de cette affaire.
Et quand on dit se saisir, ce n’est pas lancer un appel à témoin.
Le principe même d’un appel à témoin trahi l’intention du procureur à banaliser une affaire qui dans tous les cas, ne peut plus être étouffée.
En matière criminelle, ce n’est jamais de gaieté de cœur que la police qui mène une enquête lance un appel à témoin. Cela n’arrive que quand les éléments matériels ne permettent pas de faire évoluer l’enquête.
En l’espèce, est-ce que c’est sorcier pour le procureur d’éplucher les comptes bancaires de la société Agritrans, sensé appartenir à Aliou Sall, et qui aurait capté les redevances dues à l’état dans la transaction.
Ce n’est quand même pas difficile de remonter cette filière pour nous dire si c’est vrai ou si c’est faux. C’est tout ce qu’on demande.
Qui mieux que le procureur pour enquêter sur le rapport de présentation de Petrotim ? Rapport exposé en conseil des ministres par le ministre de l’énergie de l’époque Aly ngouille ndiaye.
Faux ou vrai rapport ? C’est tout ce qu’on lui demande au procureur.
Il n’y a aucun besoin de sophistiquer une affaire pourtant toute simple.
Il n’y a que le procureur qui semble ne pas avoir compris de quoi on parle.
Il se peut d’ailleurs qu’il n’ait vraiment pas compris vu le mépris avec lequel le même procureur veut prendre son temps pour éplucher « l’affaire des 94 milliards », subsidiairement évoquée.
Le procureur veut prendre son temps, juste parce que le dénonciateur, le Pastef a mis 8 mois pour corser son dossier de lanceur d’alerte. Donc, lui aussi procureur, avec tous les moyens dont il dispose, il veut pantoufler sur ce dossier. Sacré Proc !
C’est tout aussi incroyable que le procureur mette au même niveau, le besoin de clarifier cette affaire avec la nécessité de trouver la gorge profonde qui a craché le rapport de l’IGE.
Dans le niveau de scandale dont on parle, ce serait presque dérisoire de consacrer un seul kopeck à chercher qui a fuité le rapport dont les destinataires ne se sont jamais préoccupés qu’ils leur soient transmis.
Et vraiment, nous ne saurons le dire autrement qu’avec notre ainé Mamadou Oumar Ndiaye : c’est du foutage de gueule, Monsieur le Procureur !
Ce procureur là ne rend service à personne, et surtout pas à la justice encore moins au besoin de transparence pourtant clamé par le président de la république.
M. Le procureur, l’humanité toute entière s’est réjouie de la révélation du Watergate, Deepthroat ou la gorge profonde a intéressé l’enquête mais n’a jamais été traquée comme vous prévoyez de le faire sur la fuite de ce rapport de l’IGE.
Mark Felt a vécu tellement tranquillement que ce n’est que très récemment à la fin de sa vie que lui s’est révélé au grand public comme étant l’informateur des journalistes qui ont révélé l’affaire. Cela dit-il, pour soulager sa conscience. Respect, Mister Felt !
Vous vous imaginez Monsieur le Procureur, avec vous, Jullian Assange et les câbles wikileaks n’auraient jamais existé : quel dommage !
Vous avez décidé de vous compromettre, c’est votre choix Monsieur le procureur. L’histoire ne vous retiendra pas comme ayant été un grand juge.
Un mauvais juge ? Vous avez encore le temps de vous rattraper.
A espérer qu’on peut encore titiller votre corde sensible de magistrat ayant prêté serment. On vous évoquera ces mots de votre prédécesseur.
En vous passant le témoin, le Procureur Ousmane Diagne vous a regardé, le port altier et avec fière allure pour vous enjoindre de ne jamais être autre chose qu’un procureur de la République, et de ne surtout pas être un procureur du gouvernement".
Rien que pour çà, le juge Ousmane Diagne a honoré la magistrature.
Votre prédécesseur a, à jamais la reconnaissance des siens et de son peuple, pensez-y M. le procureur.
Pensez-y !