LA DRÔLE DE GUERRE
Ne sommes-nous pas, une fois de plus encore, en train de subir le diktat de l’Occident qui, avec le Coronavirus, nous impose ses urgences et son mode de faire au détriment des nôtres propres ?
Ne sommes-nous pas, une fois de plus encore, en train de subir le diktat de l’Occident qui, avec le Coronavirus, nous impose ses urgences et son mode de faire au détriment des nôtres propres ? Quelle priorité, au regard du
faible taux de mortalité sur le continent, comparativement aux autres points du globe ?
Comment ne pas questionner toute cette débauche de moyens financiers, humains, mobilisés par nos Etats pour endiguer et arriver à bout d’un fléau qui, sous nos cieux, tue moins que le paludisme ou que les maladies cardiovasculaires qui sont, par exemple pour le Sénégal, les deux premières causes de décès ?
Pour légitimes qu’elles puissent paraître, ces interrogations sont-elles pertinentes pour autant ? Pour y répondre, un préalable s’impose, à savoir l’effectivité de la mondialisation. Pour sûr, même décriée du fait de son déficit compassionnel, de son absence de solidarité, elle demeure une réalité incontournable. Jamais le monde n’a en effet été aussi rythmé par la circulation des idées, des personnes et des biens.
Et nous voilà confrontés brutalement à la fermeture des frontières, à l’interdiction des vols et de la circulation maritime. Les avions et les trains cloués au sol, les bateaux ancrés dans les ports, les populations confinées dans leurs maisons, invitées à ni bouger, ni circuler, faisant craindre une catastrophe économique et sociale inédite. Guerre contre le Covid-19 oblige ! Convenons toutefois avec Régis Debray, qu’on est engagé dans « une drôle de guerre, celle où le commandant en chef a pour mot d’ordre : « planquez-vous » . Celle « où on appelle à ne plus faire société pour faire nation, à s’isoler pour se serrer les coudes et à écarter les corps les uns des autres pour se rapprocher d’eux en esprit ».
Chacun est cantonné chez soi, traquant les cas importés et/ou communautaires. Pour rassurer et préserver les populations de tout risque de contamination massive, le confinement, la parade trouvée pour le moment, ne nous vient pas d’occident mais de Chine, un pays-continent avec lequel beaucoup de choses nous rapprochent. Non content d’avoir bousculé et mis à nu la fragilité des pays nantis, ce virus dont le foyer originel est Wuhan y a installé la peur panique.
Dans ce contexte général, s’armer pour lutter contre la pandémie n’est pas une précaution de trop. Ce virus circule et c’est nous qui le faisons circuler, contaminant consciemment ou inconsciemment, ou de façon irresponsable le corps social. Au-delà, ce confinement du monde nous recentre sur nos responsabilités. Aujourd’hui, tout comme ses pairs, le chef de l’Etat Macky Sall, assigné à demeure, contraint de respecter les mesures barrières, ramené donc à être un Monsieur tout le monde, face à une pandémie qui n’a aucun égard, ni pour le rang ni pour le statut social. Il se dessine là une fenêtre d’opportunité pour tirer les leçons de ce qui apparait comme un basculement du monde. Non point pour en construire un autre mais pour, plus humblement, nous imprégner de nos manquements et les corriger.
Le chef de l’Etat a raison dire qu’ «il est temps d’apprendre de nos erreurs et de nos limites» (…) et «de redéfinir l’ordre des priorités» . Il est temps préciset-il, d’investir «plus dans l’agriculture, l’énergie durable, les infrastructures, la santé, l’éducation et la formation, pour réaliser un développement soucieux du bien-être de l’homme intégral»».
Pour que tous les sacrifices et les chamboulements ainsi occasionnés ne soient pas vains, en ces temps d’incertitude, des arrogances déchues, piétinées par le Covid-19, il est en effet venu le moment de lutter concrètement contre la corruption et la gabegie, de porter des ambitions pour notre pays, d’orienter les choses dans le sens ainsi défini. Le Sénégal et l’Afrique y ont tout à gagner.