LA FAUTE AU MONDIAL
EXCLUSIF SENEPLUS - En jouant ainsi, en refusant de gagner, aller en quart de finale relèverait du miracle - En foot comme en politique, mentir ou édulcorer la réalité relèvent de la même indignité : tromper le peuple
C’est d’abord un pays qui, déjà, trainait les pieds en tout et pour tout. Un pays qui aime tant courir lentement tant il exécrée les cadences rapides, que son chef, pour montrer à quelle cadence de tortue il voulait conduire le pays, a chassé celle qui voulait qu’on accélérât la cadence des réformes contenues dans le « Yonne Yokkute » ancêtre d’un certain plan qui a pour mission de faire émerger lentement le pays, puisqu’il se donne un délai de 35 ans.
C’est la faute au Mondial et surtout, aux Lions qui, tantôt accélèrent la cadence et notre adrénaline par la même occasion, tantôt freinent des quatre fers après avoir rugi fortement et fait trembler les filets adverses. Du coup, le pays est au garde-à-vous. Certains, les optimistes indécrottables rêvent d’une réédition de la campagne de 2002, et pourquoi pas que la bande à Sadio, enterre dans les gazons soviétiques, l’exploit de celle d’un certain « bad boy » répondant au prénom sacré « d’El Haj » : aller en demi-finale.
Mais si tôt rêvé, voilà les Lions qui semblent donner raison à d’autres indécrottables pessimistes, qui refusent le jeu de yo yo de ces rois qui ne veulent pas de la couronne. Trop lourde pour eux. Alors ils se livrent à leur jeu favori : donner des sueurs froides, des urticaires et autres crises cardiaques aux cœurs fragiles que sont les 15 millions d’esclaves du foot et autres entraîneurs convaincus d’être meilleur que coach Cissé. Qui des fois, je te jure, mériterait des cartons rouges !
Ce dimanche, au coup de sifflet final, avec des amis on a voulu voir comment était la ville. Mais bien sûr, Dakar était complètement groggy ! Aucun klaxon, aucune manifestation de joie. Et coach Cissé nous assène cette évidence : « La meilleure équipe sur le terrain était le Japon ». Quelle profondeur d’analyse ! Quel discours irresponsablement administré. Parce que, que l’on sache, c’est lui l’architecte de cette équipe. C’est lui le berger, qui sait depuis toujours la maladie infantile de nos Lions : ils ont peur de gagner. Ils perdent leurs moyens et toute envie quand ils mènent au score. Depuis toujours, ils sont frappés d’une grave maladie : ils ne savent pas (ne veulent pas?) garder un score !
Cette paresse de l’esprit, ce refus de chercher l’excellence, cette paresse chevillée aux talons, a même gagné nos journalistes. La preuve par les titres de Une des journaux dits sérieux : » Les Lions se compliquent la tâche ». C’est la même Une de L’As, Enquête, Walf. Sud et Le Quotidien cherchent à se distinguer par une feinte en titrant le premier par « Les lions se mettent la pression », le second reste dans les calembours habituels : « Le Japon à la vitesse Honda ». Pas la voiture bien sûr, mais le joueur qui a largué la défense des Lions.
En jouant ainsi, en refusant de gagner, aller en quart de finale relèverait du miracle. Je ne me soucie pas de ceux qui voient en ces propos du défaitisme voire, une totale absence de patriotisme. Parce que voyez-vous, dire la vérité, la désagréable vérité n’est pas du pessimisme, mais du réalisme qui prépare des lendemains moins cataclysmiques, moins ravageurs. Le patriotisme à la petite semaine et le pardon facile, relèvent du mal sénégalais : le « masla » hypocrite.
Évidement qu’on veut et souhaite qu’ils aillent loin, très loin dans cette compétition, à défaut de ramener le « trophée comme le rêve le premier des Lions. Comme il rêve de gagner au premier tour en 2019. Mais en foot comme en politique, mentir ou édulcorer la réalité (comme les chiffres des performances économiques du pays) relèvent de la même indignité : tromper le peuple.
Allez, en attendant jeudi et la Colombie, avec deux monstres sacrés de réalisme : Falcao et James. Le premier est appelé, je crois, « le tigre », et le second « el maestro ». Les Sénégal a un « maestro », mais n’a pas de « tigre ».
Ps : Peut-on m’expliquer quel est ce travail qui consiste à curer les canaux de la ville et laisser les tas de détritus à côté. A la première petite pluie, sable et sachets plastiques regagnent leur place : au fond des caniveaux ! En Russie, notre « 12e Gaïnde » nettoie les gradins après les matches, ici, on salit les trottoirs avec la saleté sortie des égouts