LA LEÇON DES «RETROUVAILLES DE MERMOZ»
Les retrouvailles entre le président de la République et Mme Aminata Touré englobent tous les ingrédients des vertus de l’unité politique qui doit primer sur les brouilles
C’est le journal Le Quotidien qui l’affiche à sa Une dans sa livraison du mardi 8 juin 2021 : «Après plusieurs mois de brouille, Macky retrouve une Ami», titre Le Quotidien.
«L’ancien Pm (a été) reçu en tête à tête à Mermoz pendant près de 2 heures des temps», informe le journal. Avant de préciser que la rencontre a pu avoir lieu par la magie d’intermédiaires, précieux hommes de l’ombre, perles de bonnes volontés soucieuses du rétablissement d’un espace d’unité dans le camp de la majorité en général, en particulier de la préservation des meilleures relations entre le président de la République et son ancien Premier ministre, ci-devant présidente du Conseil économique, social et environnemental.
Ces retrouvailles épousent parfaitement «l’épistémologie politique» du Président Macky Sall qui a toujours expliqué au plan théorique, et matérialisé dans la pratique, son attachement à deux opérations politico-électorales : l’addition et la multiplication. Mais il y a encore plus de consistance et de valeur à additionner et à multiplier avec des valeurs politiques ajoutées.
Et Mme Aminata Touré fait partie des valeurs politiques ajoutées de l’Alliance pour la République (Apr), la coalition Benno bokk yaakaar (Bby), de son leader. Pour rester justement dans le registre de l’épistémologie, convoquons et évoquons Gaston Bachelard, pour qui la science n’évolue pas sur un terrain vierge, sans aspérité ! Elle rencontre au cours de son évolution ce que le philosophe des sciences appelle des «obstacles épistémologiques». Il en est ainsi de la politique, où tout n’est pas forcément aussi lisse que des œufs de Pâques, surtout dans les relations entre les militants, les responsables et les différentes structures d’un espace organique partisan.
L’identification de ces obstacles que Engels appelle «erreurs progressives, mais de moins en moins absurdes», féconde en politique des relations qui élèvent, renforcent et fortifient au lieu d’abattre et de tuer comme veulent l’accréditer les écorcheurs baltes. En politique, l’unité n’est pas assimilable à l’uniformité, à la bien-pensance stérile et stérilisante. Elle ne gomme pas les contradictions, les différences d’appréciation et de jugement.
Les retrouvailles entre le président de la République et Mme Aminata Touré englobent tous les ingrédients des vertus de l’unité politique qui doit primer sur les brouilles, parfois nécessaires pourvu qu’au bout elles soient source de reconsolidation des relations, qu’elles (re)-bétonnent les combats passés pour des victoires futures. Les morsures des socs sur les sillons des champs finissent par les meilleures floraisons et récoltes.
En politique, il y a des moments où l’on choisit et après d’autres pour s’unir. C’est assurément cette leçon de bon sens qui a fonctionné dans les retrouvailles de Mermoz. Des retrouvailles que le Président Macky Sall doit encore élargir à d’autres responsables et dépositaires politiques qui ont eu à le servir, à servir la République et sont des valeurs politiques et électorales ajoutées.
Des relations entre le Président Macky Sall et son ancien Premier ministre, ci-devant présidente du Conseil économique, social et environnemental, des adeptes de la géométrie politique, de la soustraction et de la division n’ont eu de cesse d’agiter des passions tristes ou rageuses, des furies et des fureurs fratricides parce qu’il leur faut un camp présidentiel en guerre pour espérer en ramasser les morceaux éclatés. Surtout en ces temps de remobilisation en direction des élections locales où tout est prétexte, chez de farouches opposants en mal de propositions alternatives. A qui il ne reste qu’une arme : le recours et le secours des parasitages et brouillages des communications des gens du pouvoir.
Le sens de l’humain, du pardon, de la résilience, de «le compromis d’abord, la compétition ensuite», de l’idéal voire de l’idéalisme militant sont aussi des valeurs qui doivent habiter et cohabiter au cœur de la République. Une leçon de vie et donc de politique à retenir : «Dans l’amitié, ménage une petite place pour la brouille ; et dans la brouille, une autre pour la réconciliation.»