LA PÉDAGOGIE DE L'EXEMPLE
Le rôle de l'ARMP et autres organes de contrôle est capital dans la promotion d'une vraie culture de la bonne gouvernance et de l'éthique dans les affaires de l'État et de la République, tout comme dans le monde de l'Entreprise
Les publications des rapports annuels de l'Autorité de Régulation des Marchés Publics (ARMP) se suivent et se ressemblent quasiment. A chaque fois, la presse en fait ses choux gras, épinglant au passage les actes de mauvaise gestion, de malversations ou de népotisme de certains de nos dirigeants qui voient ainsi leurs cafards étalés sur la place publique. Et ce n'est toujours pas beau à lire...
Il faut rappeler que l'exercice régulier de reddition des comptes est une exigence démocratique élémentaire dans un État de droit, surtout dans une République qui promeut une "gouvernance sobre et vertueuse". Il en va de la crédibilité des hommes politiques et autres managers qui gèrent les deniers publics.
Et le Rapport 2014 de l'ARMP était d'autant plus attendu qu'il concerne la gestion de l'équipe actuelle de l'APR au pouvoir. Ce qui a engendré beaucoup de suspicions quand la cérémonie de restitution a été reportée…
A vrai dire, le rôle de l'ARMP et autres organes de contrôle est capital dans la promotion d'une vraie culture de la bonne gouvernance et de l'éthique dans les affaires de l'État et de la République, tout comme dans le monde de l'Entreprise.
Cette année, pour la publication de son Rapport portant sur les exercices 2013 et 2014, l'ARMP a choisi une nouvelle formule de restitution qui met plus l'accent sur la pédagogie et le dialogue avec les Autorités contractantes a n qu'elles puissent s'approprier les résultats des audits. Dans la foulée, l'ARMP envisage d'organiser un séminaire national sur la question pour mieux vulgariser l'esprit des audits qui n'est pas seulement de "traquer les prédateurs des deniers publics".
Certes, il faut châtier les fautifs mais il faut plus inculquer les bonnes pratiques, s'assurer qu'elles sont bien comprises et vérifier leur application. Durant les exercices 2013 et 2014 sous revue, 106 Autorités contractantes ont été auditées et l'ARMP a été sollicitée pour 699 plans de passation de marchés et 304 921 projets de passation de marchés. Parmi lesquels, 138 000 concernent les marchés de fournitures. Il faut noter que 20% des marchés ont été passés par entente directe ou gré à gré. Conformément au ratio convenu entre le Sénégal, le FMI et l'UEMOA.
Selon le DG, Saër Niang, 65% des sociétés concernées ont passé des marchés en respectant les normes en la matière. Pour le reste, il a relevé des arrangements avec l'orthodoxie et il recommande des correctifs à ce niveau. Ce sont des pratiques répréhensibles comme les fractionnements de marchés, des pratiques collusives, des marchés restreints illégaux, des simulations de concurrence, des entreprises adjudicataires inconnues, du gré à gré… Soit autant d'entorses aux règles de passation des marchés qu'il faut corriger au plus vite parce que leur récurrence pose un sérieux problème.
D'autre part, M. Niang s'est félicité que la moyenne des crédits consommés soit de 89%. Ce qui veut dire que les reproches faits au système de passation des marchés ne résistent pas à l'analyse des faits. "Les rapports nous montrent que les budgets sont bel et bien consommés. Donc, ce débat sur la lenteur des procédures n'a pas de sens. Malgré nos contrôles récurrents, les marchés se déroulent correctement", a-t-il déclaré.
De même, sur les 239 recours enregistrés, 50 ont été déclarés irrecevables, 82 ont été déboutés, 103 ont obtenu gain de cause et le Comité de Règlement des Différends (CRD) s'est déclaré incompétent pour 4 cas. Par ailleurs, pour mieux faire connaitre le dispositif, l'ARMP a mis en place un système de formation qui permet de mettre à la disposition des Autorités contractantes, de vrais professionnels des marchés publics. "Les marchés publics, c'est l'argent de l'État, donc il nous faut des spécialistes qui veillent à la transparence de sa gestion", estime M. Niang.