LE PREMIER MAI, UNE QUESTION DE DIGNITÉ
Ne désespérons pas notre jeunesse en lui refusant l’accès à la dignité - Le travail ne manque pas s’il s’agit simplement de porter notre pays sur les voies du développement - Travaillons à la valeur de notre Sénégal, il y a vraiment du boulot
En ce jour qui marque notre relation au monde du travail, et qui en célèbre les nécessités et les vertus, en marque souvent les vicissitudes et en commémore les luttes, je souhaite à tous les sénégalais de fêter le travail, en ce qu’il va déterminer les voies qui mènent et renforcent notre développement. Je salue en cette occasion toute les forces et tous les corps intermédiaires qui œuvrent à l’organisation du monde du travail. Je salue les syndicats, et salue aussi tous les sénégalais qui sont souvent exclus du monde du travail et qui pourtant participent au développement du Sénégal, et qui sont abusivement rangés dans le secteur informel. Mettre notre pays au travail va nécessiter de l’éducation, de la formation, de l’instruction et surtout une diffusion de nombreuses valeurs sans lesquelles l’acte de travailler ne saurait être épanouissant et enthousiasmant pour construire le Sénégal de nos vœux.
L’heure est hélas à la tension… Le secteur qui nécessite le plus de cohésion sociale et la plus grande convergence de vues, à savoir l’éducation traverse une crise qui depuis quelques années tend à être récurrente. Que les voies ouvertes ces derniers jours pour trouver de salutaires décisions, propres à aider nos enfants à demeurer dans la course qu’entreprend le monde entier pour son équilibre et pour la paix, soient emplies de bon sens et de responsabilités partagées.
C’est partant de mon cœur de métier, à savoir la transmission de savoirs et l’œuvre de formation de nos jeunes garçons et jeunes filles, que je partage avec mes concitoyens cette conviction que notre Sénégal a besoin de créer ce désir d’avenir et de le diffuser à toute sa jeunesse, afin qu’elle espère des lendemains radieux.
Nos élans patriotiques ne se prendront que dans une certaine idée de la dignité et cette dignité ne se trouve qu’à travers le travail.
La dignité est dans le travail
Pour le Pape François, « le travail est quelque chose de plus que de gagner son pain, le travail nous donne la dignité. Celui qui travaille est digne, il a une dignité spéciale, une dignité de personne : l’homme et la femme qui travaillent sont dignes », a-t-il expliqué, rappelant que le travail est « ce que Dieu a donné de plus beau à l’homme: la capacité de créer, de travailler, d’en faire sa dignité ».
Mais il ne suffit pas d’avoir « un travail », il faut pouvoir bénéficier d’un « travail digne », parce que tant de systèmes sociaux, politiques et économiques ont fait des choix qui exploitent les personnes.
Mes pensées vont aussi vers celles et ceux qui sont sortis des liens du travail et qui connaissent les soucis d’une retraite parfois insignifiante quand elle n’est pas nulle du fait des manquements de certains employeurs, oublieux souvent des droits élémentaires de leurs salariés.
Le travail, c’est la dignité de l’homme. La fête du Travail a été prise comme prétexte pour rendre hommage à cet autre grand homme qui a exalté le sens du travail afin d'en faire un Levier de la Foi. Mame Cheikh Ibrahima Fall a toujours évolué dans un registre hautement soufiste auprès de son Cheikh, Ahmadou Bamba Mbacké Khadimoul Rassoul. Il a laissé à tous les Mourides un sens extrême de la discipline et de la dévotion. C’est l’heure de saluer tout ce secteur appelé « informel », dont les membres sont souvent des fidèles dévoués à ce Saint Homme et qui ont fait du travail une de leurs valeurs cardinales émanant de la Parole Divine.
Développer notre pays demande du travail. Ne désespérons pas notre jeunesse en lui refusant l’accès à la dignité, celle que confère le fait de participer pleinement à l’essor de notre cher Sénégal. Le travail ne manque pas s’il s’agit simplement de porter notre pays sur les voies du développement.
C’est en cela que j’ai appris à cultiver l'art d'entreprendre pour participer à la création de richesse économique, sociale, culturelle, écologique propre à nourrir la confiance en l'avenir de mon pays.
Partager cette passion conduit à appréhender l’incertain en regardant les transformations du monde, à s’ouvrir au mystère de l’autre en écoutant subtilement et sincèrement son prochain, à apprivoiser le chaos d’un environnement complexe en croisant les informations, les savoir-faire, et à concrétiser l’immatériel, en donnant forme aux rêves, le tout avec le goût du risque en commun et de la performance sans cesse renouvelée.
Tous ensemble, travaillons à la valeur de notre Sénégal… Y’a vraiment du boulot….