LE REGIME DE L’APR DANS UNE PHASE D’ENTROPIE
Depuis l’indépendance, jamais la pression périphérique sur l’ordre institué n’a été aussi bruyante, agitée face à l’immobilisme, voire à la rigidité cadavérique des acteurs du régime de l’Apr quant à leur modèle de fonctionnement.
Depuis l’indépendance, jamais la pression périphérique sur l’ordre institué n’a été aussi bruyante, agitée face à l’immobilisme, voire à la rigidité cadavérique des acteurs du régime de l’Apr quant à leur modèle de fonctionnement.
Devenu imperméable à ce qui l’entoure et qui ne coïncide pas avec le régime et guetté par la dégradation et la décomposition internes. En s’efforçant de maintenir intangibles ses principes d’organisation, le régime de l’Apr prend le risque de compromettre à terme sa survie. Car la fermeture du régime aux sollicitations périphériques a pour conséquence entre autres, d’accroître la pression qui pèse sur lui. Malgré la stratégie offensive et agressive qu’il adopte par rapport aux mouvements sociaux, le régime ne parvient pas à résorber la perturbation. Loin de susciter un consensus véritable, le modèle répressif adopté creuse au contraire la distance des populations du pouvoir et entraîne l’isolement de ce dernier tant au plan interne qu’au niveau international.
A ce niveau l’acteur principal du jeu politique l’Apr, doit savoir qu’il y a une dialectique entre l’ordre politique interne et l’ordre international. A partir du moment où il y a rupture de cette ambivalence politique, l’idée de contrôle du champ politique devient illusoire, voire vouée à l’échec. Pris dans un cercle vicieux, le régime de l’Apr ne peut affronter la tension périphérique qu’en renforçant les dispositifs coercitifs.
Ainsi à la montée de la violence sociale, le régime développe une violence d’Etat pour assurer la continuité de l’ordre existant et contenir les antagonismes sociaux. Ce mode de fonctionnement politique de type explosif, comporte des limites évidentes, à savoir l’accumulation de la pression périphérique qui peut, si elle atteint un certain seuil, conduire à la rupture de l’équilibre politique. C’est au vu de cette situation que le régime tend vers une expansion de l’appareil politique et la restriction des libertés publiques. Au lieu d’atténuer les tensions par la prise en compte des besoins et préoccupations exprimés par les mouvements sociaux, le régime met en œuvre le modèle répressif qui contribue plutôt à les entretenir et à les aggraver.
Le mouvement par lequel il se referme sur lui-même est de nature mortifère et son aboutissement est la dégénérescence et la décomposition. Or le régime comme tout régime ne peut échapper à la mort tapie à son centre qu’en se projetant sans cesse hors de lui-même, qu’en s’emparant des éléments de création, d’innovation et de vie qu’il trouve à sa périphérique.
En définitive, le régime, au lieu de chercher à imposer un ordre par voie d’autorité, ferait mieux de mettre en œuvre un processus d’adaptation destiné à corriger ses erreurs et traiter les tensions qui submergent et secouent l’environnement sociopolitique. C’est la condition même de l’existence du régime qui ne peut survivre qu’au prix d’une remise en cause de son modèle de fonctionnement.
Kossoro Cissokho est Docteur en Droit, expert juriste consultant.