LES ÎLES DU SALOUM POUR UN SÉNÉGAL ÉMERGENT
La visite d’un citoyen lambda dans une contrée quelconque, de surcroît terroir de ses ancêtres, peut être considérée comme un fait anodin.
Cependant, visiter un terroir tel que les îles du Saloum, notamment l’île de Moundé, située dans la commune de Djirnda, département de Foundiougne, peut sembler un fait majeur du fait de la difficulté d’accès du lieu, et aux rudiments du monde moderne que sont l’eau potable, les infrastructures sanitaires et l’électricité.
Des situations de manque que ces braves et dignes populations Niominka ont rarement des canaux d’expression à l’image des autres localités du Sénégal.
En effet, même pour participer aux émissions interactives et pouvoir faire part de ses difficultés, il faut au moins disposer de l’électricité, ne serait-ce que pour allumer son poste radio ou son téléviseur, ou recharger son téléphone portable.
Loin de moi l’idée de vous faire un carnet de voyage touristique, mais juste me donner le droit de parler au nom de ces populations qui me l’ont demandé au cours de notre visite, et le sentiment qui m’anime.
Après une journée entière passée avec ces populations, nous avons choisi la voie écrite en attendant peut-être, comme elles l’ont souhaité, une audience pour transmettre au chef de l’Etat l’espoir que ces îles du Saloum placent en sa personne et en son mandat.
Cependant, avant la présentation de la situation sociale que vivent les populations des îles du Saloum, permettez-nous de vous présenter de façon très brève ce qui fait la particularité des îles du Saloum, ainsi que les personnes qui font sa fierté.
Les îles du Saloum, c’est d’abord l’enclavement. A titre d’exemple, il faut 1h 30mn de pirogue pour rallier Moundé, en provenance de Ndangane Sambou. Les îles du Saloum, ce sont ces localités qui ont vu naître l’historien Cheikh Faty Faye de Dionewar et l’honorable député Famara Sarr de Niodior.
L’honorable député Lamine Sarr de Djirnda, l’économiste Felwine Sarr et l’écrivain Fatou Diome de Niodior, Mamadou Lamine Thior, ancien Dg de la Poste, originaire de Dionewar, les journalistes Mamadou Thior de Thiallane et Moussa Thior de Moundé, sans oublier le défunt régisseur des prisons Lamine Thior, ainsi que le cinéaste Amadou Thior, le docteur Papa Moussa Thior et Lamine Thior de Mar Lothie, et les lutteurs Yahya Diop Yékini de Bassoul et Bouba Moundé, et les anciens internationaux sénégalais Lamine Diatta de Thiallane, Arfang Kor Daba Sarr de Djirnda et Fodé Touré, l’enfant chéri du défunt Claude Leroi de Dionewar, pour ne citer que ceux-là.
Cependant, si nous avons décidé de prendre notre plume, ce n’est point pour faire l’éloge des populations des îles ni pour vendre sa destination qui sera faite lors de nos écritures futures, mais plutôt pour partager la journée vécue avec ces populations qui manquent de tout, mais si fières et si dignes dans la souffrance.
Comparaison faite, on a constaté que pas une journée ne passe sans que l’on entende ou que l’on voie des manifestations de colère de populations avec des foulards rouges ou barrant la route pour réclamer de l’eau ou de l’électricité ; des moments de colère bien appréciés par certains confrères ; cela pour des heures ou des jours vécus sans électricité, au moment où de l’autre côté du fleuve Saloum, dix-neuf îles abritent des populations qui n’ont point de route à barrer et n’ont point de médias pour relayer leurs difficultés et dont le courant continu demeure une exception, et le courant discontinu la règle, et l’eau potable un luxe.
En effet à Moundé, à l’image des autres îles du Saloum, l’électricité n’arrive que de 19 heures à 23 heures et s’il vous plaît, chaque concession doit cotiser 5 000 frs pour l’achat du gasoil qui fait fonctionner le défectueux groupe électrogène jusqu’au 25 du mois, et cette situation n’émeut point ceux-là qui envahissent les ondes des radios dès que la Senelec a des difficultés.
Autre difficulté des populations des iles du Saloum, l’accès à une éducation de qualité, car au village de Moundé, à l’image des autres îles, c’est à la communauté de construire son propre collège avant de pouvoir en bénéficier, et même si tel est le cas, les professeurs et les tables-bancs ne sont pas au rendez-vous.
Autre difficulté, la santé. Point de poste de santé, encore moins d’infirmière. D’ailleurs à Djirnda, chef-lieu de la commune, l’infirmière chef de poste et la sage-femme ont plié bagages ; les malades sont transportés d’urgence en pirogue artisanale vers le centre de santé le plus proche qu’est Foundiougne et pour cela, il faut au minimum 2 heures de pirogue et la dernière patiente en provenance de Moundé est décédée au cours de son évacuation, et cela remonte à un mois.
Autre difficulté, l’accès des femmes aux financements. Ces braves insulaires qui transforment les produits halieutiques ainsi que les fruits et légumes n’ont jamais eu accès aux financements ; d’où l’urgence de penser à elles. Cependant, ces difficultés n’enlèvent en rien l’espoir que ces populations portent au Président Macky Sall et elles n’ont pas manqué de nous le signifier, car avec le Président Macky Sall, l’espoir est permis dans les îles.
En effet, le Président Macky Sall a été le seul et unique Premier ministre du Sénégal a avoir visité les îles du Saloum.
Depuis lors, beaucoup de régimes sont passés sans même qu’un ministre, voire même un directeur national ou un gouverneur, ne traverse le fleuve Saloum pour aller rencontrer ces populations de Moundé, Djirnda, Ngadior, Fambine, Baout, Felire, Diamniadio, Vélingara, Vayaro, Fangue, Fayako.
Hormis cela, le président de la République avait, dans son discours de lancement de la saison touristique 2014, lancé une invite à la promotion de la destination Sénégal en citant même les îles du Saloum, ce qui nous avait d’ailleurs fait plaisir et fait nourrir beaucoup d’espoirs.
Ajouter à cela le fait que c’est durant son magistère qu’enfin l’eau potable va couler dans les îles du Saloum et les travaux de raccordement sont en pleine exécution, sans oublier le désenclavement avec le pont de Ndakhonga inauguré récemment et qui est une porte d’entrée essentielle pour les îles du Saloum.
Autant d’éléments qui nous font nourrir de l’espoir que les problèmes d’infrastructures sanitaires, d’électricité, du financement des femmes, de l’emploi des jeunes seront bientôt de mauvais souvenirs.
Et depuis cette visite que nous avons effectuée dans les îles du Saloum, nous avons choisi de faire de la politique au nom et pour les îles du Saloum, car comme le disait Winston
Churchill : «J’ai été élevé à ce stade de la civilisation où tout le monde se plaisait à admettre que les hommes naissent égaux» ; donc si cela s’avère vrai, les populations des îles du Saloum doivent avoir accès aux mêmes privilèges que ceux-là de la terre ferme.
Ainsi, après cette tournée effectuée à Moundé, les îles du Saloum ont décidé d’accompagner le Président dans sa vision pour le Sénégal afin que les îles du Saloum ne ratent pas le train de l’émergence ; accompagner le Président afin que les îles du Saloum soient au courant de ses ambitions pour le Sénégal ; accompagner le Président pour promouvoir la destination des îles du Saloum ; accompagner le Président pour que les îles du Saloum tirent le maximum de profit du Plan Sénégal émergent ; accompagner le Président pour que l’électricité ne soit plus un luxe dans les îles du Saloum.
Accompagner le Président pour continuer et pérenniser les illustres œuvres de Mamadou Lamine Thior ; accompagner le Président pour que l’émigration clandestine ne soit plus le seul recours des jeunes, et enfin accompagner le Président dans les îles pour que les souffrances des femmes et des hommes soient atténuées.