LES JEUX SONT FAITS
Je ne suis pas demandeur - Je ne négocie rien, je ne manœuvre rien avec le président et je lui réitère ce que je pense sur les questions qui nous interpellent sans bouger d’un iota sur mes positions
La presse en ligne dans sa livraison du weekend, a diffusé une intox suite à ma déclaration sur la condamnation de khalifa Ababacar Sall. Notamment en ce qui concerne une information selon laquelle ce n’était pas encore fini pour le procès, que j’étais en train de manœuvrer et de négocier dans le cercle du pouvoir. Il était ainsi avancé que je serais reçu incessamment par Macky Sall. Je tiens à préciser que je ne négocie ni ne manœuvre avec personne et que je n’ai besoin ni d’émissaire ni d’intermédiaire pour rencontrer le président. Je connais Macky Sall depuis le sommet de l’Organisation de la Coopération Islamique (O.C.I) du Qatar en 2000 alors qu’il était Directeur de PETROSEN et membre de la délégation dirigée par Abdoulaye Wade et composée entre autres de Cheikh Tidiane Gadio, des ambassadeurs du Sénégal postés dans les pays du golf de Babacar Touré, de Serigne Ndiaye Bouna et du feu Abdou Latif Gueye. J’étais dans la délégation de la Banque Islamique de Développement venue de Djeedah pour couvrir le Sommet. Et depuis, il s’est développé entre nous des relations profondes. A travers tous les postes qu’il a occupé de simple Directeur de PETROSEN à la présidence de la République en passant par le Ministère de l’énergie, de l’intérieur, de la Primature et de président de l’Assemblée Nationale aux assises nationales et durant les cinq années où j’ai été membre de la conférence des leaders de Benno Bokk Yaakaar.
En tant que citoyen sénégalais, Macky Sall est mon président et je lui dois respect et considération. Mais par-dessus tout, je lui dois franchise et honnêteté; surtout lorsque le devenir du Sénégal est en jeu. Donc nous avons appris au cours des dernières années à échanger du fait de ma position de leader politique qui a largement contribué à sa victoire en 2012. Mais aussi, du fait de mon statut social de guide religieux engagé auprès des masses dont les idées et les sentiments comptent pour la gestion du Sénégal, et dont je me ferai la porte-voix tant que leur bien-être et avenir seront menacés comme ils le sont aujourd’hui. Mes positions ne souffrent d’aucune ambigüité. Les mêmes convictions que je défends publiquement sont celles que je répète au président quand je le rencontre. Il est triste de voir qu’au niveau le plus élevé, un pouvoir frileux et inquiet ait recours à la calomnie et à des insinuations pour décrédibiliser des citoyens qui veulent au président tout le bien du monde; mais qui ne pensent pas comme lui. Mame Abdoul Aziz Dabakh disait que : « Si biir li ngay nangu si ngay bagne lingay bagne ». Et c’est une dialectique que les esprits chétifs ne peuvent pas comprendre. Aujourd’hui ‘’Bey wey na mbous’’, les jeux sont faits.
Je suis candidat de Bës du Ñakk à l’élection présidentielle de 2019 et nous avons désigné un coordinateur et engagé dans la collecte de signatures pour le parrainage, escroquerie que Macky Sall nous a imposée à travers sa majorité mécanique à l’Assemblée Nationale et que nous n’avons de cesse de dénoncer. Nous sommes présentement à Mbour, et hier nous étions à Diokoul NDiaye, village d’origine de notre grand-mère Sokhna Rokhaya Ndiaye, mère de Serigne Babacar Sy. Nous avons fait la même chose à Pikine, Gandiole et à Yaman dans le Walo ; et nous sommes rassurés par l’enthousiasme des populations pour porter notre candidature qui dépasse de loin nos prévisions. C’est cela notre ligne d’action et aucune diversion ne peut nous en écarter.
Il se trouve qu’à cause de mes sorties sur les questions d’actualité avec leur impact sur la population, des voies sirène de toutes parts et très sénégalaisement ont essayé d’infléchir ma position. Des amis d’abord, certains dans l’entourage-même du président de la République, demandent à me rencontrer. Ce sont des amis que je connais depuis le mouvement étudiant en France dans le Mouvement des Etudiants du Parti Africain de l’Indépendance (M.E.P.A.I) et l’Association des Etudiants Sénégalais en France (A.S.F) que j’ai eu l’honneur de diriger. À l’instar de Ahmat Dansokho et de certains dirigeants ou anciens militants du PAI dont Magaye Kasse, Mari Teuw Niane, Harona Dia, Manker Ndiaye, Pape Mbaye et bien d’autres. J’ai gardé d’excellentes relations et nous continuons à échanger sur la situation du pays même si nous n’avons plus les mêmes positions politiques chacun admirant en l’autre la qualité de la formation théorique et de l’expérience politique acquises dans les organisations de la gauche française. Ils ont trempé leur conscience révolutionnaire dans les batailles héroïques que leurs partis et nous, à l’intérieur, avons menées ensemble.
J’ai toujours revendiqué le droit d’avoir de l’estime avec des gens qui ne partagent pas mes positions politiques. Certains parmi ces gens que j’estime, ont souhaité, de leur propre chef, une rencontre avec le président ; certains dignitaires de Tivaouane sont du même avis. Ils ne me demandent pas de le soutenir comme le raconte la presse actuellement mais de le rencontrer parce qu’ils considèrent que je ne dois pas être partisan à cause de mon parcours qui fait de moi l’un des hommes les plus consensuels du Sénégal, appelés à jouer d'autres rôles. Ce qui m'importe c’est de tenir le cap que j'occupe depuis un demi-siècle, cap de lutte exténuante à côté du peuple depuis mai 68, c’est-à-dire du côté du peuple. Quant au Khalife dont la position est connue et plusieurs fois réitérée, nous n’en avons jamais discuté.
Je ne suis pas demandeur. Je ne négocie rien, je ne manœuvre rien avec le président et je lui réitère ce que je pense sur les questions qui nous interpellent sans bouger d’un iota sur mes positions. Cela était le cas pour les élections législatives de 2012, les locales de 2014, et le référendum de 2016 alors que Bes Du Ñakk était encore dans la coalition présidentielle. Nous avons toujours agi selon nos convictions pour la sauvegarde des intérêts et de la dignité du peuple sénégalais ; et nous continuerons à le faire.
Je ne rentrerai pas dans les détails des motivations qui poussent les partisans du Président à chercher un rapprochement ; eux qui, il y a que quelques temps, ne supportant pas mes sorties, ne rataient aucune occasion pour me traîner dans la boue dans des articles commandités par ou portant signature du staff du palais allant jusqu’à demander maladroitement à mes parents et talibés de s’insurger contre mes positions politiques. Ils le font par ignorance parce qu’à Tivaouane, ce n’est pas une hiérarchie mais une polyarchie où les centres de décisions sont éclatés, conséquence de la douloureuse et longue histoire de notre famille. C’est pourquoi mes positions politiques ne sont dictées ni par des considérations familiales ou amicales, confrériques ou parentales. Elles suivent les orientations stratégiques de notre mouvement et c’est le Directoire National de Bes Du Ñakk qui en décide et personne d’autre. Certains encore considèrent que je dois être un régulateur qui transcende les divisions partisanes, être en réserve de la nation et être le recours en cas de crise profonde. C’est ainsi que j’ai été sollicité par de hauts responsables du P.S pour être un médiateur entre Tanor Dieng et Khalifa Sall dès l’éclatement de la crise que traverse le parti. Aujourd’hui, j’ai un problème de conscience de n’avoir pas répondu avec célérité à cette requête parce que l’affaire Khalifa Sall n’aurait jamais pris la tournure actuelle, n’eussent été l’immaturité politique de Macky Sall et le cynisme de ces alliés semi-séniles.
Bes Du Ñakk, parti laïque, m’a mandaté d’utiliser mes bons offices et discuter avec tous les acteurs de la vie politique sénégalaise et lui rendre compte régulièrement. Ainsi nous avons rencontré beaucoup de leaders et de candidats à la candidature, donc de potentiels concurrents. Nous avons beaucoup appris dans cette proximité sur l’énorme gisement de ressources humaines de qualité dont regorge le Sénégal et capable de le développer. Bes Du Ñakk considère que c’est cela qu’exige la complexité des enjeux du pays qui se trouvent en situation révolutionnaire. Et comme le disait Lénine dans La question Irlandaise : « En situation révolutionnaire, il n’y a pas de purs et d’impurs ».
Et le théoricien de la révolution d’Octobre définit dans son antique analyse la dialectique du " déjà plus " et du " pas encore " en ces termes : « Pour qu’une situation puisse être dite révolutionnaire, il faut que " ceux d’en bas " ne veuillent plus vivre ou été gouvernés comme précédemment et " ceux d’en haut " ne puissent plus diriger comme précédemment et que " ceux du milieu " basculent du côté de " ceux d’en bas " ». C’est exactement la situation du Sénégal où Macky Sall ne peut plus gouverner comme Senghor, Abdou Diouf, et Wade (mais il l’ignore car il n’a pas l’épaisseur stratégique pour le comprendre) et les sénégalais ne sont plus prêts à vivre et à être gouvernés comme avant (cela aussi il l’ignore pour les mêmes raisons). Voici ce qui fonde théoriquement notre démarche et les médiocres tentatives de diversion ne sauront nous dissuader.
Mansour Sy Djamil est président, Bes Du Ñakk, Mouvement Citoyen de Refondation Nationale