LES MIRAGES DU TER
Rien ne saurait justifier cet empressement à inaugurer un TER qui au bout du compte, après quelques heures de gloire de notre président-politicien, sera immobilisé le temps de la finition de tous les travaux
Le Sénégal, un pays très étrange où on voit du tout. Un pays champion de l’inauguration de travaux en cours où on pioche par ci et là et où des ouvriers sont mobilisés jour et nuit pour accélérer la cadence chère à l’ancienne premier ministre madame Aminata Touré par pour opportunisme politique à quelques semaines de l’élection présidentielle du 24 Février 2019, en vue de séduire, voire de mystifier les esprits naïfs alors que des pans entiers de l’exécution de ces ouvrages ne sont pas entamées. Pire, elle détériore le cadre de vie de beaucoup de nos compatriotes. Les desiderata du président Macky Sall priment sur toutes autres considérations. Le calvaire des populations impactées par le TER peut perdurer le temps des jouissances festives du roi de la cour de Benno Bokk Yakaar.
Rien n’a changé sous nos tropiques. Les autorités de la République s’empressent pour dérouler le tapis rouge au président – politicien et d’autres encore ses thuriféraires zélés ou dames de compagnie qui lui rappellent le passé glorieux de sa lignée de guerriers en mobilisant des populations en manque de repère et de fibre patriotique habillées à l’occasion de tee-shirt à l’effigie de leur mentor Macky Sall et qui dans un dénouement total peuvent se contenter de petites monnaies pour applaudir à tue – tête un homme qui n’a que faire de leurs récriminations et revendications.
Pourtant, rien ne saurait justifier cet empressement à inaugurer un TER qui au bout du compte, après quelques heures de gloire de notre président - politicien, sera immobilisé encore pour quelques mois le temps de la finition de tous les travaux.
Ce Lundi 14 Janvier 2017 est une journée de pire folie. De Rufisque en passant par Thiaroye et Yarakh, beaucoup de nos compatriotes se sont vu refuser de traverser le long du tracé de la ligne du TER en l’absence de passerelles pour vaquer à leurs occupations et même des écoliers ont dû faire l’école buissonnière pour ne pas perturber la fête. Et quelle fête ! Ce TER, un bijou qui fait entrer le Sénégal dans l’ère du réseau ferroviaire à grande vitesse, n’enthousiasme que peu de personnes et laisse derrière lui de la désolation et un climat d’inquiétude. Sur tout le long du trajet, les citoyens sénégalais ne sont pas sortis en masse pour admirer cette prouesse technologique. Les regards sont ailleurs.
Des vies détruites et des familles disloquées dans la banlieue Dakaroise. Des liens de voisinage, de camaraderie voire de fraternité noués depuis plusieurs décennies, défaits pour le plaisir du prince. L’Etat du Sénégal n’a pas pris en compte le capital humain en question en vue de permettre à ces familles de se retrouver. Donner des millions par ci et là à titre de dédommagement à ces familles impactées par le TER est contre-productif et crée beaucoup plus de problèmes. Des familles se sont déchirées pour le partage du butin du président Macky Sall. En réalité, l’Etat du Sénégal aurait dû procéder autrement en recasant toutes ces familles dans une autre zone d’habitation salubre.
Des jeunes au regard craintif pour des lendemains sombres et qui veulent coûte que coûte fuir le pays. Un endettement excessif qui plombe nos finances publiques. Une politique sociale dévoyée en raison même de pitoyables calculs politiciens en vue de maintenir nos compatriotes les plus vulnérables dans la servitude et le déshonneur de devoir attendre une pitance mensuelle d’hommes et de femmes qui se servent allègrement et de manière éhontée sur nos deniers publics. Un climat social tendu qui ne laisse aucune place à des négociations crédibles pouvant permettre aux uns et aux autres le sens de la mesure et de la responsabilité dans la conduite des affaires publiques.
Des dossiers judiciaires qui font planer le doute et la suspicion au cœur de nos institutions républicaines.
Un processus électoral remis en question par les partis de l’opposition et par les membres de la société civile. Un pouvoir aux abois qui manipule à outrance et refuse de respecter les droits les plus élémentaires de nos compatriotes.
Des citoyens sénégalais privés de carte biométrique par la seule volonté de notre président par défaut, Macky Sall dans le dessein sordide de leur priver un droit de vote, garanti par la constitution du pays
Un Conseil constitutionnel qui ne dit pas le droit et qui trouve par une parade grotesque des voies et moyens en vue d’évacuer des requêtes légitimes et d’écarter des candidats, voire des adversaires de taille du président Macky à l’élection présidentielle du 24 Février 2019.
Un pays exsangue où des journalistes ou des chiens de garde du régime de Benno Bokk Yakaar se relaient depuis plusieurs jours dans le but de mouiller et de décrédibiliser un responsable politique, monsieur Ousmane Sonko, le leader de Pastef les Patriotiques, qui pourtant a signalé à l’opinion publique sénégalaise le scandale du détournement de 94 milliards de francs CFA.
Un procureur de la République qui garde le silence sur cette affaire. Des politiciens de la mouvance présidentielle et d’autres transhumants politiques poursuivent la provocation et crient partout que les dés sont déjà pipés.
Une perte de temps et d’argent pour organiser une élection présidentielle déjà liée et gagnée largement par le roi de la cour de Benno Bokk Yakaar.
Des marabouts qui gardent le silence sur les turpitudes et exactions du régime, mais qui s’empressent de discourir sur la nécessité de préserver la paix sociale. Et pas un mot à l’encontre du président Macky Sall qui depuis sept ans détruit de concert avec ses hommes de main sans foi ni loi, nos droits et libertés et qui teste les capacités de résistance du peuple.
Pourtant, c’est le même pays qui brandit avec fierté à travers son président de la République, la réception du TER alors que les urgences sont ailleurs et le temps presse pour rattraper le train de l’histoire des nations modernes qui ne s’attardent pas sur des inaugurations à l’emporte pièce en vue de festoyer, voire de s’attirer une aura illégitime.