LES OUBLIÉES
EXCLUSIF SENEPLUS - Ce 8 mars, on parlera d’égalité, de genre, de parité - Mais on oubliera les disparités salariales, les corvées domestiques - On veut jeter un voile pudique sur les incestes
Le propre des rites et des rituels, c’est d’encrer les référentiels des sociétés dans les mémoires évanescentes, ou, d’exorciser des fautes, des culpabilités, et autres crimes encombrants. Ainsi du 8 mars, qui sera « célébré », comme chaque année, avec des fastes insolentes, pour couvrir du voile de connivence nos responsabilités de « mâles dominants », dans une société à dominante hypocrite.
Ce jour-là, à force d’incantations, et de comédies honteuses, on chantera la femme mère, la femme épouse, la collègue des labeurs. Pour oublier les drames domestiques de femmes battues par des maris, les mains baladeuses de collègues, des violeurs compulsifs de nos villes et campagnes. On veut jeter un voile hypocritement pudique, sur les incestes de femmes analphabètes, tombées dans les pièges de mariages forcés, de maris partis dans d’autres continents à la recherche de la pitance familiale.
Les faits divers de nos polices, gendarmeries et tribunaux en témoignent quotidiennement, et notre presse relate tout cela avec une délectation lubrique et un voyeurisme suspect.
Ce 8 mars, on parlera de quotité, d’égalité, de genre, de parité. Mais on oubliera les disparités salariales, la double journée de travail de la femme travailleuse, les corvées domestiques... Comme l’a fait cet ami à mon égard, je vous demande aussi : « A quel resto amènerez-vous madame »?!
Mais ce 7 mars, c’était le douzième mois que passe le maire de Dakar au pénitencier de Rebeuss. Pour avoir « fait comme tout le monde » avant lui ? Non, pour n’être pas du « bon bord ». Celui des copains et des coquines du moment ; du quinquennat « wax waxeet » . Pour avoir eu l’outrecuidance d’afficher des ambitions présidentielles. Il attend le verdict, le 30 mars prochain, sans réel espoir. Contrairement à un autre prétendant au trône, Karim Wade, exilé au Qatar, Khalifa Sall élira domicile dans le village touristique des politiciens ambitieux et de voleurs de poules...
En mars, cette année, nous avons appris que des voleurs jugés comme tels par une cour très spéciale, embastillés pendant des mois dans notre pénitencier résidentiel » l'étaient finalement déclarés innocents. Aida Ndiongue a été lavée à grande eau judiciaires par une justice qui nous surprendra toujours. Quid des 47 milliards dont elle était accusée de.... quoi, du reste ? Non seulement, elle va recouvrer ses biens, mais elle pourra même réclamer réparations à l ‘état. Sublime cadeau de 8 mars pour une femme au parcours atypique et au destin digne de Hollywood. À quand un film sur cette histoire.
Mais cette semaine du mois de mars, c’est aussi celui des menaces sur l'école. Une semaine de « conflit total », avec un mépris tout aussi total des autorités, avec un ministre de tutelle qui se complaît dans le chantage, la manipulation, et le dilatoire. Une semaine qui marque un tournant décisif pour une année scolaire gravement compromise. Mais tout le monde semble s’en foutre. Quand le gouvernement ne crie pas aux maîtres chanteurs ou menace des enseignants, il déploie énergie extraordinaire pour... un deuxième mandat. S’en fout de l‘école et du devenir des gamins. Ces maîtres chanteurs d’enseignants resquilleurs veulent nous priver de notre deuxième mandat
Alors, on brouille les pistes et les esprits. Le griot du roi insulte les opposants et exige du roi qu’il coupe des têtes récalcitrantes, comme celle du médiateur de la République. Pays merdique où les flibustiers dictent au chef élu, la conduite à prendre. Vous avez dit République ? Et puis, un autre ...chanteur, celui-là, joue au poker menteur, grossièrement gonflé par ses organes de presse. Voilà un danger pour la République avec lequel on veut nous obliger à vivre : une presse d’influence, qui mène des combats partisans...
Alors, le ministre Abdoulaye Daouda Diallo peut toujours ergoter sur nos « bonnes routes, mais qui ne sont pas éclairées », et imposer aux citoyens de ne pas conduire la nuit ; le Khalife-président peut toujours soupirer de regrets contre les accidents mortels au quotidien, en oubliant les tares de ses services (flics et gendarmes), qui regardent circuler ces véhicules, tueurs en série, sans les verbaliser ni les garer...
Alors, qu’est-ce qu’on a à cirer des complaintes d’un apparatchik qui pleurniche sur les dangers fractionnistes qui hypothèquent... le deuxième mandat de leur président.
En mars, refuser de marcher au pas, comme ils veulent nous l'imposer, devient un acte citoyen. Comme sauver l’école.