LES RÉFRACTAIRES AU DIALOGUE
L'on s'aperçoit, à l'analyse des arguments qui sous-tendent le refus d'une partie de l'oppostion de participer au dialogue, de la présence choquante d'un amalgame d'arguties, de sophisme

Le dialogue convié par la majorité présidentielle fait l'objet d'un rejet énigmatique d'une partie de l'opposition, charriée par Mankoo Taxawu Senegal, le" PDS et ses alliés". Cette attitude me paraît aberrante du point de vue des principes, compte tenu du fait que le dialogue résulte d'une situation de divergence ou différence d'opinions, et en tant que tel, s'impose comme ce qu'il y'a de plus légitime dans la recherche d'un consensus.
Arguer de quelques principes préconçus que ce soit pour récuser tout dialogue, relève à mon sens d'un apriorisme fallacieux. Il faudrait accepter de se confronter à l'expérience et convoquer par la suite des faits probants, aptes à fonder des principes adaptés à la réalité, pour ensuite définir quelque stratégie que ce soit. Un refus de dialoguer motivé par l'exigence d'un gage préalable sur certains points de divergence donnés, pose problème.
Soit ces points en question sont essentiels, auquel cas le dialogue est le cadre idéal pour en discuter - car la différence d'opinion est la raison d'être d'un dialogue. Ce n'est pas le dialogue qui crée le besoin de divergence, mais l'inverse qui est vérité. Ou ils ne le sont pas et ne devraient pouvoir servir alors de prétexte pour un rejet.
Cette invitation au dialogue n'a pour but que de produire un diagnostic intégrant tous les arguments des participants aux fins d'arriver à des conclusions qui satisfassent tout le monde et créer à terme une relation pacifiée entre les différents pôles. Il traite à chaque round, de seulement quelques questions et permet de passer à d'autres. Il ne faut pas le prendre pour ce qu'il n'est pas - une offre de solutions définitives pour tous nos problèmes existentiels.
Le ministre de l'intérieur, en prenant une telle initiative affiche son intention d'assumer honorablement, avec courage et détermination, son rôle de maître d'œuvre de la vision du chef de l'Etat, s'agissant ici, d'anticiper toute action utile à préserver la concorde et l'établissement de relations apaisées à l'échelle du Pays.
Par ailleurs, l'on s'aperçoit avec regret à l'analyse des arguments qui sous-tendent ce refus, de la présence choquante d'un amalgame d'arguties, de sophisme, d'antinomie, de fausses précisions, qui soulèvent des questions.
Revue de quelques morceaux d'arguments choisis.
1- De la disqualification de Ali Ngouille Ndiaye.
Comment, après avoir réclamé avec insistance le limogeage de Abdoulaye Daouda Diallo, l'opposition peut-elle encore camper dans ses positions après s'être vu gratifiée d'un accord à sa demande, au prétexte que l'homme qui le remplace, en l'occurrence Ali Ngouille Ndiaye, est semblable au limogé? C'est faire dans le sophisme existentiel, tout comme le fait d'avancer qu'un tel, parce que appartenant à tel ou tel camp, est de ce fait un tricheur, un fraudeur, malhonnête, forcément partial, à l'image d'un tiers autre de sa communauté. Tout ceci n'est pas crédible, il n'y a pas dans ce bas monde deux personnes identiques l'un et l'autre et, Ali Ngouille Ndiaye et Daouda Diallo sont bien distincts l'un de l'autre, vu sous tous les angles. Que l'on juge chacun d'eux sur des faits probants de son chef.
2- De la libération préalable de Khalifa Sall.
Comment un politicien responsable, à fortiori un responsable politique quel que soit son camp, peut-il demander au chef du pouvoir exécutif de sortir quelqu'un des griffes de la justice, tout en nous promettant un projet de société démocratique? Il y a là une antinomie grave.
L'on peut ne pas être d'accord sur les motifs pour lesquels Khalifa Sall est incarcéré, le soutenir, s'investir dans toutes actions en vue de le sortir de cette situation, tout sauf demander expressément, encore moins publiquement, au chef de l'exécutif de s'immiscer dans les affaires du pouvoir judiciaire. Quelle que soit la situation dans laquelle on est, l'on prône, ou le changement, ou le statu quo.
Porter l'argument Khalifa Sall de la façon dont c'est fait par certains politiciens, ne me semble pas relever d'une bonne stratégie pour une coalition; même si par ailleurs c'est émotionnellement captivant et noble dans un sens, car fondé sur la solidarité et la loyauté.
3- Des questions liées aux prochaines élections, dont le fichier électoral et la distribution des cartes biométriques.
Comment ces questions peuvent-elles être dirimantes? Le dialogue n'est-il pas un cadre idéal pour poser les problèmes survenus en elles et en débattre au-delà des critiques formulées? L'opposition et le pouvoir sont responsables, l'un autant que l'autre, de la concorde ou de la discorde sociale. Ils sont condamnés à la collaboration d'une façon ou d'une autre et autant que possible dans l'évitement de la violence.
L'on entend souvent dire que pour une bonne démocratie "la majorité présidentielle au pouvoir a besoin de l'opposition" mais l'on se garde souvent de dire la suite de la phrase tout aussi vraie "l'opposition a de la même manière besoin de la majorité présidentielle au pouvoir".
Prenons garde de l'obsession, elle tourne l'illusion en vision.
L'on constate que l'opposition se remet de sa torpeur due aux déconvenues des coalitions téléguidées vers l'objectif de cohabitation politique, lors des dernières législatives et, concocte hasardeusement une reconfiguration. Ce qui est étonnant, c'est qu'elle nous serve encore davantage de la même recette que de toujours. Aujourd'hui plus que jamais les coalitions ressemblent à de la sauce "gombo/huile de palme" avec des ingrédients incompatibles et indigestes.
Chez la plupart l'on voit un conglomérat de politiciens et personnes de la société civile reconverties, conscients eux-mêmes de ne pas s'aimer mutuellement, décider de ranger leurs inimitiés et aller ensemble à l'assaut du pouvoir en 2019. Ce projet ne peut être porteur d'espoir pour les populations, parce qu'il est fondé sur des énoncés et propositions fausses, qui font le ciment de leur entente.
Ces gens n'ont en commun qu'un mythe crépusculaire du régime de Macky Sall, et partant de là, oublient que seule une stratégie politique pertinente peut les avantager, et non le fait de se muer en une meute d'hyènes sur les traces d'un cadavre. Que ce régime soit en agonie, n'est malheureusement pour eux pas une réalité évidente.
Ce mythe est entretenu par de fausses allégations telles que :
- ["les sénégalais ne savent pas élire, ils savent seulement évincer": allégations que démentent les faits - les sénégalais n'ont jamais évincé en dehors d'une élection en règle;
- "Macky est un poltron, il suffit d'une bonne épreuve de force, avec une dose de violence, pour qu'il abandonne le pouvoir et s'enfuie": Faux! Aucun acte ou fait, ni même parole de Macky n'étaie cette allégation, c'est donc suspect, etc...].
Ce mythe là est un facteur compromettant de leur recherche de victoire, car il réduit toutes leurs stratégies à une seule fin, instaurer des troubles pré électoraux, qui destitueraient de fait le régime au pouvoir. L'on en vient alors à des coalitions ambiguës, des décisions incohérentes, des défaites naïvement programmées. Au finish l'on explique sa défaite aux sénégalais par le vol ou la triche orchestrés, alors que ce sont l'obsession et la haine qui ont eu à biaiser leur vision et aiguiller leur destin tout droit à cette issue.