LETTRE OUVERTE À AÏSSATA TALL SALL
Dans un pays où la politique loin d’être une vocation n’est plus ni moins qu’un métier avec toute l’étendue que la terminologie renferme, les déceptions se succèdent comme les périodes d’un cycle dont l’avènement est prédéfini
J’ai fait le choix de fondre ma douleur de jeune garçon déçu par le grand amour qui a bercé son adolescence, dans celle que vous avez infligée à toute cette jeunesse suspendue à votre cause depuis toujours. Cette dernière l’emporte grandement sur mon cas personnel.
Dans un pays où la politique loin d’être une vocation n’est plus ni moins qu’un métier avec toute l’étendue que la terminologie renferme, les déceptions se succèdent comme les périodes d’un cycle dont l’avènement est prédéfini en dehors de toute dose humaine. Ce qui choque ce n’est point le fait que vous ayez rallié la mouvance présidentielle, notre déception ne réside pas dans le camp choisi mais dans la simple constatation de l’acte de transhumance. C’est une démarche indigne du rang auquel toute cette jeunesse, surtout féminine, vous avait érigée, et elle est rédhibitoire de l’égard que les hommes de ce pays vous vouaient parce que voyant en vous la certitude d’une alternative credible qui mettait en échec notre conception patriarcale du pouvoir, ou de l’organisation sociale tout simplement.
Parce qu’en réalité, vous représentiez le prototype le plus achevé, la nuance la plus aboutie de l’idéal féminin alliant à la fois: intelligence, raffinement, force de caractère, engagement, abnégation et indépendance. Mais vous manquez de la plus essentielle de toutes ces valeurs et ça le temps l’a démontré: la constance. Elle porte le sceau de l’intégrité qui dirime toute compromission, elle nous tient droit dans nos convictions malgré les brises fléchissantes du vent du pouvoir, elle nous rappelle la posture à laquelle on s’est astreint et l’icône que nous représentons pour d’aucuns. Hélas, la plus belle femme du monde ne peut offrir que ce qu’elle a.
Nous avons eu la candeur de vous croire plus pourvue et plus nantie que cela mais NINI. Venant, d’autres individus, la réaction populaire aurait été moins hostile puisqu’ils se sauraient greffés sur la longue liste d’affamés en quête de pitance . Mais notre déception est à la mesure de l’estime à laquelle nous vous tenions. Quelle explication pourrait justifier le sacrifice d’une gloire populaire dûment acquise à l’autel d’une commodité ponctuelle qui à terme ne sera qu’infortune? Je l’ignore. Une chose est sure, au large de la postérité émérite, vous avez fait le choix ultime de vous compromettre dans les vagues d’un avenir sibyllin auquel vous avez failli nous faire croire mais hélas vous avez osé la déconvenue, le déshonneur, la bassesse, et dans votre noyade vous emportez l’espoir d’une gente féminine qui se retrouvait dans vos cause, combat et discours au point de faire de vous leur idole de toujours et l’héritière choisie de toutes ces femmes vertueuses qu’elles n’ont pas eu l’aubaine de connaître si ce n’est par le biais de livres et récits parfois surfaits alors que Vous au Moins vous leur êtes contemporaine, donc vous n’aviez point le droit. Partez Me, au final seuls les vrais resteront si tant est qu’il en existe encore dans cette sphère politique.
Mais qu’à cela ne tienne, le peuple, le seul allié à avoir, restera fort dans sa souveraineté et sa volonté résolue de désirer le meilleur pour lui. Vous venez d’échanger la couronne populaire gage d’immortalité contre la corde symétrie de reniement et pendaison. L’icône s’est immolée Et la petite princesse peulh mourra de sa vile mort sans que la prophétie qui la prédestinait grande royale, ne se réalise.