LETTRE OUVERTE À MACKY SALL
EXCLUSIF SENEPLUS - La face sombre de votre magistère s’écrit à l’encre des privations de liberté, de l’instrumentalisation de la justice, du détournement massif des deniers publics
J’ai appris dans une récente édition du journal de l’APR, le Soleil, que la nouvelle Directrice générale du Fonds monétaire international (FMI) Kristalina Georgieva, a salué « les performances économiques du Sénégal ». Dans le même canard, M. Hafez Ghanem, vice-président de la Banque mondiale (BM) pour la Région Afrique, baratine que « le Sénégal est une réussite économique ». Vous m’excuserez certainement de ne pas m’extasier devant ces contre-vérités que nous lancent irrespectueusement les sangsues de Bretton Woods. Certainement, vos zélotes ne manqueront pas de me ranger dans la catégorie des nihilistes ou des négativistes comme tous avec qui je partage les mêmes schèmes de pensée critique sur votre politique dans tous les secteurs. Mais qu’à cela ne tienne ! Au moment où les pieuvres du FMI et de la BM vous délivrent un satisfecit, notre pays, déjà terrassé par notre TER et autres investissements somptuaires, agonise à cause de cette fièvre haussière qui est devenue le seul remède de cheval que vous pensiez efficace pour nous sauver de la mort sociale.
Mais je comprends que ces fleurs du mal que vous offrent les magiciens du FMI et de la Banque mondiale vous comblent, à juste raison, de bonheur parce que vous, comme vos prédécesseurs, vous vous satisfaites plus des applaudissements extérieurs que des lamentations intra-muros. Depuis 2012, les gendarmes de Bretton Woods vous ont demandé de supprimer la subvention sur l’électricité qui permet aux ménages vulnérables de pouvoir disposer de l’électricité comme les autres couches de la société. Et voilà, après sept ans de résistance hardie que nous avons salués, vous avez fini par jeter l’épée pour satisfaire les desiderata des manitous du FMI dont les sigles renvoient à Famine, Misère et Indigence. En effet, en supprimant la subvention sur l’électricité qui, tant bien que mal, permettait aux goorgoorlus de gagner quelques petites économies dans leur pouvoir d’achat, vous subissez l’impérialisme des sans-cœur du FMI qui nous plongent davantage dans la famine, la misère et l’indigence.
Monsieur le président,
Je vous signale que les 3000 agents de la Senelec comme beaucoup d’autres fonctionnaires et de prétendus consuméristes corrompus jusqu’à la moelle des os, qui défendent cette hausse inique et cynique de l’électricité, ne payent pas l’électricité sinon à un taux quasi-nul. Par conséquent, qu’ils souffrent que des citoyens, mus par l’intérêt de la République, prennent l’initiative, au nom de la sacralité de la bible constitutionnelle, de manifester leur mécontentement et leur refus de cette hausse qu’insupportent en grande partie les ménages vulnérables nonobstant les mensonges faussement rassérénants débités pêle-mêle par de soi-disant communicants officiels ou autoproclamés de la Senelec. Au lieu de féliciter les citoyens qui se battent pour la justice sociale, voilà que le placide Guy et compagnie sont appréhendés devant le mur des lamentations de la République et envoyés injustement en prison pour des raisons politiques.
Monsieur le président,
Il existe sous votre magistère une répression physique, judiciaire ou administrative ciblée touchant les personnes porteuses d’idées, de projets tendant à remettre en question votre ordre social et politique. C’est pourquoi, à chaque manifestation, des combattants de la cause sociale et politique sont attaqués, arrêtés et livrés à des magistrats dont l’indépendance reste problématique. Et parmi ces combattants de la cause sociale et politique, figurent Guy Marius Sagna, Babacar Diop et autres qui croupissent séparément dans les geôles crasseuses de Dakar. Ainsi, je soutiens ces héros de la justice sociale parce qu’ils veulent mettre notre démocratie en cohérence avec elle-même. Et la démocratie, c’est l’art de s’occuper du bien-être des populations et non d’un clan, d’une famille politique ou biologique. Par conséquent, je m’estime cohérent en les soutenant contre tout ce qui peut rendre précaire la vie des Sénégalais surtout vulnérables.
Monsieur le président,
Le 6 décembre 2018, lors de la soirée spéciale « Gilets Jaunes : sortir de la crise » organisée sur BFMTV, devant le ministre de la Transition écologique François de Rugy et la secrétaire d’État chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes Marlène Schiappa, le chauffeur routier et un des leaders des GJ, Eric Drouet, a, en effet, appelé ses camarades à « rentrer dans l’Élysée » pour l’Acte IV de la mobilisation. Couvert par la loi sur la liberté d’expression, Drouet n’a jamais été l’objet de poursuite dans cette affaire. De tels propos au Sénégal auraient valu à un opposant une arrestation manu militari dans les locaux du lieu d’émission parce que, dans notre pays, la justice ne fonctionne que contre vos opposants ou ceux qui flétrissent votre politique.
Le procureur de la République n’a jamais osé interpeller les sauvageons de votre parti qui, nuitamment, sont venus secouer les grilles de votre palais pour exprimer leur courroux devant ce qui leur paraissait comme une injustice. Certainement qu’ils ont confondu le palais de la République qui n’est pas votre propriété avec votre résidence de Mermoz. Tout le pays était indigné par cette indiscipline notoire qui n’a jamais attiré l’attention du Procureur. A cela s’est ajouté l’épisode des terroristes de la Cojer qui ont eu la témérité suicidaire d’escalader les grilles du palais pour prendre leur part au banquet copieux que vous offriez à leurs camarades. Sanction judiciaire étonnamment laxiste : 15 jours de prison.
Mais aujourd’hui, des citoyens qui n’ont que l’amour de cette patrie dans leur corps et âme sont appréhendés et placés sous mandat de dépôt en attendant une information judiciaire pour des faits qui relèvent du flagrant délit. Tactique habile pour les mettre au gnouf pendant un certain temps et briser le mouvement de résistance contre les injustices sociales. Et c’est cela le Sénégal, les tortionnaires de bouts de bois de Dieu, les saccageurs de tribunal, les escaladeurs des grilles du palais, les détourneurs de deniers publics, les trafiquants de drogue ou de faux médicaments sont épargnés adulés tandis que les honnêtes défenseurs de la cause sociale sont envoyés au purgatoire carcéral.
Et au lieu de se glorifier de ces figures de proue de la lutte des plus faibles contre les puissants, des godillots de Bennoo à l’Assemblée nationale les qualifient de figures maléfiques d’un activisme stérile voire d’un terrorisme suicidaire qui doivent être sanctionnés durement. C’est l’hôpital qui se moque de la charité. S’il en est ainsi, les sauvageons marron qui ont osé enjamber les grilles du palais doivent être envoyés à la potence.
Monsieur le président,
Quand vous sollicitiez les suffrages des Sénégalais en 2012, vous vous engagiez à mettre fin aux inégalités et aux injustices. Malheureusement, c’est l’exact contraire auquel nous sommes en train d’assister. La prison, sous votre magistère, est le devenu le pandémonium de tous les honnêtes Sénégalais qui ne partagent pas votre politique. Et pendant ce temps, combien sont-elles ces directions et agences épinglées par les corps de contrôle et dont les responsables, militants de votre parti, ne sont jamais punis ? Aujourd’hui, être de la mouvance présidentielle garantit une immunité contre toute poursuite judiciaire, sinon Ousmane Ngom, interdit de sortie du territoire, ne partagerait pas avec votre Excellence le même avion pour pérégriner à travers le monde.
Sinon le procureur du TGI de Mbour, Alioune Sarr, qui avait poursuivi pendant la période préélectorale une militante de l’Alliance pour la République, voleuse de cartes d’identité, ne serait pas relevé vindicativement de sa fonction pour être affecté comme avocat général à Saint-Louis.
Sinon l’alors directeur des Transports, le responsable apériste El Hadji Seck Ndiaye Wade, appréhendé pour complicité de concussion et de corruption dans le domaine de l’établissement des permis de conduire, du traitement des dossiers d’agrément et de licences de transport, selon le rapport public 2014-2015 de l’Ofnac, inculpé et placé sous mandat de dépôt par le juge du 1er cabinet près le TGI de Louga au mois d’avril 2016, ne serait pas extrait de la prison, quelques jours plus tard, pour être promu président du Conseil d’administration du Fonds d’entretien routier autonome du Sénégal (FERA).
Sinon les héros de la résistance anti-néocoloniale, Guy Marius Sagna, l’universitaire Babacar Diop et compagnie, pour avoir exercé un droit constitutionnel, ne passeraient pas une seule nuit en prison à cause de la vulgate d’Ousmane Ngom. Mais c’est cela le Sénégal sous votre magistère : la prison pour vos contradicteurs innocents, la liberté pour vos partisans coupables judiciairement.
M. le président,
En dehors de toutes les réalisations que vous avez effectuées pour le bien-être des Sénégalais, la face sombre de votre magistère s’écrit à l’encre des privations arbitraires de liberté, de l’instrumentalisation de la justice utilisée pour régler des comptes politiques ou contraindre à la transhumance, du détournement massif des deniers publics qui a fait de simples va-nu-pieds en 2012 des Crésus en huit ans de votre gouvernance.
Ma conviction inoxydable est que la détention de Guy Marius et compagnie relève plus de motivations politiques que de tous ces chefs d’inculpation collés sur leur dos. Mais la plus grande juridiction de jugement, c’est celle du Tout-Puissant où la sentence est irrévocable. C’est pourquoi, j’invoque Dieu, l’Omnipotent, le Tout Miséricordieux, pour qu’il place Guy Marius Sagna, Dr Babacar Diop et tous les héros impavides qui sont avec eux, sous sa protection infaillible et qu’il écrase, de sa toute puissance, tous ceux qui empruntent la voie de l’arbitraire pour leur nuire.
J’implore le Dieu des musulmans et des chrétiens, à quelques encablures de la fête de la Nativité, d’accorder à ces militants de la cause sociale en déréliction parce que lâchés par une population veule et mithridatisée, une société civile pusillanime et des politiciens pétochards d’avoir la force morale de fer du croyant. On peut emprisonner un corps, mais on ne peut pas emprisonner l’esprit qui accouche des idées révolutionnaires.
Je vous prie d’agréer, Monsieur le président de la République, l'expression de ma très haute considération.