LUTTE AVEC FRAPPE, ARRÊTER DE JOUER AVEC LES COUPS
Les commentaires qui suivent la victoire de Modou Lô, ce dimanche, m'amènent à penser que nous aimons nous faire progressivement mal et peur jusqu'à ce qu'un irréparable incident se produise et vienne nous rappeler qu'il ne faut pas jouer avec le feu
Les commentaires qui suivent - et suivront certainement encore - la victoire par K.O. de Modou Lô sur Eumeu Sène, ce dimanche au stade Léopold Sédar Senghor, m'amènent à penser que nous aimons nous faire progressivement mal et peur jusqu'à ce qu'un irréparable incident se produise et vienne nous rappeler qu'il ne faut pas jouer avec le feu.
Depuis la fin du combat, je lis ici et là que nous risquons de voir un jour un lutteur se retrouver avec des séquelles ou perdre la vie au cours d'un combat ou encore que nous sommes une société malade qui s'accommode de la violence "gratuite" et en fait, malheureusement, un sujet de rigolade et de blagues. Il ne faut pas parce que c'est sérieux.
La manière dont Eumeu Sène s'est écroulé à la suite des coups que son adversaire du jour, Modou Lô, lui a portés, et les longues minutes d'inertie qui s'en sont suivies, en ont inquiété plus d'un. Ce n'est hélas que le dernier acte en date d'une longue série de faits qui montrent que ce qui se passe dans les combats de lutte est gros de tous les dangers. Ce ne sont pas les alertes et avertissements qui ont manqué ou manquent pour nous rappeler que nous devons poser sur la table la question sur la pertinence de la lutte dans la manière dont elle est pratiquée depuis le milieu des années 1920.
Nous avons maintes fois vu du sang gicler à Iba Mar Diop, Demba Diop ou à Léopold Sédar Senghor. Nous avons vu une dent tomber sous le coup d'une main nue. Ardo, le médecin du CNG (structure administrative qui fixe les règles du jeu), a, à de nombreuses reprises, mis fin à des combats parce qu'un lutteur ayant reçu trop de coups ne pouvait plus continuer.
Mais chaque fois, porté par une passion mortifère, le public alimente la chronique sur les prouesses des champions qui devraient être sensibles aux mises en garde. On ne sait jamais à l'avance qui peut être victime d'un coup fatal. Il vaut mieux relancer le débat sur cette "lutte avec frappe" - un héritage colonial - que d'avoir à discuter sans fin sur un drame que personne ne souhaite voir survenir en direct à la télé et sur les réseaux sociaux.
PS : je pense à Eumeu Sène. Comment va-t-il ? Est-il correctement pris en charge ?