LUTTER CONTRE LE SIDA, LA TUBERCULOSE ET LE PALUDISME DOIT ÊTRE UNE PRIORITÉ INTERNATIONALE
Dans quelques jours, les chefs d’Etat et de gouvernement du monde entier vont se retrouver à New York pour participer à l’Assemblée générale des Nations unies. Cette année, plus que les années précédentes, un point essentiel va figurer sur l’agenda de la discussion des 193 leaders.
Ce débat essentiel qui portera sur les résultats des Objectifs du millénaire pour le développement (Omd) adoptés en septembre 2000 par la même Assemblée va décider par la même occasion de ce qu’ils vont devenir. Nous, pays du Sud, sommes à plus d’un titre, particulièrement préoccupés. Quinze ans plus tard, on ne parle plus d’Objectifs du millénaire, mais d’Objectifs du développement durable (Odd).
Des 9 Objectifs adoptés en 2000, nous sommes maintenant passés à 17, tous très ambitieux. La santé (Odd 3) semble avoir été absorbée, comme si elle avait disparu de l’agenda international en tant que priorité. Les acquis enregistrés en ce qui concerne le Vih, le paludisme et la tuberculose et qui envisageaient une santé meilleure à ceux qui souffrent de ces trois pathologies risquent d’être menacés malgré l’espoir d’un futur rayonnant en termes de santé.
En 2000, les pays du Nord disposaient des traitements antirétroviraux, alors qu’au même moment des milliers de personnes atteintes du Vih mouraient dans les pays du Sud. L’un des Objectifs adoptés (Omd 6) concernait le Vih, le paludisme et la tuberculose.
Mais deux autres étaient directement associés au développement et à la santé mondiale : le 5 qui concernait la santé maternelle, le 4 la mortalité infantile. Le Fonds mondial est né de ces Objectifs, de l’engagement politique de la communauté internationale, notamment ceux du G7 qui avaient fixé comme objectif de combattre les trois pandémies dans les pays en développement durement touchés.
Aujourd’hui, à la veille de cette réunion, je ne cache pas mon inquiétude. Celle d’une femme députée très engagée dans mon pays, mais aussi en tant que directrice exécutive de l’Alliance nationale contre le sida (Ancs) qui se bat dans son pays aux côtés de centaines de personnes pour faire reconnaître le droit à l’accès aux traitements des personnes atteintes du Vih, des mères séropositives qui souhaitent avoir un enfant, le droit à la prévention sans stigmatisation ni criminalisation.
La santé est le droit humain le plus fondamental. Sans accès à la santé, ce sont des milliers de personnes qui risquent de se voir refuser la reconnaissance de leur droit le plus fondamental. Aujourd’hui, des milliers de militants des droits de l’Homme, des combattants activistes impliqués dans la lutte contre le Sida la tuberculose et le paludisme depuis des années sont inquiets.
Si la communauté internationale recule, si elle fait défaut ce sont des acquis fondamentaux qui vont disparaître, des progrès énormes enregistrés dans la lutte contre ces trois pandémies qui risquent de connaître un sérieux revers. Les ambitions pour mettre fin au Vih resteront vaines.
La question des financements dans la lutte contre les trois pandémies est cruciale et je crains que faute d’un consensus international, les principaux donateurs risquent eux aussi de reculer. Nous savons tous que les inégalités en matière de santé se creusent, et dans nos pays où l’engagement de la Déclaration d’Abuja était d’augmenter le budget de la santé à hauteur de 15% des dépenses publiques à la santé, rares sont ceux qui sont parvenus à respecter cet engagement. Certains en sont même très loin.
L’aide internationale est non seulement nécessaire, mais nous permet de répondre efficacement aux priorités de santé avec des obligations de résultats. Nous sommes redevables de cette aide dans la plus grande transparence de gestion.
Je resterai plus que jamais engagée à mener le combat pour le maintien des acquis liés à la lutte contre le Vih, le paludisme et la tuberculose, la promotion du respect des droits à l’accès aux traitements et de l’équité de genres comme priorité. Les pays doivent unanimement s’engager à appuyer les donateurs internationaux dans l’agenda global pour mettre fin au Vih et éradiquer la tuberculose et le paludisme.
Nous devons ensemble mobiliser nos forces pour avoir gain de cause. Nous ne pouvons pas ignorer les combats passés, les acquis, les millions de vies sauvées. Si les financements ne suivent pas, si la communauté internationale ne réitère pas ses engagements comme elle l’a fait par le passé vis-à-vis du Sida, de la tuberculose et du paludisme nous aurons manqué à New York un rendez-vous historique.