MACKY ET SES COURTISANS
I est de notoriété publique qu'il est sensible à la flatterie, il se rendra compte au lendemain des législatives, qu'il a été berné dans tous les sens
Macky Sall, dans son élan effréné d’un autre âge et cette obsession qui l’habite à se revisser sur son trône dont il a pris goût et du haut duquel on le fait toiser le petit peuple, me fait penser à mes lectures de jeunesse et me rappelle un certain Ubu Roi. Quand le Président envoie un SMS ou tapote sur son Samsung, son service de sécurité sur les dents vous ceinture et vous agresse littéralement… Sciemment entouré de cerbères agressifs, il semblerait que sa vie en dépende. Mais, c’est de coutume, vous dis-je, puisque le Roi écrit un message ! Non mais allô quoi ?!
D’ailleurs le Roi a organisé sa rupture !
Non, disons qu’il a été roulé, pour mieux le couper et l’isoler de ce qui le réveille et mettrait à nu les intérêts des organisateurs de son royaume, ou devrait-on dire de son asile ! Pauvre Président de la farce !
Ce faisant, puisque doté d’une seule oreille il n’est en mesure de se rebiffer. Il s’ostracise méthodiquement de son peuple auquel il sérine à longueur de journée qu’il s’occupe de questions physiques. Il en délaisse donc les états d’âme, ceux-ci juste bon pour les orties, et soigne les maux par des maux ! Il a en presque oublié que surplomber n’est pas forcément dominer. On en regretterait presque Napoléon, qui pourrait lui enseigner bien des choses en la matière !
Comme tous les éditorialistes équidistants et sincères ou cherchant à l’être, je ne me suis pas forcément sentie obligée de commenter à chaud l’actualité de son Altesse sur son séjour à Paris surtout lorsque celle-ci a glorifié la niaiserie qui en a occulté les aspects importants.
La fierté de le voir à ces cérémonies, m’a tellement emplie de satisfaction et de joie et le peuple avec moi que j’en ai minoré les couacs !
Cependant, il serait bien difficile d’ignorer ce qui s’est réellement passé à Paris et a provoqué notre ire, enfin de ce que nous en avons vu car apparemment nous n’aurions pas tout vu !
« Oui, et nous éblouirons nos compatriotes des récits de nos aventures merveilleuses »
Acte V, Scène IV, Ubu Roi
Le voyage de Son Altesse à Paris, dont le folklore a levé les doutes subsistants sur les paradoxes notés chez notre sujet nous a empli de méfiance et d’incertitudes sur celui que nous pensions avoir élu sur le thème de la rupture !
A savoir ce coté austère et retenu qui n’a rien à voir avec toute cette saga, devenue une tendance récurrente chez lui et finit de nous donner des haut-le-cœur tant cela jure avec ce que nous sommes et vivons, nous Sénégalais.
Ce que notre Président fut, ou semble avoir été, est finalement devenu !
Tous les espoirs attendus de ce voyage ont fait pschitt, et les français ne sont pas à blâmer! Ils vendent leurs sauces et ont trouvé acheteur en nous! C’est la dure loi du marché !
Notre propension aux excès et nos négociateurs en amont des contrats de l’Etat, sont les seuls à blâmer à moins que notre Président, qui signe pour notre peuple, leur ait forcé la main pour des raisons d’Etat ou pour plaire aux maitres. Faites votre choix !
L’un dans l’autre, c’est de coutume, le self-interest est inscrit dans nos ADN et nos intérêts basiques prévalent toujours sur notre patriotisme, pauvres de nous !
La pauvreté de la communication de l’Etat sur les décisions prises pour notre “bien-être” a encore transformé en consternation un moment de fierté en cul-de-sac de colère notre frustration.
Ce bal de Zoo negro à Paris a fini de ternir un moment civilisé et digne en zoo negro du fait de nos comportements grégaires depuis l’aéroport et qui se sont propagés jusque dans les halls d’hôtels !
Heureusement, le peuple français n’a pas tout vu. Nous, binationaux, avons tendance à oublier car nous sommes que trop habitués à ces meurtrissures épisodiques. Contusions infligées par nos propres dirigeants avec leurs hordes hétéroclites de griots en smoking, de DG grivois qui se paient des voyages aux frais du Comte, de copains et coquins qui touchent des dividendes pour on ne sait quels services rendus, et de certains ministres et ministrons qui devraient être sur le terrain mais encombrent ces voyages et gênent les véritables ministres en charge.
Si le citoyen lambda sénégalais n’a pas compris grand-chose à ce spectacle sordide, espérons que les apparences soient sauves, et cela n’est même pas sûr!
Les citoyens en ont néanmoins souffert de long en large et en travers de ce remake du grand théâtre à Dakar où il ne manquait que Kiné Lam et les feux d’artifice de gros billets, parrainés par un tel ou une telle, accroupis devant nos deniers qui ne servent qu’à eux !
Les marchés de gré à gré, c’est pour eux ! Les appels d’offres, eux-mêmes sont régis par la loi du plus fort, ce n’est pas le meilleur qui gagne mais le plus introduit ! Tout cela serait déjà indigne du sultanat de Brunei !
Comment en est-on arrivé là ?
Le pouvoir, disons ! Celui qui rend fou. “Combat des voraces contre les coriaces, mais les voraces ont complètement mangé et dévoré les coriaces”
Acte V, Scène 1, Ubu Roi
Nos géants ne se réveillent que lorsque leur trône est affaissé et qu’ils sont les derniers à s’en rendre compte.
Diouf a cru en sa victoire jusqu’à la veille. Wade a été déboulonné sous péridurale. Et Macky Sall, trompé qu’il est puisqu’il n’y voit plus rien est en passe de connaître le même sort. Surtout lorsque qu’il est de notoriété publique que l’on est sensible à la flatterie, il se rendra compte au lendemain des législatives, qu'il a été berné dans tous les sens.
“Mais c’est égal, je pars en guerre et je tuerai tout le monde. Gare à qui ne marchera pas droit”
Scène 1, Acte 3, Ubu Roi
Mais comme me l’a enseigné la lecture d’Alfred Jarry, gare à l’excès de confiance.
Oumou Wane est la présidente d'Africa 7