MACKY ET SES LEÇONS NON APPRISES
EXCLUSIF SENEPLUS - Macky Sall a, certes, hérité de cette patate chaude qu’est la généralisation des bourses décidée avec une incroyable démagogie par Me Wade - Il n’en a pas plus apporté les nombreuses ruptures promises
Après avoir déminé de justesse, le secteur élémentaire et secondaire paralysé pendant quatre longs mois, voilà que le gouvernement se trouve confronté à nouveau à une grave crise universitaire. Avec toutes les ramifications possibles dont l’Université Gaston Berger risque de n’être que le point de départ. La mort de l’étudiant de 26 ans, Mouhamadou Falilou Sène, victime selon toute probabilité d’une bavure d’un élément des forces de l’ordre réquisitionnées par le Recteur Baye Galaye Kane, constitue une menace sérieuse à la poursuite de l’année universitaire.
L’onde choc de cette douloureuse occurrence emporte dans une spirale naissante, toutes les structures universitaires publiques du Sénégal. La solidarité étudiante et celle des enseignants du SAES et du SUDES risquent d’en être les dangereux accélérateurs.
La classe politique et la société civile sont en émoi. Les foyers religieux interloqués multiplient les appels au calme et renouvellent les prières. Le malaise ambiant ne semble même pas, s’estomper en dépit de la célérité avec laquelle, pour une fois, le gouvernement a pris les choses en main.
Le couperet présidentiel est en effet tombé plus vite que d’habitude avec le limogeage du Recteur et du directeur du CROUS. La diligence de l’enquête et la rapidité avec laquelle, la justice l’a bouclée, prouvent à suffisance que le gouvernement cherche à circonscrire le choc post traumatique que recèle ce syndrome de la mort de l’étudiant Balla Gaye sous le régime de Wade. Le mystère plane encore sur les circonstances du décès de cet autre étudiant, plus de quinze après. Son tueur court toujours. Et les différents prévenus soupçonnés d’être l’auteur de cette bavure sont toujours en liberté.
L’arrestation et la condamnation à 20 ans de Bougazelli accusé du meurtre de Bassirou Faye, il y a cinq ans, laissent dubitatifs plus d’un. Certains craignant qu’elles n’aient servi que de désigner un bouc émissaire l’agneau du sacrifice, dans un contexte d’opacité. Mystère et boule de gomme !
Tout compte fait, la violence refait de nouveau, surface dans le monde universitaire perturbé par le récurrent problème du retard de paiement des bourses. L’histoire se répète dans un infernal cycle enchevêtrant dysfonctionnements institutionnels manifestations, répressions et mort d’étudiants. Pour la troisième fois depuis un peu plus de quinze ans. De quoi s’interroger sur la capacité d’anticipation du gouvernement. Ou sur tout simplement son aptitude à gérer l’épineuse question des bourses universitaires, une bagatelle de cinquante milliards octroyés et distribués dans un indescriptible embrouillamini.
Le Président Macky Sall a certes, hérité de cette patate chaude qu’est la généralisation des bourses décidée avec une incroyable démagogie par Me Wade. Il n’en a pas plus apporté les nombreuses ruptures promises, notamment dans ce secteur de l’éducation tous ordres confondus. Sous son magistère la carte scolaire universitaire, déjà bien boostée sous Wade, s’est considérablement élargie. Il reste que le pilotage global du secteur le plus important de notre budget national affiche les mêmes maux. La pacification du paysage scolaire et universitaire, rappelle hélas les mêmes fâcheuses et funestes caractéristiques que dans le régime précédent.
Le constat est patent, le Président Macky Sall aura, de ce point de vue, a cloné Wade. Et peut-être au bilan macabre, fait en six ans, pire que Wade en 12 ans. Il ne fait aucun doute qu’il se serait bien passé, de cette comptabilité morbide. Au début du mandat, de nombreux actes ont été posés pour réhabiliter un système scolaire et universitaire mis à mal par décisions institutionnelles malencontreuses, des séries de grèves invalidantes des enseignants, des élèves, étudiants et personnels administratifs.
En effet, l’organisation réussie les journées de concertations sur l’avenir de l’enseignement supérieur, avec ses 78 points et ses 11 principaux centres d’intérêts, les nombreux foras inclusifs sur l’éducation nationale validés avec onction par les conseils présidentiels, les promesses de financement de plus 300 milliards, la relance de la formation avec un plus grand volontarisme et des plus moyens conséquents accordés à l’apprentissage, toutes ces opportunités n’auront pas abouti à replacer notre système éducatif dans les meilleures normes de fonction pour un secteur si stratégique.
Dans l’enseignement supérieur, après une rude période de tension marquée des grèves tournantes, des acquis conséquents, sur la retraite, la revalorisation du statut des professeurs de haut rang, l’accès au foncier, ont été obtenus. Qui plus est, le dispositif de dialogue social mis en place, la forte implication de la société civile en particulier et de la communauté éducative en général, pouvaient laisser croire que la prise en charge efficiente de notre système était bien entamée. Ses résultats son timorés parce que entre autres tares, le Haut Conseil du Dialogue social se sent trop étroit dans ses habits.
Le constat de carences se situe précisément dans : la mauvaise qualité des relations entre les partenaires sociaux dispersés et antagoniques, l’incohérence et la rivalité des acteurs institutionnels du dialogue social minés par l irruption des égos personnels dans la gestion des crises, la dilution des responsabilités due à la multiplication ces centres de décision suite à la pléthore de ministres assurant dans une totale confusion des missions interdépendantes, les retards abyssaux dans le traitement des dossiers administratifs, la lente dématérialisation du dispositif technique de liquidation des instances, entre autres.
Ainsi, il faut bien se rendre à l’évidence que le gouvernement continue de traîner comme un boulet le pilotage du système éducatif. Les ruptures tardent à poindre. Et la mort de l’étudiant Fallou Sène vient rappeler tragiquement que le gouvernement de Macky Sall n’a pas tiré toutes les leçons des travers du régime précédent.