MACKY RESSORT LA CORDE ÉCULÉE DES DÉCLARATIONS DE PATRIMOINE
L’Ofnac n’a, jusqu’à ce jour, jamais inquiété personne. Combien de fois Nafy Ngom Keïta, n’avait-elle pas enjoint les ministres de faire leurs déclarations de patrimoine et menacé certains DG de ses foudres s’ils ne s’exécutaient pas ?
Macky relance la traque des biens déjà acquis. En Conseil des ministres hier, le président de la République a rappelé tous les membres du gouvernement à l’impératif de procéder, avant fin aout 2020, à leur déclaration de patrimoine auprès de l’Ofnac...
Le chef de l’État, en réunion du Conseil des ministres ce mercredi 15 juillet 2020, a, à l’entame de sa communication, rappelé à tous les membres du Gouvernement « l’impératif de procéder, avant fin août 2020, à leurs déclarations de patrimoine auprès de l’OFNAC ». « Le président de la République a rappelé à tous les membres du gouvernement l’impératif de procéder, avant fin aout 2020, à leur déclaration de patrimoine auprès de l’Ofnac », rapporte le Communiqué du conseil des ministres. Macky Sall a, par ailleurs, informé le Conseil avoir reçu, lors d’une cérémonie solennelle tenue le lundi 13 juillet 2020, les Rapports sur l’état de la Gouvernance et de la Reddition des Comptes, produits par l’Inspection générale d’État (IGE), sur la période 2016 à 2019. Il a, à cet effet, invité le Gouvernement à engager, en rapport avec l’Inspection générale d’État, le Bureau Organisation et Méthodes et le Contrôle Financier, les diligences appropriées en vue de finaliser une nouvelle doctrine de pilotage des administrations de mission, des administrations décentralisées et du secteur parapublic afin de relever définitivement l’efficience et la qualité du Service public.
Épée de Damoclès pour Macky ?
La création de l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption (Ofnac) a été saluée partout dans le monde. De 2012 à 2014, Macky citait toujours l’Ofnac dans ses discours comme un levier de bonne gouvernance. Partout où allait le président, il parlait d’investissements et de bonne gouvernance en prenant l’Ofnac comme une épée de Damoclès contre les éventuels fraudeurs des deniers publics. Hélas, l’Ofnac n’a, jusqu’à ce jour, jamais inquiété personne. Combien de fois d’ailleurs, Mme Nafy Ngom Keïta, l’ex-présidente de l’Ofnac, n’avait-elle pas enjoint les ministres de faire leurs déclarations de patrimoine et menacé certains DG de ses foudres s’ils ne s’exécutaient pas ? Mais au finish, rien du tout.
Les rapports de l’OFNAC sont remis régulièrement au président qui les met dans un tiroir. à son arrivée à la tête de l’Ofnac en 2015, la nouvelle présidente de l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption (Ofnac), Mme Seynabou Ndiaye Diakhaté, a, en vain, essayé de donner un vrai rôle de l’OFNAC. Hélas, les rapports qu’elle remet au Président sont marqués par leur profonde vacuité comme si la magistrate avait peur de déplaire à l’homme qui l’a nommée à son poste. De peur de subir le sort de sa prédécesseur, elle se contente donc de faire dans les généralités, notamment en « sensibilisant » tous azimuts sur la nécessité de bien gérer les deniers publics. Là où on lui demande de sanctionner les délinquants, voire les criminels, financiers en transmettant leurs dossiers à la Justice. Une Justice il est vrai, elle-même, terriblement clémente pour les militants du parti au pouvoir. On n’est pas sortis de l’auberge de la grande délinquance financière !
Cinq ans plus tard, le président de la République, qui n’avait pas daigné faire une nouvelle déclaration de patrimoine après victoire en février 2019 — il est vrai que la première avait choqué lorsqu’il avait déclaré un patrimoine de huit milliards pour quelques années de présence à des stations étatiques seulement —, le Président, donc, décide relancer la déclaration de patrimoine. Pour quelle raison ? Est-ce pour mettre la pression sur ses collaborateurs qui oseraient lui tourner le dos après son prochain remaniement ? Ou carrément du foutage de gueule à l’endroit des Sénégalais qui ne croient de toutes façons plus aux proclamations vertueuses de l’homme qui prétendait instaurer une République sobre et vertueuse et qui, à l’arrivée, a favorisé l’enrichissement glouton et vorace de tous les coquins qui l’entourent…