MANDAT-BI
EXCLUSIF SENEPLUS - Quelque chose devrait quand même tempérer l'optimisme de Macky quant à l'inéluctabilité d'un deuxième mandat - Mais comme le droit de rêver est constitutif de l'être humain, il est parfaitement en droit de rêver
Où il est question du deuxième mandat du président Macky Sall en 2019. Surtout "tirer", "toucher" (comme on dit des salaires de misère) le jackpot au premier tour. Et, semble t-il, il n'y a pas de doute sur les résultats: un sondage, commandé par lui-même, le lui garantit a hauteur de 62%. Il se contentera en grand seigneur de 60% en tenant compte qu'il y a d'habitude une marge d'erreur de 2% aux sondages qu'il commandite. La presse du lundi 15 janvier dernier a sauté sur l'optimisme présidentiel en faisant état (et très largement) des "plans de guerre du président sortant-candidat a sa propre succession".
Seulement, ce qui rend l'info moins pertinente, c'est la manière dont elle est sourcée: ce sont de courageux anonymes qui ont saisi la presse (une partie de la presse puisque beaucoup n'en ont pas fait état). Curieuse méthode pour une réunion officielle, ayant regroupé plus d'une quarantaine de responsables du département de Dakar, si on en croit les diffuseurs automatiques de rêves, espoirs et autres désidératas de leur chef.
Des cadres sortent du bois pour faire montre d'une agitation frénétique mais ils seront prêts à quitter le bateau des qu'il commencera a prendre l'eau. Ces arrivistes veulent le beurre et l'argent du beurre, il veulent les strapontins et les prébendes mais ils refusent de s'encastrer dans le vieux parti; font beaucoup de bruit dans la périphérie immédiate des prairies présidentielles. Ainsi, en cas de défaite, la fuite n'en sera que plus facile. Parce qu'ils se souviennent d'une prédiction d'un de leur ex-frère : "Si nous perdons le pouvoir, beaucoup d'entre nous se retrouveront en prison". Il avait...presque raison. Lui et beaucoup de ses ex-frères ont échappé aux délices de Rebeuss. En se déculottant. Par la transhumance, par des négociations, par des appels du pied au nouveau chef. Leur nouvelle constante.
L'histoire bégaie et devient une horrible farce quand elle se répète. Et pete a la gueule de tous ces voyageurs clandestins, avec comme seul papiers de voyage: leur allégeance sans conviction et leur savoir-faire de mauvaise foi, mauvaises mœurs politiques, mauvais exemples et, une partie du butin amassé pendant leur règne. Cela n'indigne plus personne depuis que c'est devenu le sport numéro un chez nous et que le premier d'entre nous, (d'entre eux) a montré la voie en reniant haut et fort, avec l'aide opportune de l'une des plus hautes institutions judiciaires de notre pays, ses engagements politiques et moraux. Dès lors que le reniement est devenu valeur, l'éthique un luxe aléatoire, mandat-bi, "mandat-o" comme le disent mes parents pulaar, le deuxième (après peut-être il postulera pour le troisième mandat), la gouvernance devient alors superfétatoire, une corvée lucrative sans sa part sacerdotale, une raison de vivre en surfant sur la misère des sans culottes, ceux -à même qu'on prétendait servir..
Les gorges profondes", à force de vouloir servir le chef, montrer la colère présidentielle, ont cru devoir secouer les alliés majeurs, leur faire peur, en leur livrant les réflexions limpides et prémonitoires, censées les faire peur et les tirer de leur torpeur repue: si nous perdons, le prochain élu dissoudera l'assemblée et le Hcct. Alors, vous vous mangez le popotin où c'est le chômage dans 18 mois. Peut-être même un tour a Rebeuss. Les fondations de la cohabitation Bby étant des plus fragiles, on a appuyé sur le bouton de la parole gouvernementale pour rassurer ces compagnons précieux.
Cela dit, quelque chose devrait quand même tempérer l'optimisme de Macky quant à l'inéluctabilité d'un deuxième mandat. Et au premier tour encore ! J'observe quand même que sa police balance des lacrymos dans les chambres de jeunes étudiantes qui s'étaient enfermées a double tour. Elles (et Ils) n'oublieront pas. J'observe que la quasi totalité de ce qu'on appelle les forces vives syndicales sont vent debout et vous menacent de leurs foudres destructrices de votre image et du peu de crédit de votre gouvernement. En l'occurrence, le respect des accords signés. J'observe que même la très peu révolutionnaire, frondeuse, Cnts, est sur le pied de guerre. Que les personnels de santé aussi s'apprêtent à vous administrer des piqûres de rappel. Et que votre dialogue politique semble aller en quilles.
...Et vous, optimiste impénitent, rêvez d'un deuxième mandat, au premier tour, avec, s'il vous plait, 60-62% ! Ils peuvent être apathiques, voire emphatiques les Sénégalais mais, depuis quelques années, ils ont oublié d'être amnésiques. Et puis, voyez vous, votre garde rapprochée de 2012 s'est profondément effilochée, avec votre aide. L'AFP de Niasse s'est épurée dune bonne partie de ses cadres avec le départ-exclusion de centaines de ses membres partis avec Malick Gakou. Le Ps, avec toujours votre lourde main, qui n'est même pas discrète, est en train de souffler sur le bûcher qui va dévorer des milliers de ses enfants. Le troisième pilier significatif de votre attelage, la Ld, est sur la voie de l'implosion. Monsieur le président et futur candidat, je n'ai jamais vu une coalition qui se massifie en s'épurant, en se délestant de milliers de membres. Ça, c'étaient les lubies théoriques de Staline, quand il décida de décimer le parti de Lénine.
Mais comme le droit de rêver est constitutif de l'être humain, vous êtes parfaitement en droit de rêver. Un 2012 "bis repetita ". Mais ne pas oublier: des rêves se transforment souvent en cauchemars. Interrogez vos prédécesseurs..
Ps: Depuis les évènements de Boffa, des "spécialistes, chroniqueurs(es), politicards, matraquent le gouvernement, le président Macky Sall en particulier, pour qu'il livre une guerre totale au maquis du Mfdc. Certains étaient au pouvoir quand la crise se déclenchait. Leur régime (socialiste et puis libéral version Me Wade) ont expérimenté tous les niveaux de guerre. Haute et basse intensité, négociation-violation des accords etc. Certains chroniqueurs, qu'on n'entendait pas a l'époque (par couardise ou parce que leurs organes étaient aux ordres) se retrouvent soudain une vigueur guerrière belliqueuse. Ces "illuminati", qui n'ont jamais pénétré de 200m la forêt casamançaise, incitent aujourd'hui le président à déclencher des hostilités dont on ignore le prix, les dégâts, mais dont on est sûr qu'elles feront de nouvelles victimes qui s'ajouteront à la déjà longue liste. Mais que ne prennent donc t-ils pas les armes eux, et aillent combattre. On le sait, les défroqués sont toujours les plus bruyants et qui crient le plus fort a la mort. Pendant qu'eux et les leurs, se terrent a Dakar. Loin des hostilités. Basta ! Ces charognards qui se paissent des cadavres des autres, des filles et fils des autres.