NOUS NOUS BATTONS POUR SAUVER NOTRE ENTREPRISE
Depuis sa nomination à la tête du journal Le Soleil, M. Yakham Mbaye a installé un climat délétère dans l’entreprise : humiliation, dénigrement, licenciement de ceux qui lui opposent des arguments techniques par rapport au respect des textes
Pendant trois jours, le quotidien national «Le Soleil» a été absent des kiosques. Un fait inédit que le Collège des délégués de la boîte regrette. Dans cette tribune que nous publions in extenso, ce collège explique le sens de leur combat.
Trois éditions du journal Le Soleil ne seront pas dans les archives du quotidien national. Situation inédite ! C’est avec une immense tristesse que les travailleurs en sont arrivés à cette extrémité. Des mois durant, ils ont usé de tous les ressorts internes et externes pour ne pas arriver à cette situation. Les employés du quotidien national ont frappé à toutes les portes, remué ciel et terre, sans quasiment le moindre écho, la moindre réaction à leurs doléances et revendications. Pourtant, dans ce combat, il n’y a rien de personnel. Notre action est une lutte de principe : la sauvegarde de notre outil de travail et la restauration de la dignité des travailleurs. Depuis sa nomination à la tête du journal Le Soleil, M. Yakham Mbaye a installé un climat délétère dans l’entreprise : humiliation, dénigrement, licenciement de ceux qui lui opposent des arguments techniques par rapport au respect des textes.
Le traitement indigne, dégradant des travailleurs est devenu la règle dans l’entreprise. Toute voix discordante est immédiatement sanctionnée. Et la majorité des travailleurs avait fini par s’accommoder des sautes d’humeur du Directeur général qui se prend pour un «prince». Il se délecte de faire mal, d’humilier, d’insulter d’honnêtes gens. Dans un de ses moments d’euphorie ou de folie (c’est selon), il déclarait disposer de tous les pouvoirs pour «faire et défaire» les carrières. Et notre «prince» ne s’en est pas privé. A son actif : huit (8) licenciements. Sinistre record sous le soleil de Hann ! Aujourd’¬hui, le «prince» est nu. Bien nu. Personne n’en veut. Quatre de ses plus proches collaborateurs sur six ont rendu le tablier. Une autre première dans la longue histoire de notre entreprise.
Malgré ces abus, les travailleurs ont subi, stoïques, ces injustices durant quatre ans, en ne perdant jamais espoir de voir la résilience du personnel raviver l’espoir et la lutte. Ce moment a fini par arriver. En effet, au journal Le Soleil, les travailleurs ont une solide tradition de lutte syndicale. Ils ont conduit des luttes victorieuses contre des directeurs généraux.
Mais ces abus dans le management du personnel cachent de graves errements dans la gestion des ressources de l’entreprise. Du matériel complémentaire a été acquis pour 300 millions de F Cfa pour l’imprimerie afin de diversifier l’offre de service du Soleil, mais jusqu’ici il n’est pas utilisé ; ce qui risque d’être un investissement à perte. Il en est de même de l’acquisition de 7 véhicules à 150 millions de F Cfa dans des conditions nébuleuses. Cinquante ordinateurs de bureau acquis à 50 millions de F Cfa ; des chaises de bureau dont la valeur réelle sur le marché ne dépasse pas 80 mille F Cfa, acquises à 293 820 F Cfa. Une période d’intérim qui dure depuis avril 2020. Des partenaires historiques tournent le dos au Soleil à cause des humeurs vagabondes de Yakham Mbaye. Les colonnes du journal Le Soleil sont même fermées à des ministres de la République pour les mêmes raisons, enfermant ainsi ce patrimoine national dans des clivages. Yakham Mbaye a fait trop de mal.
Pourtant, sous son magistère, Le Soleil aurait pu franchir plusieurs caps. Aucun directeur n’a bénéficié d’autant de soutien de la part des autorités, particulièrement du chef de l’Etat. Chaque fois que le Directeur général a fait appel au Président Macky Sall, il a donné une suite favorable à sa requête. Malheureusement, cet appui de l’Etat ne s’est pas traduit dans la gestion de l’entreprise marquée par un pilotage à vue. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Le chiffre d’affaires du Soleil est passé de plus de 2 milliards de F Cfa à un peu moins d’1,5 milliard de F Cfa. Conséquence !
Cette chute du chiffre d’affaires fait que la société dépend désormais du Centre des moyennes entreprises au lieu des grandes entreprises comme avant son arrivée. Peu de marchés ont été passés en respectant la procédure normale. Ces exemples ne sont que la partie visible de l’iceberg. Seul un audit pourra montrer l’ampleur de la gestion catastrophique de M. Yakham Mbaye. Un tel management plombe les perspectives. Aucune perspective malgré les nombreuses déclarations d’intention.
A l’heure du digital, le site du Soleil peine à fonctionner malgré les nombreuses propositions du responsable du Soleil digital. Le projet de Soleil Tv, annoncé depuis deux ans, reste à l’état d’intention. Le repositionnement du Soleil dans l’espace médiatique tarde à voir le jour. Pourtant, ce ne sont pas les propositions qui manquent. Le Directeur général lui-même le dit, ce qu’il a vu au Soleil en termes de ressources humaines n’existe dans aucune rédaction.
Ces dérives dans la gestion du personnel et des finances de l’entreprise nous mènent tout droit à la faillite. Voilà pourquoi nous luttons. Et nous sommes déterminés. C’est le prix à payer pour préserver notre outil de travail. Nos principes d’hier restent intacts. Ils sont notre meilleure arme contre l’arbitraire, l’intimidation, la ruse, la gabegie. L’actuel Directeur général sent déjà la puissance de ces principes et, surtout, le poids de notre intersyndicale. Il est prêt à tout, clame-t-il. Nous sommes prêts à tout, nous aussi. Il gère sa carrière «d’emmerdeur» et de politicien. Nous nous battons pour sauver notre entreprise et les emplois en la soustrayant au plus vite à son œuvre de démolition. Oui une entreprise de destruction en règle. Comme il l’a dit lors d’une rencontre avec les responsables de l’entreprise : «Je n’ai jamais aimé Le Soleil.» Ses actes au quotidien le confirment. La gestion du Directeur général ne va pas dans le sens des intérêts de l’entreprise et des travailleurs.
Le Soleil est une institution, un legs, un patrimoine national. L’actuelle génération n’a pas le droit de faire moins que ses devancières. Et c’est au nom de cet héritage et du principe sacro-saint d’une gestion vertueuse des deniers publics que nous luttons pour asseoir un mode de direction et de management qui réponde aux exigences d’une entreprise de presse de service public performante, dans un contexte continu de pluralisme politique et d’émergence sociale.
Le combat risque d’être long, éreintant. Nous en sommes conscients et tout aussi déterminés. En effet, comme l’écrivait notre doyen Amadou Fall dans un article publié le 7 avril 2000, dans le quotidien national, en écho aux propos du nouveau président de la République : «Les aspirations des travailleurs du quotidien national demeurent, aujourd’hui comme hier, pour un Soleil dépouillé de sa camisole de force, libre de traiter objectivement de toutes les informations relatives au quotidien des Sénégalais, à leurs problèmes, réalisations et espérances, à la situation et aux perspectives politiques, économiques, sociales, culturelles et sportives du pays, à la politique et à l’action gouvernementales, avec le monde comme référence.»
Les travailleurs du Soleil sont dans ce même état d’esprit. Ils sont plus que jamais déterminés à mettre leurs compétences au service de l’entreprise et de la Nation, en toute responsabilité, pour que le journal continue à livrer quotidiennement une information fiable, pertinente, équilibrée et accessible. Voilà le sens de notre combat.
Unis, nous vaincrons.