NOUVEL ESPOIR POUR LE FER SÉNÉGALAIS
La meilleure attitude pour un citoyen préoccupé de l’émergence industrielle de son pays, c'est de souhaiter la bienvenue à Tosyali, afin que le projet d’exploitation des mines de fer du Sénégal oriental voie enfin le jour
“La vie est comme une bicyclette, il faut avancer pour ne pas perdre l’équilibre” Albert Einstein.
Le Sénégal cherche, depuis les années 1990, à exploiter le minerai de fer présent sur sa partie orientale. Une société nationale, Miferso, a été mise en place à cet effet. Plusieurs compagnies de rang mondial ont également été approchées pour engager, à côté de l’Etat, les investissements nécessaires pour développer la mine et évacuer la production par chemin de fer, puis, par voie maritime, à l’international, à travers la construction d’un port minéralier.
Pendant longtemps, le projet fut bloqué par la lourdeur de l’investissement attendu du privé international ; celui-ci devant tout à la fois construire le port minéralier (ce qui ne sera plus le cas aujourd’hui, avec la réalisation attendue du port minéralier de Bargny-Sendou), aménager plus de 300 kilomètres de chemin de fer et exploiter la mine proprement dite. Jeune haut fonctionnaire à la Primature, j’ai moi-même contribué à promouvoir le projet auprès de nombreux investisseurs asiatiques, y compris japonais, à la fin des années 1990.
Dans les années 2000, l’arrivée de Kumba Resources, puis de Mittal, s’est transformée en leurres plutôt qu’en lueurs. Et, pendant plusieurs années, le pays était revenu à la case de départ ; en ayant sous les bras des millions de réserves de fer de qualité supérieure, qu’aucun investisseur sérieux de classe mondiale ne voulait réellement mettre en exploitation, en raison du contexte international défavorable sur les marchés des métaux.
C’est dans cet environnement morose qu’une multinationale, Tosyali Holding, a manifesté son intérêt pour conclure un accord avec l’Etat du Sénégal pour la mise en valeur du minerai de fer du Sénégal oriental. Cette société, leader en Turquie dans la production et l’exportation de l’acier et d’autres produits sidérurgiques, dispose de 25 usines réparties sur trois continents et réalise des exportations vers 83 pays. Elle est déjà présente sur le continent africain, puisqu’elle a effectué des investissements de plus de 1200 milliards de FCFA en Algérie et y emploie plus de 4000 personnes dans ses mines de fer et dans ses aciéries.
Pour faire suite à sa manifestation d’intérêt, un Memorandum Of Understanding a été signé, comme rapporté par la Presse, le 10 octobre 2018, à Istanbul, entre Tosyali Holding et le Ministre des Mines du Sénégal, en présence du Président turc Recep Tayyep Erdogan, lors de la cérémonie d’ouverture du deuxième Forum économique et des affaires entre la Turquie et l’Afrique
Le projet conclu entre les parties turque et sénégalaise vise l’exploitation de la Mine de fer et la réalisation des investissements requis pour l’évacuation et la valorisation du minerai. Tosyali holding prévoit notamment de produire un million de tonnes d’acier et d’investir environ 1200 à 1800 milliards de FCFA au Sénégal, en plusieurs phases.
S’il se concrétise, ce projet sera donc le plus grand investissement industriel jamais réalisé dans notre pays. Il permettra non seulement de développer une activité minière mais, surtout, de remonter la filière en créant de la valeur ajoutée industrielle, de l’expertise technique et technologique ainsi que des milliers d’emplois sur le sol sénégalais. L’installation du rail sur le tronçon Mine-Tambacounda favorisera également la rentabilité d’autres projets de mines et de carrières (par exemple de marbre) dans la zone orientale. Plus tard, une jonction pourra se faire avec la Guinée et le Mali, afin de développer un grand projet sidérurgique régional qui constituerait un modèle d’intégration industrielle en Afrique de l’Ouest. La production d’acier de qualité fera également du Sénégal un candidat sérieux pour accueillir des investissements mondiaux dans la chaîne automobile, à l’instar du Maroc, en mettant en évidence, en plus de l’acier, le différentiel de coût des facteurs favorable et la présence d’un réseau d’infrastructures de transport multimodal et bien intégré.
Pour toutes ces raisons, la meilleure attitude pour un citoyen, préoccupé uniquement de l’émergence industrielle rapide de son pays, c’est d’avancer et de souhaiter la chaleureuse bienvenue à la société Tosyali, en formulant le vœu que cette fois-ci soit la bonne et que le projet d’exploitation des mines de fer du Sénégal oriental voie enfin le jour et brille de mille feux, pour le bonheur du peuple sénégalais.