OUI, A PRIORI, ON PEUT DISCUTER DE L'ISLAM
EXCLUSIF SENEPLUS - Tous les discours sur l’islam sont audibles - Mais tous les discours sur l’islam ne sont pas audibles partout et tout le temps !
Tous les discours sur l’islam sont audibles. Mais tous les discours sur l’islam ne sont pas audibles partout et tout le temps ! Permettez-moi de participer à ces échanges qu’inaugure l’article de presse du Pr Penda Mbow : Peut-on discuter de l’islam ?
La proposition d’Amadou Tidiane Wone n’est pas disqualifiable. Elle est même souhaitable. Elle appelle à un type de débats précis, un débat qui se veut baser sur des ressources, à ses yeux, légitimatrices de tout discours sur l’islam. Un type de débat, cependant, qui n’épuise pas le champ des possibles en matière de débat sur l’islam ou l’Islam.
Cette proposition de Wone n’entre pas dans l’univers paradigmatique de référence d’Alymana Bathily. Pour ce dernier, discuter de l’Islam, ce n’est pas l’apanage des seuls Ulemas. Il a parfaitement raison. Mais, il s’y ajoute que Bathily semble vouloir discuter avec des gens qui ne peuvent pas l’entendre. Mais oui, Bathily peut discuter, au moins, avec Penda Mbow. Mais, est-ce que Bathily veut seulement discuter (avec Penda) ? Où est-ce que Bathily voudrait peut-être (en pontife !) dénigrer ou dépoussiérer les (sottes ?) croyances "radicalistes" en matière d’islam au Sénégal ? Ce serait un projet délicat et improductif.
Dr. Seydi Djamil Niane propose, lui, de déplacer le curseur vers le Devoir. A mon avis, sa proposition dit tout haut ce que les autres disent implicitement. Pour tous ceux qui se sont prononcés, l’on note le péché d’arrêter l’horizon à soi. Un débat public au Sénégal exige beaucoup de considérations.
Oui, a priori est ma réponse ! Mais, à condition de répondre à quelques questions préalables :
- Où discuter de l’islam ?
- Quand discuter de l’islam en public ?
- Comment discuter de l’islam en public ?
- Avec qui discuter de l’islam en public ?
En effet, répondre aux simples questions du où, quand, comment, avec qui s’impose. Qu’il s’agisse de l’islam ou de l’Islam, il faut s’entendre sur le fait que discuter de ce(s) sujet(s) au Sénégal, comme d’autres sujets, ici et ailleurs, ne peut se faire sans avoir le crédit (et les compétences bien sûr !) nécessaire. Il faut être légitime pour qu’un auditoire particulier accepte d'écouter. Ignorer ce fait, c’est ignorer ce que parler veut dire.
Cheikh Ahmed Tidiane Mbow est doctorant au Centre d’Etude des Religions de l'Université Gaston Berger de Saint-Louis