OUSMANE SONKO DEVANT LE JUGE, LA REPUBLIQUE RECONNAITRA LES SIENS !
Il n’y a aucune hypocrisie à faire, le leader de Pastef avait voulu de la confrontation et des morts, on peut bien constater amèrement qu’il a eu ce qu’il cherchait
Il n’y a aucune hypocrisie à faire, Ousmane Sonko avait voulu de la confrontation et des morts, on peut bien constater amèrement qu’il a eu ce qu’il cherchait. Peut-on espérer que cette soif de sang a été satisfaite ? Nul ne peut se mettre à la face du monde pour nier que Ousmane Sonko a appelé publiquement et de manière claire et nette ses partisans à empêcher l’action de la justice contre sa personne, au prix de leur vie.
Macky Sall devra assumer pleinement ses devoirs de Chef d’Etat
Des jeunes ont perdu la vie dans cette défiance à l’autorité de la Justice. N’empêche, l’autorité de l’Etat a encore pu s’exercer et Ousmane Sonko se trouve dans les liens de la détention. La spirale de violence va-t-elle se poursuivre ? Tout porte à le croire car les partisans de Ousmane Sonko se montrent déterminés à appliquer, à la lettre, le mot d’ordre de leur leader. Des biens publics comme privés continuent d’être saccagés, brûlés et des personnes violentées. Les forces de sécurité exercent leur mission régalienne de protection des personnes et des biens et d’assurer l’autorité de l’Etat. L’avenir d’un Sénégal de paix, d’une république démocratique et fondée sur des institutions publiques crédibles, sera à ce prix. Le Président Macky Sall et son gouvernement, ont l’impérieux devoir de garantir cet avenir pour le Sénégal. Dans leur intervention, les forces de sécurité ont fait des blessés et causé des morts de citoyens dans des circonstances qu’il nécessitera d’élucider. Il n’en demeure pas moins que toutes ces regrettables morts ne devraient être mises à leur passif. Des manifestants ont eu à immoler sur la place publique un agent de sécurité publique et fait passer un enfer à des gendarmes et policiers avec des actes visant à attenter à leur vie. Des postes de gendarmerie et de police ont été attaqués pour chercher à s’emparer d’armements. On a également vu, dans les reportages des médias, des manifestants, munis d’armes létales, ouvrir le feu sur des cibles pour ouvrir la voie à des hordes de pillards. C’est comme s’il fallait causer le plus de morts, de désordre, afin d’installer un chaos. L’infiltration des manifestations est une réalité dont les forces de défense et de sécurité ont bien conscience.
Ousmane Sonko était resté constant dans sa logique de défiance à l’autorité judiciaire, annonçant urbi et orbi qu’il ne répondrait jamais à la Justice pour s’expliquer sur les accusations de viol et de menaces portées contre sa personne par la plaignante Adji Sarr, une autre citoyenne sénégalaise. Qui pouvait croire à la reculade de Ousmane Sonko de dire, à la veille de sa comparution devant le magistrat instructeur, qu’il allait finalement déférer à la convocation, la fleur au fusil ? Personne ne s’y trompait et ainsi, attendra-t-il l’heure à laquelle il devait être devant le Juge pour quitter son domicile, accompagné d’un cortège de plusieurs centaines de personnes, à pied, et des dizaines de véhicules, tout en choisissant de prendre le chemin le plus aléatoire pour se rendre au Palais de Justice. La provocation était manifeste et quand les forces de sécurité lui avaient indiqué la voie à suivre pour éviter tout désordre potentiellement préjudiciable à la paix et à l’ordre publique, Ousmane Sonko avait refusé d’obtempérer.
Est-il besoin de rappeler que dans la circulation routière, tout citoyen qui ne se sentirait pas au-dessus des lois, suit le chemin que lui indique la police ou la gendarmerie. Mieux, par le passé, on avait pu observer que des responsables politiques, convoqués en Justice et qui s’y rendaient accompagnés de foules de militants, n’acceptaient pas moins de suivre l’itinéraire désigné par la police. D’ailleurs, on a pu voir, à travers les écrans de télévision, les gendarmes négocier et proposer à Ousmane Sonko de l’assister, l’escorter et l’encadrer jusqu’au tribunal. C’est devant le refus systématique de Ousmane Sonko que ces agents de la sécurité publique, ont fini par l’exfiltrer du cortège.
Ousmane Sonko avait manifestement cherché à provoquer cette arrestation. Elle a sans doute été une allumette, avec des jeunes de son cortège qui ont déclenché immédiatement des émeutes. On peut aussi dire que les manifestants ont été encouragés par des avocats, des hommes politiques et des responsables de la société civile ainsi que par des journalistes et responsables de médias. Des actes de manipulation et d’intoxication de l’opinion ont été déroulés à plein régime. Des chaines de télévision ont ouvertement appelé à l’insurrection, au soulèvement et des journalistes ont suggéré des lieux à attaquer. Ainsi, des adresses de domiciles de magistrats et des locaux de responsables politiques ou de sièges de médias ont été données en direct sur des antennes. Un journaliste a même eu à inciter ouvertement les manifestants à aller chercher des pistolets pour en découdre avec les forces de l’ordre. Tels sont les faits que nul ne peut réfuter!
Une société «si vile»
La mèche est allumée, le feu a pris et s’embrase. L’occasion est bonne pour divers groupes d’exprimer une colère, une frustration ou de chercher à piller des biens d’autrui. En vérité, l’agenda des manifestants dépasse véritablement un ras le bol démocratique et cela, bien de nos concitoyens emballés dans la spirale contestataire pour des idéaux démocratiques n’en ont peut-être pas la pleine mesure. C’est sans doute la conjonction de multiples exaspérations. Il y a dans l’expression de cette furie, la frustration de personnes victimes des contraintes liées aux mesures de gestion de la pandémie du Covid-19. Il y a aussi dans les rangs des manifestants, des pilleurs comme ceux observés, prenant d’assaut les boutiques de luxe de l’Avenue des Champs Elysées en France (manifs des «gilets jaunes») ou ceux, vus dévalisant les boutiques de la 5th Avenue à New York (marches de «Black Lives Matter»). Le banditisme et un ras le bol social se sont incrustés dans ce mouvement et certains partisans de Ousmane Sonko, que tout le monde avait fini d’identifier comme des «terroristes de la toile» ont investi la rue. A ce propos, Ousmane Sonko leur avait préalablement enjoint d’agir ainsi, dans sa déclaration du 7 février 2021, leur disant que «le combat ne se limite plus dans les réseaux sociaux mais dans la rue pour en découdre avec le régime de Macky Sall». Ils étaient passés à l’acte dès le lendemain de cet appel insurrectionnel. Le modus operandi assez trouble donne froid dans le dos quant au projet en cours. Des escouades de quatre à cinq brigands se joignent toujours aux foules, munis d’armes létales, entament les casses, haranguent les foules et donnent des cibles à des cortèges sans leader, qui cassent tout sur leur passage.
Dans la surenchère, ils demandent à travers les réseaux sociaux de déloger le Président Sall du pouvoir. Maintenant que le mal a fini d’être fait, des soldats de vertu sortent du bois pour jouer à prêcher la bonne parole. Où étaient ces Henri Durand qui revêtent une chasuble de volontaire pour panser les blessés et jouer aux faiseurs de paix, alors qu’ils avaient toute la latitude, l’opportunité et le devoir d’aider à empêcher que le brasier ne prît ? Au contraire, ce sont des pompiers pyromanes, car ils ont bel et bien participé à mettre le feu et alimenter les braises. Quelle hypocrisie de dédouaner Ousmane Sonko de tout et d’accuser Macky Sall et son gouvernement alors que tout le Sénégal a vu le leader de Pastef défier l’Etat et le menacer ! Personne n’avait osé rappeler Ousmane Sonko à ses devoirs civiques les plus élémentaires, comme celui de respecter les institutions judiciaires en allant répondre aux convocations. Chacun des manifestants ou tout leader politique, ou personnalité de la société civile, qui aurait maille à partir avec la Justice, ne manquerait pas de déférer aux convocations des juges. Si on revisite les archives, seul Ousmane Ngom (ancien ministre de l’Intérieur) reste, parmi la classe politique contemporaine, à avoir refusé, en 2012, de répondre à la Justice et mal lui avait pris, car les forces de police l’avaient interpelé et conduit manu militari devant le juge.
Pourquoi Ousmane Sonko devrait-il être l’exception au Sénégal ? Mais le plus absurde est qu’il a été en quelque sorte encouragé dans son attitude par des personnalités qui elles, convoquées par la Justice dans d’autres circonstances, avaient sagement déferré. Elles ont pour nom : Cheikh Bamba Dièye, Malick Gakou, Moustapha Guirassy, Thierno Alassane Sall, Khalifa Ababacar Sall, Mamadou Lamine Diallo, Barthélémy Dias, Abdoul Mbaye, Alioune Tine, Seydi Gassama, Assane Dioma Ndiaye, Birahim Seck, entre autres. En effet, ces personnes à travers des déclarations dans les médias ou les réseaux sociaux ont, dès l’éclatement de cette affaire, choisi, sans aucune prudence ou réserve, d’entonner le refrain du complot, chanté par Ousmane Sonko, sans aucune preuve. La loi pénale laisse à la personne poursuivie toute la latitude de mentir, d’affabuler, mais cette posture ne devrait pas être celle des autres personnes. Ousmane Sonko a continué de mentir grossièrement sur les circonstances des faits qui auraient été commis dans un vulgaire salon de massage aux allures de lupanar et où, il avait ses habitudes et ses entrées. Et de manière étrange, il continue d’occulter tout contact avec la plaignante et évoque encore moins les preuves que cette dernière et ses avocats disent détenir. Si tant est que Ousmane Sonko n’aurait rien à se reprocher et que ses souteneurs le croiraient sur parole, la meilleure façon serait d’aller, devant la face du monde et au prétoire, s’expliquer sur ces sordides accusations. On ne peut compter les verdicts que les juges rendent tous les jours en faveur de personnalités politiques d’opposition.
Le déroulement des émeutes montre le dessein insurrectionnel et putschiste qui le sous-tend et assurément, Ousmane Sonko serait veinard de ramasser le pouvoir après une partie de plaisir charnel et, surtout, après avoir défié et menacé avec ostentation les institutions républicaines. La mission de l’Etat demeure impérative, c’est de présenter Ousmane Sonko aux juges qui auront à apprécier librement les faits. Aucune autre attitude ne devrait être envisagée, au risque de fragiliser l’Etat et surtout de provoquer un grave et irrémédiable précédent. Non seulement aucun compromis ne devrait être possible sur ce point mais aussi, tout silence devant une telle situation équivaudrait à une lâcheté vis-à-vis de l’idéal républicain et toute velléité de soustraire Ousmane Sonko à l’action de la Justice, participerait d’une trahison de la République, notamment de ses principes fondamentaux de respect de l’Etat de droit et de l’égalité des citoyens devant la loi. Que deviendrait le Sénégal si le chaos s’érigeait en échelle pour accéder au pouvoir.
Sacrilège! Le juge se dessaisit car sa femme est «Joola»
Faudrait-il accepter que les juges prennent peur? Nous avions eu à relever dans ces colonnes que de nombreux mauvais procès ont été faits aux magistrats par la classe politique et des personnalités de la société civile. Aussi, de manière insidieuse, des magistrats, gagnés par un égoïsme et un certain opportunisme, ont eux-mêmes largement entamé la crédibilité de la Justice en s’en prenant à leurs pairs pour se tailler une robe de parangon de vertus. Nous relevions, dans une chronique en date du 16 juillet 2018 intitulée «S’il faut en arriver à huer les juges!», que «les coups portés à la crédibilité des institutions judiciaires sont souvent, et au premier chef, du fait même des acteurs de la justice. Ils donnent ainsi le bâton pour se faire battre». Résultat des courses ? «Il y a eu un terrorisme médiatique sur les magistrats, au point que certains chefs de juridiction éprouvent de la peine à composer des Chambres pour juger certaines affaires» (chronique du 24 août 2020).
De façon insidieuse, la justice a fini par être intimidée. Le juge Mamadou Seck, initialement chargé de l’instruction de l’affaire de viol opposant Ousmane Sonko à Adji Sarr, a fini par se dégonfler, par céder au chantage et aux menaces. Son ordonnance de dessaisissement devrait interpeler tout citoyen quand il dit se «dessaisir pour convenances personnelles, notamment les graves accusations non fondées et injustifiées portées à notre encontre, relativement au traitement de ce dossier. Par ailleurs, ma première épouse étant d’ethnie Diola et est originaire de Ziguinchor, je suis habité par la crainte de faillir dans le traitement objectif du dossier conformément à mon serment ». On ne pouvait pas faire un plus grand tort à l’institution judiciaire quand un magistrat cède ainsi à des menaces publiques impunies, ou qu’il invoque des liens ethniques et régionalistes pour se dessaisir d’un dossier. Aux abois, Ousmane Sonko, toujours le même, a agité ces questions ethnicistes et régionalistes pour chercher à se soustraire de l’action de la Justice. Cela lui a réussi car par ce procédé ignoble, il a réussi à se payer la tête d’un juge et au grand dam des principes républicains. Dommage qu’il ne s’est pas trouvé une voix pour lui faire la leçon. En effet, s’obstinerait-on à considérer que tout ce qui pourrait contribuer à affaiblir Macky Sall serait bon à prendre ? Quand est-ce qu’ils comprendront que Macky Sall va faire son temps et qu’un jour ou l’autre, un autre chef d’Etat sera investi à sa place? Et la République devra rester et on espère qu’elle sera debout!