POUR L’UNITÉ SYNDICALE ET LA GRÈVE GÉNÉRALE
Le mouvement syndical doit se repositionner comme sentinelle vigilante - Il doit redevenir une sorte de contre-pouvoir, qui doit peser pour que ces politiques publiques soient orientées dans le sens des intérêts populaires
Qu’on le veuille ou non, on est obligé de reconnaître, que les luttes syndicales – principalement dans les secteurs de l’Education, de la Santé et de la Justice - ont singulièrement manqué d’efficacité, ces dernières années. La meilleure preuve en est la non-application, durant plusieurs années, d’accords signés par le gouvernement de la République.
La première raison à cette situation réside dans la division voire l’éparpillement des forces syndicales, auxquelles il arrive très rarement de s’entendre sur une plateforme unique et des mots d’ordre communs.
Cette fragmentation du mouvement syndical, loin de reposer sur des divergences programmatiques ou d’orientation, relève le plus souvent d’inimitiés crypto-personnelles ou d’une divergence d’intérêts individuels. La multiplicité de scissions qui en découle est le résultat du non-respect des normes de fonctionnement démocratiques dans nombre d’organisations syndicales, instrumentalisées depuis des décennies par des groupes maffieux, qui sont dans une quête désespérée de reconnaissance par les plus hautes autorités de la République. On assiste, de fait, à une patrimonialisation des organisations syndicales fragilisées par un leadership déficient et une gouvernance exécrable.
On ne peut, non plus, occulter le faible niveau de conscience syndicale des travailleurs, qui adhèrent à leur syndicat comme à un daara, plus intéressés par les avantages qu’ils peuvent en tirer (bourses, voyages aux Lieux Saints, avancements, affectations, protection contre les sanctions disciplinaires…) que par la glorieuse perspective de libération des travailleurs. Ce sont ces mêmes militants, qui s’adonnent à cœur-joie au xar matt (travail noir), sont impliqués dans des cas de népotisme et de situation de rente, érodant ainsi les principes de justice sociale et d’équité, qui devraient être à la base de toute action syndicale digne de ce nom.
Une autre explication de l’inefficacité des fréquentes et interminables grèves des syndicats des secteurs de la Santé et de l’Education est le fait qu’elles n’atteignent pas les classes dirigeantes de notre pays, qui ont mis en place des mécanismes et réseaux pour la satisfaction de leurs besoins sanitaires et éducatifs, en dehors des secteurs publics de la Santé et de l’Education, que ce soit dans le privé ou à l’étranger. Cela contribue à l’impopularité de ces grèves (donc absence de soutien), car ce sont les masses populaires qui, même en temps normal, rencontrent d’énormes difficultés d’accès aux soins, sont les plus grandes victimes collatérales de ces confrontations syndicales.
Il y a enfin le corporatisme débridé, qui caractérise les différentes franges du mouvement syndical avec de plus en plus de syndicats sectoriels (élémentaire, moyen secondaire, supérieur, médecins, chirurgiens-dentistes…) et de moins en moins de syndicats unitaires. Cette vision étriquée aboutit aussi à une prétendue neutralité politique, qui fait que les syndicalistes interviennent en aval de la mise en œuvre des politiques publiques. On peut y trouver certes quelques aspects positifs (construction d’infrastructures, couverture maladie universelle…), mais surtout une politique économique extravertie, trop favorable au Capital étranger et soumise aux officines financières impérialistes, marquée par un endettement colossal et des scandales récurrents (signature d’accords léonins sur les ressources naturelles, détournements de deniers publics…). En définitive, on se trouve dans une situation de tension de trésorerie, qui empêche la matérialisation des accords syndicaux, le règlement de la dette intérieure, y compris les factures dues à l’Agence de couverture maladie universelle et à l’Enseignement Supérieur privé.
Tout cela nous amène à penser que le mouvement syndical doit se repositionner comme sentinelle vigilante, ayant son mot à dire sur la définition et la mise en œuvre des politiques publiques. Il doit redevenir une sorte de contre-pouvoir, qui doit peser pour que ces politiques publiques soient orientées dans le sens des intérêts populaires. Pour atteindre ces objectifs exaltants, il est incontournable d’en arriver, à tout le moins, à une unité d’action du mouvement syndical. Celle-ci pourra revêtir la forme d’une grève générale politique, qui mettra sur le tapis l’impact des principales orientations politiques mises en œuvre par le gouvernement de la République sur la vie des masses populaires.