QUELLE RELATION ENTRE DÉVELOPPEMENT ET RESPECT DE L'ENVIRONNEMENT ?

Dans un monde globalisé où la croissance économique d'un pays conditionne généralement celle de ses voisins ou partenaires commerciaux, la question de la préservation de l'environnement pour le bien des générations futures est encore plus prégnante. Pendant longtemps, les pays africains ont opposé développement économique et préservation de l'environnement au prétexte que l'exploitation de nos riches ressources naturelles constituait le plus sûr et le plus rapide moyen de développer nos nations, quel qu'en soit le prix.
Aujourd'hui, heureusement, le paradigme a nettement évolué. En effet, force est désormais de constater une réelle amélioration de la place de l'environnement à plusieurs niveaux :
• Un changement de mentalité :
On est loin de l'époque de la Déclaration de Rio où environnement rimait uniquement avec l'engagement considéré comme idéaliste d'organismes non gouvernementaux ou d'institutions régionales. Aujourd'hui, on note une implication à tous les niveaux, notamment des gouvernements et des acteurs privés. Cette implication collective a, par exemple, donné naissance à "la Grande Muraille Verte", développée en 2005 par l'Union Africaine pour juguler les effets néfastes tant socio-économiques qu'environnementaux de la dégradation des terres et de la désertification dans le Sahara et le Sahel. Cependant, il reste important d'inclure les populations locales à cette prise de conscience a n qu'elles ne soient pas exclues.
• Le cadre institutionnel a aussi clairement évolué avec une réelle prise en compte des enjeux puisqu'on est témoin de la place prépondérante qu'occupe l'environnement au sein des gouvernements africains, illustrée par la décision prise par le gouvernement du Gabon, par exemple, de préserver 80% du total des aires des parcs nationaux du pays. Par ailleurs, les ministères en charge de l'environnement ne sont plus isolés mais font désormais partie intégrante du dispositif institutionnel, souvent même avec des rôles majeurs. Cependant, il est important de s'assurer que les conventions internationales ne s'arrêtent pas seulement à la signature, qu'elles sont mises en œuvre par la disponibilité des moyens nécessaires à leur bonne conduite.
• Les instruments permettant une évaluation environnementale tels que l'Etude d'Impact sur l'Environnement (EIE) et l'Evaluation Stratégique Environnementale (ESE), entre autres, sont largement diffusés en Afrique tant au niveau des ministères que des organismes de financement. La non-conformité d'un projet à ces instruments peut empêcher ou retarder la réalisation de ce dernier, d'où par exemple les divergences multiples actuelles en République Démocratique du Congo entre autorités locales et organismes chargés de protéger l'environnement, suite à la découverte d'un gisement de pétrole dans le sous-sol d'une réserve naturelle, classée au Patrimoine mondial par l'Unesco. A ce niveau, il est important de s'assurer de l'application systématique de ces instruments à tous les projets pouvant impacter l'environnement.
• Les gouvernements africains sont également très actifs au niveau du financement du secteur avec une implication dans les initiatives de fonds tels que le Fonds pour l'Environnement Mondial, créé en 1991 et ayant accordé plus de 10 000 financements ou le Fonds Vert pour le Climat dont l'objectif est de réaliser le transfert de fonds des pays les plus avancés à destination des pays les plus vulnérables avec un objectif de financement à hauteur de 100 milliards USD par an d'ici à 2020. De même, on assiste au développement de la taxe carbone qui peut être dédiée au financement des projets de développement
A la COP21, il faudrait souligner les efforts faits par les pays africains dans le seul but d'allier développement et environnement avec une réelle prise de conscience des enjeux, une évolution du cadre institutionnel, le respect des instruments d'évaluation environnementale et aussi une implication des acteurs dans le financement du secteur.
Cependant, il est nécessaire qu'il y ait un suivi des actions entreprises, une augmentation des financements disponibles mais aussi et surtout, il est primordial que les États africains poursuivent leurs efforts pour intégrer, à tous les niveaux de la chaîne de valeur, qu'environnement et développement sont intrinsèquement et inextricablement liés.