A QUI LA FAUTE

Après l’inadmissible horreur des attentats de Paris du week-end, toute la charge émotionnelle qu’elle a suscitée et la vague de réprobations et d’indignations notée un peu partout dans le monde, l’instant présent commande une lecture plus lucide et objective et partant plus pertinente de la situation pour que, à jamais, l’humanité cesse de pleurer ses fils.
A «la barbarie», l’Etat français répond par un ton guerrier, une attitude belliqueuse, martiale, des frappes aériennes en Syrie donc par «la barbarie». Evidemment il s’agit ici de la posture la plus facile à adopter face à l’immensité, la nature et la complexité du problème que les esprits paresseux, sectaires et manipulateurs ont tôt fait d’assimiler au djihadisme, au salafisme, à l’extrémisme religieux bref à l’Islam.
Ce qui est totalement de la manipulation, proprement un grand mensonge. Ils savent mieux que quiconque que ces débiles sanguinaires ne sont pas des «fous de Dieu» et n’ont rien à voir avec l’Islam. De l’Afrique en Europe, il s’agit simplement de personnes que des systèmes ont marginalisées, brutalisées, violentées, violées, au point de leur ôter tout goût, toute soif, toute lumière, tout espoir. Ces déréglés, terrorisés par un sort implacable, se sont simplement lancés dans une sordide et macabre vengeance sur tout, sur la vie.
Il n’est pire terreur que celle qu’offre le spectacle devenu banalisé de ces milliers d’Africains, d’Irakiens, d’Afghans, de Palestiniens, de Syriens etc., de tous âges dont les cadavres ornent quotidiennement les plages de la Méditerranée. Comment en est-on arrivé à ce que des Nigérians dynamitent froidement des Nigérians ? Qu’est-ce qui s’est passé au point que des Français en arrivent à abattre et à casser froidement du Français ?
Si nous avons le courage de nous poser ces vraies questions et la responsabilité d’y apporter les bonnes réponses, demain sera meilleur pour tout le monde. L’arbitraire, l’exclusion sociale, le mépris, l’injustice sociale, la privation de toute sorte, l’oppression aveugle, l’impérialisme idéologique et économique, l’ultra capitalisme sont des tares de nos sociétés actuelles qui alimentent et entretiennent le désespoir et l’obscurantisme qui peuvent mener vers tout, même l’inimaginable !
L’humanité pleure et compte ses morts car elle a vendu son âme au diable.
Plus grave, la course effrénée vers les ressources, le deal de l’armement et l’impuissance face à la demande sociale ont transformé certains chefs d’Etat occidentaux en chefs de guerre. Faute de répondre correctement et concrètement à la commande sans cesse pressante et urgente de leurs concitoyens, la guerre semble devenir la seule parade pour retrouver une splendeur perdue, recoller au sondage et plaire sinon retourner l’ascenseur à l’immoral lobby de l’industrie de l’armement.
A chacun sa guerre, c’est de saison. Ainsi pour de subtils et fallacieux arguments de respect des droits de l’homme, l’Irak, l’Afghanistan, la Libye et aujourd’hui la Syrie sont mitraillés. Ce qui désole davantage est que les cibles sont bien identifiées à l’avance, car de leurs sous-sols partent des effluves de pétrole qui vont taquiner les narines d’insatiables puissances impérialistes occidentales.
Le Peuple dit «terroriste» ne fabrique, ni ne vend des armes. Pour exemple, est-il de bon ton de s’indigner face à l’action russe en Ukraine et à la Crimée quand on a fini, sur la base de juteux contrats, de lui fabriquer deux mistral ? Leur facilité à convoquer ou à provoquer «la guerre» dans leurs propos pour tout ou rien ne serait-elle pas un aveu d’impuissance intellectuelle, morale et une certaine apologie de la violence.
La perpétuelle et violente extermination du Peuple palestinien jusque dans ses derniers retranchements (écoles, hôpitaux, lieux de culte, sanctuaires onusiens) n’émeut plus les consciences quand il suffit juste de quelques instants de fusillade dans une métropole occidentale pour que le monde s’arrête et bascule dans l’indignation et la condamnation collective. Les logiques affairistes et la diplomatie internationale à double standard ont fini de secréter de la violence aveugle sur fond de besoin irrépressible de justice privée et plonger ainsi le monde dans un chaos dont il aura du mal à se remettre.
Nous sommes tous responsables et nous avons tous semé ou laissé semer et entretenir, par notre action ou notre indifférence, les germes de la terreur. Peuples du monde, sans jamais vouloir trouver une explication ou une justification à ces ignobles et lâches cruautés qui ensanglantent l’humanité, mon propos est simplement d’inviter à une introspection collective et de rappeler que beaucoup d’entre nous n’ont plus les moyens d’être fatigués et sont désespérés.
Prenons davantage conscience, que seuls l’Amour et la morale dans les relations que nous entretenons pourront conduire vers un monde plus juste et mieux équilibré, seules conditions pour garantir la paix et la concorde mondiales.