QUI SONT LES VRAIS VA-T-EN-GUERRE?
EXCLUSIF SENEPLUS - Le massacre de Boffa est la funeste illustration de l’art de guerre du MFDC, la cruauté, la ruse - La Casamance n’est pas la région la plus maltraitée du Sénégal
Les révélations du procureur de Ziguinchor sur les auteurs et les organisateurs du massacre de Boffa Bayotte, accablent le MFDC, adepte de violence et de double langage. Ses précautions oratoires du magistrat, désignant « une faction armée » et le fameux «lieutenant » encadreur des forcenés, ne sont que de principe. Elles ne laissent, cependant, le moindre doute sur l’origine du commanditaire des crimes odieux du 6 janvier et de l’incubateur des tueurs.
Peu importe que des esprits partisans s’évertuent a l’absoudre en les considérants comme de pacifiques « combattants», preux soldats, prêts à lutter contre lé déforestation de la Casamance. Là, il ne s’agit plus de modération langagière. Ces spécialistes de la contorsion sémantique ont simplement choisi de ne pas voir la réalité au cru grand jour. Et pire encore, de tenter malencontreusement d’anoblir des criminels en les affublant d’un statut si honorable de «combattant. » Les déclarations de Salif Sadio bravant l’autorité étatique, constituent en soi une nouvelle déclaration de guerre.
Il ne nous aucune autre alternative que d’arrêter ses bravades ? Et ce n’est un sempiternel et infructueux dialogue qui nous y conduira.
Pour quels desseins ces softs pyromanes chercheraient-ils à assurer le SAV de ceux qui refusent leur sénégalité et s’attèlent à déconstruire notre nation ? L’histoire le révélera peut-être un jour. Notons simplement qu’il n’y a pas deux manières d’être Sénégalais. On l’est, ou on ne l’est pas ! Nous avons, avec l’écrasante majorité des Casamançais, l’ardent désir de rester Sénégalais et de ne faire la moindre concession aux séparatistes, en les désignant par leur véritable nom. Sans complaisance ni hésitation, encore moins d’état d’âme.
Il n’y a pas pour nous, de demi-mesure ou d’échelle dans notre Sénégalité. La vérité des enquêtes sur le carnage est implacable. Surtout quand elle est révélée par des hommes d’honneur, professionnels jusqu’au bout des ongles, discrets, efficaces, réactifs. Et… même pudiques jusqu’à aligner poliment métalangages, euphémismes et périphrases pour indexer les auteurs de cette cruelle évidence. Ainsi donc, le MFDC est l’auteur du carnage de Boffa ! Dès les premières heures postérieures au massacre, des voix autorisées comme celles de Robert Sagna, Saliou Sambou et Pierre Goudiaby avaient pointé du doigt le mouvement indépendantiste converti au terrorisme business, faute de réaliser leur rêve sécessionniste.
Il est vrai que l’essence de leur sortie visait plutôt à « expliquer » la motivation économique, sociale, cultuelle et environnementaliste des tueurs. Leur logiciel argumentaire a produit les mêmes applications : injustice sociale, mépris culturel, domination économique, exploitation des autochtones par des migrants du nord, non respect des valeurs du Bois Sacré. Toute une panoplie de « recettes » compréhensibles, mais surtout pas suffisantes pour justifier l’usage des armes, pour tuer nos soldats, terroriser les populations, les contraindre à l’exode, détrousser les voyageurs, poser des mines dans les rizières, mutiler les écoliers et les déscolariser avec la seule finalité d’organiser une exploitation éhontée des ressources de la Casamance et vivre de cette économie de guerre. Non, Salif Sadio, et les siens ne sont pas des « combattants ? » Oui, ils ont pris le parti d’être ce qu’ils n’ont jamais cessé d’être depuis 36 ans.
Le massacre de Boffa est la funeste illustration de l’art de guerre du MFDC, la cruauté, la ruse. C’est sa boîte à outils. Les vrais va-t-en guerre, se trouvent dans les rangs de ceux qui portent le plaidoyer des tueurs, colportent et répandent la justification de leurs forfaits.
En vérité, il faut qu’ils prennent enfin conscience du caractère spécieux de leur raisonnement. Chaque peuple, chaque nation, a son histoire de racisme, d’ostracisme, d’ethnicisme ? Les grandes guerres mondiales, les conflits civils intra-nations ont souvent trouvé leur soubassement dans la volonté de domination, la toute puissance et le sentiment de supériorité entrevue pendant des générations par des forces endogènes ou exogènes. Le sentiment d’exploitation, de mépris, de manque de reconnaissance peut-être est partout éprouvé. C’est le lot de tous les peuples du monde.
Mais à chacune de ces séquences, la raison a fini, ou finira par triompher. Le dialogue inclusif, le désir de paix de coexistence pacifique, la tolérance mutuelle, le rejet de la violence comme solution finale ont arrêté la spirale dégradante des douleurs sans fins. Partout dans le monde. Le sens de l’historicité, la volonté de renverser le cours sinueux et maléfique de ces hostilités récurrentes ont fini par l’emporter sur des occurrences comme l’esclavage, la colonisation, la domination. Mais, il a fallu comme en Afrique du Sud, commencer, par identifier et nommer le mal, pour trouver le meilleur antidote pour y remédier. Sans fard. Sans trembler.
Dans beaucoup de zones du Sénégal, de Kédougou, au Foutou, de la région de Dakar aux confins du Sine et du Saloum, des primo-habitants (notion somme toute relative) pourraient chercher des raisons et des moyens de se révolter avec violence, contre la spoliation de terre, leur marginalité économique et le déclassement social, bien qu’elles recèlent d’immenses richesses minières, agricoles halieutiques, touristiques.
La quête d’une juste jouissance des ressources locales par les habitants de ces localités, dont la Casamance, n’est pas l’apanage unique de cette belle région du Sénégal. C’est une revendication planétaire que l’on retrouve en Amérique du Nord, au Brésil, en Asie, et bien entendu en Afrique. Elle a souvent pris la forme de guerre civiles et de conflits parfois cinquantenaires. Mais il a bien fallu en finir un jour ! Mais après combien de malheurs compulsifs ? De drames collectifs ? De déchirures sociales profondes lentes à se cicatriser !
Loin s’en faut, la Casamance n’est pas la région la plus maltraitée du Sénégal. Ceux qui entretiennent cette erreur de jugement font le lit des séparatistes et accréditent leur maléfique discours de haine. La marginalité brandie par ces fossoyeurs de notre Sénégalité, ne repose que sur une hémiplégie et un refus délibéré de poser la problématique d’une équité socio-économique exigible partout au Sénégal. La Casamance a l’heureux avantage d’être riche en ressources et d’attirer des convoitises d’ordre économique essentiellement, qui hélas conditionne l’ordre social, partout dans le monde. La Casamance n’a l’exclusivité de ces dérèglements structurels. Et leur sédimentation est facteur de frustrations notables et compréhensibles.
Tout comme les zones dotées ressources pétrolières sont, souvent victimes de cette « malédiction.» Cependant, les corrections inclusives ne se feront que par le choix de politiques publiques efficientes, justes et équitables sur fond de bonne gouvernance. La dramatique situation de notre voisin malien doit nous instruire sur les dangers d’une compilation morbide des sentiments d’agression, de frustration et de complexe d’infériorité que des mal-pensants, cherchent à instiller dans la mentalité de populations casamançaises, en proie comme dans l’ensemble de notre pays à des difficultés existentielles.
Il suffit de consulter avec minutie les résultats des enquêtes socioéconomiques de l’ASND et les programmes d’investissements réalisés dans cette région pour comprendre que la région de Ziguinchor, épicentre du conflit est loin d’être la mal aimée de notre pays ? Sur beaucoup d’indicateurs et d’indices de développement humain, cette région devance de loin ses voisines de Kolda, Sédhiou et bien d’autres régions du Sénégal.
Il y a certes des problèmes d’inclusion comme du reste, dans la totalité de nos terroirs ? Mais de là, à singulariser la Casamance dans le bas de la pyramide de la pauvreté ? Inadmissible ! Pendant longtemps, on a laissé entretenir une culture désastreuse de la victimisation des régions casamançaises où pourtant la cohésion sociale dans la diversité est une réalité installée. Et ce, en dépit de l’écran gambien qui l’isole en partie du reste du Sénégal. A force d’avoir utilisé, pour des fins de victimisation, certes spécificité de cette région (quelle région ne peut afficher ses particularités et s’en prévaloir ?), on a fini par y développer des particularismes répulsifs et non intégratifs, et oublier ainsi, et de veiller à y construire un fort sentiment de Sénégalité, que le MFDC chercher à déconstruire. Notre devoir est l’en empêcher. Par des moyens pacifiques ou de guerre lasse, par des moyens idoines.