RECHERCHE PREMIER MINISTRE
C’était un 14 mai 2019. La loi constitutionnelle portant suppression du poste de Premier Ministre a été promulguée ce jour-là. Dix-neuf mois plus tard, le retour du poste du chef du Gouvernement a été annoncé lors du Conseil des ministres

C’était un 14 mai 2019. La loi constitutionnelle portant suppression du poste de Premier Ministre a été promulguée ce jour-là. Dix-neuf mois plus tard, le retour du poste du chef du Gouvernement a été annoncé lors du Conseil des ministres du mercredi 24 novembre 2021. Les vannes se sont ouvertes du côté de l’opposition et les commentaires vont bon train. La météo politique n’a pas vu venir. Comme lors de l’annonce de la suppression du poste qui avait pris de court le landerneau politique, le même effet de surprise a été enregistré.
Décidément, comme un champion d’échecs, Macky Sall semble presque toujours avoir un coup d’avance sur ses adversaires. Surtout qu’aussitôt cette annonce faite, le Président s’est rendu le lendemain en République Démocratique du Congo. Laissant ses alliés préparer leurs éléments de langage. Les mêmes qui avaient assuré, hier, le service après-vente, lors de la suppression du poste, font aujourd’hui le tour des plateaux pour défendre leur chef de parti et leur leader, avec l’annonce de cette restauration.
Les supputations sont de mise. Certains analystes y voient le renoncement pour un troisième mandat et la préparation à sa succession, pour un Président qui a énormément laissé dire et entretenu le flou pour éventuellement rempiler ou non, une troisième fois consécutive. Entre-temps, la crise de la pandémie à Covid-19 est passée par là, avec son lot d’impactés dans le secteur socio-économique. Les manifestations de mars 2021 ont aussi entraîné des bouleversements profonds dans la société sénégalaise, faisant le lit d’une violence diffuse qui a fini par exploser
Le discours de Macky Sall, à l’endroit d’une jeunesse désespérée et en colère, résonne encore dans les oreilles de ses concitoyens. Le programme «Xëyu ndaw yi» a été lancé à coup de milliards et les financements de la Délégation à l’entrepreneuriat rapide (DER) des femmes et des jeunes ont été distribués comme des lots de consolation. Pour un Président qui a été en première ligne, exposé, sans bouclier, sans le paravent d’un Premier ministre qui aurait pu servir de fusible, les coups ont été trop nombreux et trop violents. Un retrait en deuxième ligne sonne comme une stratégie de survie, surtout dans un contexte de pré-campagne avec les élections locales prévues en janvier prochain, tandis que la Présidentielle de 2024 est le rendez-vous de toutes les convoitises et les futurs candidats ne se sont pas encore signalés.
Celles qui se sont signalées en revanche, ce sont les membres du Collectif des femmes sénégalaises qui ont organisé la riposte et déposé plus de 200 plaintes en réponse à celle de Amina Badiane, du nom de la présidente du Comité Miss Sénégal. Elles demandent le retrait de la licence et dénoncent le comportement «irresponsable et irrespectueux de la dame suite à ses propos qualifiés «d’apologie du viol» suite à sa réaction face aux propos de Miss Sénégal 2018, Fatima Dione.
Pas encore de plainte visant le promoteur de lutte Gaston Mbengue pour ses propos jugés xénophobes et discriminatoires, tenus contre Barthelémy Dias, maire de Mermoz-Sacré- Cœur. Une pluie de réactions indignées sont tombées sur le promoteur après s’être attaqué aux origines du leader politique. Seulement, propos outranciers contre propos outranciers, n’est-ce pas Barthelémy qui déclarait aussi, émettant un jugement de valeur à l’endroit du Président Macky Sall et accessoirement le patron de son père, qu’il qualifie de «mauvaise personne». Un qualificatif dont il use à chacune de ses sorties. Les deux déclarations sont condamnables et ont la violence en commun.
Ce débat sur la violence s’est invité sur tous les plateaux télé, comme une maladie qui se déclare et dont seuls les symptômes sont visibles alors que les véritables causes n’ont pas encore été identifiées. On se lance la balle et chacun pointe son vis-à-vis du doigt. Dans un pays où les insulteurs publics font le buzz, le langage est à assainir sur tous les champs. A quand une plainte collective pour outrage à ascendants, pour défendre tous ces parents, surtout les mères, que des quidams insultent à longueur de journée, sans aucune conséquence.