RÉPONSE À MONSIEUR ALINARD NDIAYE
Après lecture de la lettre ouverte d'Alinard Ndiaye au président de la République, sur l’élaboration de la Stratégie nationale portuaire initiée par l’ANAM sans le Port de Dakar, je voudrais porter à l’attention de l’opinion, les clarifications, ci-après
Après lecture de la lettre ouverte de Monsieur Alinard NDIAYE, à Son Excellence, Monsieur Macky SALL, Président de la République, relativement à l’élaboration de la Stratégie nationale portuaire (SNP), « initiée par l’ANAM, sans le Port Autonome de Dakar », parue dans le site www.dakaracatu.com, vendredi dernier, dans les quotidiens « Le Témoin » et « L’As » du mardi 05 avril 2022, je voudrais porter à l’attention de l’opinion, les clarifications, ci-après, en vue de lever les équivoques, contradictions et aberrations de cette publication.
Tout d’abord, je voudrais relever l’amalgame fait à dessein pour discréditer l’ANAM, en évoquant le port de Ndakhonga non encore mis en service malgré l’instruction du Chef de l’Etat en 2016 confiant sa gestion au PAD.
En effet, ce port, hautement stratégique à son époque, était une commande de l’Etat, et s’inscrivait dans l’alternative à la Trans-gambienne d’alors sous l’ancien régime gambien, pour assurer la continuité du territoire national. Ceci dit, le pessimisme déclaré quant à l’issue du projet d’élaboration de la stratégie nationale portuaire est, en lui-même, révélateur d’une exploitation malveillante de documents de travail et d’actes réglementaires pris pour organiser la synergie nécessaire des différents acteurs de la plateforme portuaire et forces vives du secteur de la logistique pour concrétiser la vision du Chef de l’Etat de faire de notre pays un hub logistique industriel intégré dans la philosophie transformationnelle de notre économie proposée par le Président Macky SALL dans le PSE.
Ainsi compris, dire que le Ministère en complicité avec l’ANAM cherche à contrôler le PAD est une ineptie intellectuelle. Affirmer que le PAD n’est pas impliqué dans le processus du projet, pour asseoir l’idée que c’est le PAD qui devait piloter la stratégie, découle d’une méconnaissance de l’organisation de l’Etat. En effet, juste pour que nul n’en ignore, il faut, simplement, comprendre que les transports maritimes, y compris le portuaire qui en est un segment, l’Autorité nationale est détenue par le Ministre en charge de la Marine marchande et que son délégué statutaire est le Chef des Services de Marine marchande : l’Agence nationale des Affaires maritimes (ANAM).
Ainsi, l’Administration maritime exerce la fonction d’Autorité maritime déléguée. Chez nous, comme quasiment partout ailleurs, la loi est claire et le décret n°2020-2212 du 11 novembre 2020 relative aux attributions du MPEM, le Ministre des Pêches et de l’Economie maritime prépare et met en œuvre la politique définie par le Chef de l’Etat dans les domaines (…) des transports maritimes et des infrastructures portuaires. Il faut aussi noter, pour lever l’amalgame, que l’élaboration d’un document de la stratégie nationale portuaire est une initiative du Chef de l’État qui a demandé au Gouvernement, à travers le Ministère de l’Économie maritime, de la mettre en œuvre. Il ne s’agit pas du Plan Directeur du port de Dakar, mais d’une Stratégie nationale dont le périmètre couvre tous les ports de commerce, pêche et de plaisance actuels et futurs publics comme privés ainsi que tout l’écosystème portuaire.
Ainsi, en 2015, sur instruction du chef de l’État toujours, le Ministère en charge de l’Économie maritime, et sous la coordination de l’ANAM (ANAM), Autorité maritime déléguée, a conduit l’étude de cadrage des ports du Sénégal réalisée par le Cabinet Royal Haskoning DHV, sur financement du Royaume des Pays Bas.
Parmi les recommandations de cette étude, nous pouvons noter :
•Changement du site initial du port du futur prévu dans la concession du terminal à conteneur du Port de Dakar avec DPW,
•Elaboration d’une stratégie nationale portuaire du Sénégal avec la prise en compte de :
•Prévisions de trafic, y compris le commerce de transit vers les pays de l'hinterland,
•Exigences en matière de ports,
•Options de développement,
•Estimations des coûts et analyse multicritère,
•Évaluation financière et économique,
•Cadre juridique et institutionnel (actuel, ainsi que des recommandations pour les réformes, les PPP),
•Évaluation de l'impact environnement et social, et,
•Plan d'action stratégique (comprenant un programme des investissements priorisé, le planning de la mise en œuvre et les indicateurs de performance recommandés).
Concernant l’élaboration de la Stratégie nationale portuaire, elle vise à permettre la réalisation de la vision du Chef de l’État du Sénégal dans le sous-secteur portuaire, qui est d’ériger une plateforme portuaire performante, moteur de l’émergence, à même de faire du Sénégal, un hub international, portuaire, industriel, et logistique intégré, capable de soutenir la croissance économique qui sera induite par la mise en œuvre du Plan Sénégal Émergent(PSE). Est venue s’ajouter à ce contexte, la construction du Port vraquier et minéralier de Bargny-Sendou. Les avancées sont d’importance, puisque le PAD n’a aucune sorte d’autorité sur ce port privé, avec un trafic particulièrement porteur pour le PAD, à date.
ALORS QUI DOIT PORTER LA STRATÉGIE NATIONALE PORTUAIRE ?
Pour en revenir aux termes de références élaborés par l’ANAM, puis examinés et approuvés en séance présidée par le Secrétaire général du MPEM, en présence de structures concernées, notamment les représentants du PAD; il est vrai l’appellation initiale de l’étude était Stratégie nationale de renforcement de la plateforme portuaire du Sénégal(SNRPPS).
SI LE PAD N’A PAS PARTICIPÉ DE MANIÈRE EFFECTIVE COMMENT EST-ON PASSÉ DE SNRPP À SNP ?
Sur la base des termes de référence approuvés, une requête de financement a été envoyée aux bailleurs potentiels. C’est ainsi que le Royaume de Belgique, à travers son Agence de développement ENABEL a bien voulu accepter le financement de l’élaboration de la SNRPPS. Un protocole d’accord de financement a été signé à cet effet en janvier 2021. Pour prendre en compte les préoccupations de toutes les parties prenantes, le Ministère, sous la présidence de Monsieur le Secrétaire général, a organisé un atelier à l’issue duquel, une note d’orientation a été élaborée, avec la nouvelle appellation Stratégie nationale portuaire (SNP), dont la vision est de faire du Sénégal, un hub portuaire, industriel et logistique intégré, à l’horizon 2035. Il faut noter la participation active du PAD à cet atelier.
Sur la base d’un appel d’offres international, le Groupement CPCS (Canadien) et TRACTEBEL (Belge) a été retenu à la suite du dépouillement des offres par les représentants des structures concernées du MPEM, d’ENABEL et des Experts du port international d’Anvers (PAI).
Le PAD, convié à cette activité au même titre que les autres structures sous tutelle, n’y a pas pris part. Pour s’assurer de la bonne exécution du projet d’élaboration de la SNP, le Ministre des Pêches et de l’Économie maritime, en charge du secteur du transport maritime, a mis en place un Comité technique (COTECH) et un Comité de pilotage (COPIL) regroupant tous les membres désignés des structures publiques et les organisations professionnelles concernées directement ou indirectement par le sous-secteur portuaire et de la logistique.
Les deux Comités regroupent une cinquantaine de membres. Les membres des deux Comités sont toujours convoqués par le MPEM, qui est le maître d’ouvrage de la SNP. C’est lieu de remercier le Royaume de Belgique pour avoir accepté d’accompagner notre Pays dans la réalisation de différents programmes et projets du Plan Sénégal Émergent (PSE). Parmi ceux-ci, nous pouvons citer la réalisation de l’Agropole Centre de la région naturelle du Sine-Saloum, zone d’intervention ciblée d’ENABEL. Aussi, dans le cadre du protocole d’accord signé, ENABEL a financé les études de la SNP et a mis à la disposition la grande et riche expertise belge du Port international d’Anvers (PAI), deuxième port d’Europe. Le rôle du PAI dans le projet SNP étant de mieux outiller les membres du COPIL et du COTECH sur les meilleures pratiques mondiales en la matière. Et ce, afin de mieux apprécier et examiner le rapport soumis par le Consultant.
Après la sélection du Consultant, une réunion de clarification des TDRs a été convoquée par le MPEM pour s’assurer que tous les éléments de la note d’orientation ont été pris en compte dans le périmètre de l’étude. Après ces assurances, le Consultant a débuté les études pour l’élaboration de la SNP avec le diagnostic détaillé et l’état des lieux du secteur portuaire sénégalais, de l’identification des besoins, ainsi que les prévisions de trafic et l’analyse des exigences et caractéristiques des ports du Sénégal (Commerce, Pêche et Plaisance). Pour cette phase, les experts des deux cabinets ont rencontré toutes les parties prenantes concernées, y compris le PAD et collecté auprès d’elles, les données nécessaires au diagnostic.
Le PAD a organisé la visite du PAD et fourni les données pour les études. Ainsi, le rapport de diagnostic soumis par le Consultant a été examiné au cours d’un atelier regroupant le Comité technique restreint avec une participation du PAD. Nous devons travailler ensemble pour relever le défi de faire du secteur portuaire et la logistique un moteur de l’émergence de notre Pays. Après l’approbation du rapport de diagnostic, le Consultant a commencé la phase 2, avec Analyse holistique et Définition du développement de la stratégie à travers la proposition des options, pour faire du portuaire et de la logistique, le moteur de l’émergence du Sénégal.
Se basant sur le PSE, le Plan national d’Aménagement et de Développement territorial (PNADT), la note d’orientation du MPEM et le rapport de diagnostic, le Consultant présente des variantes et options stratégiques largement discutées et partagées en COPILCOTECH, en présence du PAD, avec des objectifs stratégiques pour faire du Sénégal un hub portuaire, industriel et logistique intégré, à l’horizon 2035. Pour le renforcement de la connectivité entre la plateforme portuaire et l’arrière-pays, une étude de développement des corridors est en cours.
Le Consultant a présenté les orientations et variantes lors du dernier atelier du COTECH et du COPIL, auquel le PAD a été également représenté. Au terme de cette démarche participative et inclusive avec la participation active de la Communauté portuaire, mais aussi avec toutes les autres parties prenantes impliquées, notre pays disposera d’un document d’orientation, du secteur portuaire et de la logistique, adossé au PSE et au PNADT.
Alors, où et quand le PAD a été laissé en rade ? Si ce n’est lui qui, pour des raisons d’agenda évoquées ou de revendication de pilotage du processus, a manqué à certaines étapes, sommes toutes non décisives. Il est regrettable d’être amené à réagir sur des questions qui ne paraissent pas essentielles, mais tant s’en fallait pour éclairer la lanterne des Sénégalais.
En effet, l’adresse d’une lettre ouverte par un agent, fut-il cadre portuaire, à la plus haute Autorité de l’Etat, pose un problème d’orthodoxie républicaine et reste un fait préoccupant. Je suis sûr que les responsables du PAD, de l’ANAM et du Ministère pourront associer l’auteur de cette lettre à participer aux étapes à venir dans le processus de la SNP pour qu’il comprenne mieux la méthode de travail et se départir de l’idée arrêtée que des partenaires, amis de notre pays et respectueux de notre système politique, vont faire la SNP à notre place. Il est de bon ton que nous fassions cette SNP pour prendre en compte non seulement les aspects Commerce et Pêche de l’activité portuaire mais également ceux liés à la Plaisance pour asseoir une véritable plateforme qui porte l’économie de notre pays.