SEYDI MODY NIANG,
Nous vivons dans une époque très dangereuse où la frustration populaire va en croissant devant les assauts et abus répètes du leadership politique et des tenants du système de privilèges contre les aspirations des Sénégalais
Vous ne rencontrerez jamais l'assentiment de nombre de Sénégalais qui ont la malheureuse habitude d'outsourcer leur indignation aux autres, plus téméraires qui osent coucher leur désapprobation du Prince dans l'espace public. Dès qu'une personne comme vous assume sa responsabilité de citoyen et fournit l'effort (et prend le risque sous nos tropiques) de publier ses sentiments et positions dans le début public, la majorité des paresseux comme moi s'agrippe à ses basques et en font leur porte-parole et otage qui doit dorénavant exprimer fidèlement, totalement et uniquement tous leurs sentiments à eux paresseux.
Ces gens qui apparemment ne prennent jamais le temps de faire des recherches poussées n'ont jamais l'humilité d'admettre que leur otage du jour ne peut pas tout le temps traduire fidèlement leurs émotions à eux sur n'importe quel sujet. N’est-ce pas trop demander à une autre personne d’être en parfaite liaison psychique avec nous et de pouvoir lire nos pensées et anticiper notre réaction et fidèlement les traduire sur papier pour nous ? À nous le confort de nous prélasser dans la paresse intellectuelle et de nous délecter de la production intellectuelle des autres, mais laisser à ceux-ci les risques d’avoir osé croiser le mot avec des tenants de l’exécutif souvent frileux à mort (la tienne).
Serigne Saliou Guèye a été particulièrement virulent dans ses diatribes contre les pseudo-intellectuels, héros d'une seule campagne anti-pouvoir, qu'il considère comme des transhumants. Même si je suis en accord avec lui qu'il fait bien de designer et de cataloguer les truands qui surfent sur la colère populaire pour se "positionner", son papier devrait faire l'objet d'une attention plus particulière sur les mobiles d'accusation lancées et surtout pour lui d'avoir l'humilité de reconnaitre aux autres le droit d'être quelques fois en désaccord sur des sujets spécifiques.
Apparemment la retenue dont il fait souvent montre l'a déserté à la suite de cette énième trahison morale venant de la classe politique. Je suis particulièrement suspicieux de la douceur de ses mots envers Jacques Habib Sy qui été beaucoup plus aphone que vous, Seydi Niang, occupé qu’il était à “matérialiser la vision du Chef de l’Etat” lors de l’organisation du sommet de la Francophonie.
Seydi Niang, nous vivons dans une époque très dangereuse où la frustration populaire va en croissant devant les assauts et abus répètes du leadership politique et des tenants du système de privilèges contre les aspirations des Sénégalais. Il serait même insensé de se tenir de loin ou de près de la meute et tenter de tenir un quelconque raisonnement dans le bons sens. Les blessures devenant de plus en plus profondes et nombreuses, le peuple sénégalais n'en peut plus de savoir raison garder. C'est comme cela qu'il faudra comprendre le sens des attaques ad-hominem de Serigne Saliou Guèye et du perspicace commentateur Abdoul Aziz Wane qui n'est point amnésique, mais semble commodément oublier que l'utilité et la compétence d'une personne n'est pas nécessairement corollaire de sa formation académique ou d’un certain vécu professionnel dans le passé.
Dans les pays anglo-saxons, les polymathes sont grandement célébrés dans leur culture à tel enseigne qu'un Sénégalais spécialiste-littéraire puisse se retrouver enseignant l'anglais à des Américains, ou un élève-prêtre fini ses jours comme technologiste chez un grand éditeur de logiciel d’entreprise. Quand le Sénégalais est fâché, il lui est facile de se séparer de son sago et le résultat n’est souvent pas hautement éclairant, malheureusement.
Vos contributions dans le combat pour l'émergence d'une société citoyenne au Sénégal seront toujours appréciées par des sections non-négligeables du peuple sénégalais. Merci encore et pour toujours, Seydi Niang. Je n'oublierai jamais votre courageux et annonciateur article du 2 mai 2012 nous rappelant que "les premiers effluves qui nous parviennent de la cuisine, nous pouvons nous faire une idée de la qualité du mets qui s’y prépare".
Serigne Falilou Diop,
Apprenti-Politicien
Kael, Département de Mbacké