TOUT COMPTE FAIT
Le moment est venu de prendre conscience du temps qui nous avale ! Et enfin d’entreprendre, résolument, les ruptures fondamentales sans lesquelles notre pays et notre continent vont sombrer dans une nouvelle ère d’esclavage
Tant que l’État avait le monopole de la communication publique, les gouvernants, notamment africains, avaient beau jeu de parader devant des opinions publiques inexistantes ou tout simplement apathiques. Un chef d’État ignare, et sans charisme, pouvait s’entourer d’un halo de mystère, se draper dans un silence de connivence avec, soi-disant, des esprits supérieurs qui lui inspireraient la conduite des affaires de la Nation. Ça c’était avant… Du temps du parti unique, radio unique, journal quotidien unique ! Or, cette époque-là est révolue ! Définitivement. De nos jours, la parole est libre, libérée et accessible, en plus d’être à circulation planétaire rapide… Un pet, fut-il présidentiel, retentit jusque dans les chaumières du Grand Dakar. Le président d’une première puissance mondiale en a récemment fait les frais…selon la presse !
Nous ne sommes donc plus à l’ère des mensonges impunis, instaurés comme mode de gouvernance publique. Tout ce qui se fait se saura. Tôt ou tard ! Il reste à reconfigurer le « mindset » terme plus court et plus expressif que de dire, la configuration mentale des aspirants à la gestion de pouvoirs publics : agents de l’Etat, hommes et femmes politiques doivent prendre conscience de leur statut de « serviteurs » astreints à la reddition des comptes, donc vulnérables. La surveillance citoyenne s’exerce désormais sur tous leurs faits et gestes. Parfois même, et il faut en convenir, de manière exagérée voire abusive.
Tout cela pour dire que les NTIC sont un pain béni pour l’Afrique ! Au lieu de nous y laisser embrigader dans des débats stériles ou des fausses causes sans issue, dotons nos administrations de moyens technologiques conséquents pour améliorer les performances du service public. Que d’heures perdues en procédures bureaucratiques inutiles ! Que de portes ouvertes à la corruption et aux passe-droits ! La qualité de conservation des archives, tout autant que la célérité dans le traitement des dossiers, se trouveraient sensiblement améliorés par une informatisation poussée des procédures administratives. Pour ces raisons, la souveraineté numérique est un enjeu capital de notre temps. Il est en effet temps de passer en priorité… prioritaire la notion de souveraineté numérique et de mener, en conséquence, tous les combats pour la rendre effective. Et d’abord rapatrier sur le continent tous les serveurs qui abritent des sites gouvernementaux ou stratégiques africains ! Tant au plan politique qu’économique. Il est quand même préoccupant de constater que la plupart des serveurs qui hébergent les sites africains se trouvent, soit aux États-Unis ou quelque part en Europe. Autant dire que nous sommes complètement nus face au monde qui se construit en ayant le contrôle sur toutes nos informations, des plus sensibles aux plus salaces … Et cela peut se révéler bien plus dangereux qu’une dévaluation monétaire ! Nos courriers militaires, nos négociations les plus secrètes, sont à la merci de serveurs étrangers… Si l’Union africaine veut se rendre utile, voila bien un chantier à sa dimension ! Au lieu de se répandre en bavardages inutiles sur l’arbitrage de conflits, dont la pauvreté est le levain essentiel, sur fond de manipulations internationales des pays marchands d’armes. L’Union africaine, si elle veut retrouver du sens et faire la différence, devrait construire la paix au lieu de se mêler des conflits. L’intégration des politiques culturelles et touristiques, la souveraineté numérique, l’intégration des réseaux ferroviaires et routiers, la création de compagnies maritimes et aériennes continentales pour faciliter les échanges interafricains, que de beaux chantiers pour donner corps et vie au panafricanisme tant chanté et non encore célébré. Rendons l’UA plus pragmatique et moins aérienne. Faisons rêver les jeunesses africaines si créatives et donnons-leur des raisons de croire en un futur possible.
Cela dit, la presse sénégalaise, ou ce qui en tient lieu, devrait tenir ses états généraux ! Face aux enjeux colossaux du développement, la presse sénégalaise dérive dangereusement. À l’exception de quelques titres de plus en plus rares, la tendance est au sensationnalisme creux. Car si les titres sont racoleurs, les articles sont bidons. Sans substance et bien souvent médisants. Purement et simplement. Si cela se limitait qu’à la presse écrite en français, la barrière objective du nombre de lecteurs pourraient circonscrire les dégâts. Mais un phénomène nouveau à surgit, la « revue de presse » parlée ou plutôt « la revue de paresse hurlée ! » Car, en fait, elle se résume en des poussées gutturales insipides pour lire et…interpréter (!) Selon l’humeur de l’animateur, les manchettes des journaux du jour sont …criées ! Certains des titres ainsi déclamés, et les commentaires qui s’en suivent, trahissent jusqu’à l’esprit de l’article annoncé… Mais vu que tout le monde s’en fout, ces crieurs publics des temps modernes ont encore de beaux jours devant eux.
Tout compte fait et, en cette fin d’année 2021 passée comme un éclair, le moment est venu de prendre conscience du temps qui nous avale ! Et enfin d’entreprendre, résolument, les ruptures fondamentales sans lesquelles notre pays et notre continent vont sombrer dans une nouvelle ère d’esclavage. Malheureusement, sur notre propre sol. En effet, notre sous-sol est progressivement hypothéqué, avec la complicité agissante d’élites corrompues, couardes et vénales. Incapables de nourrir et de conduire une ambition de souveraineté et de grandeur, elles se complaisent dans le rôle de courtiers zélés de puissance d’argent qui leurs jettent des miettes. Elles endettent, méthodiquement, les générations à venir et vont mettre en pièces l’Afrique. Un continent pourtant béni et doté de tous les moyens de la prise en mains de son destin.
Tout compte fait, les dirigeants africains actuels, à de rares exceptions près ne nous méritent pas. Ils sont les seuls responsables de la risée planétaire dont nous faisons l’objet au quotidien dans tous les médias mondiaux.
Il faut les changer ! Ne suivez pas mon regard…