"TU NE TUERAS POINT"
Aucune excuse d’ordre géopolitique ou je ne sais quel contexte lié à l’actualité, ou des exceptions de licéité, ne justifieront l’enlèvement volontaire de cette réalité sacrée qu’est la vie
"Tu ne tueras point !". Tel est le précepte divin dont la sacralité ne souffre d’aucune contestation de la part de l’homme, l’être le plus rebelle que la terre ait porté. Donner la mort est le tabou suprême, le péché de Caïn. On raconte, selon une histoire sainte, que ce petit bout de l’univers a auparavant été peuplé par des êtres de feu et de sang qui l’ont souillé par leurs crimes odieux.
Des «bêtes» féroces et intelligentes qui, au lieu de construire une civilisation en l’honneur de notre Seigneur, maître de l’univers, se sont entretuées par des conflits dont la violence et la cruauté dépassent notre imagination. Aucun mot de nos langues d’aujourd’hui n’aurait pu qualifier l’atrocité de ces conflits provoqués par le refus de célébrer le nom de Dieu. Ils se sont auto-détruits et ont fini par l’anéantissement. C’est la fin d’une civilisation. A l’époque, il n’y avait pas un génial Paul Valéry pour dire : «Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles».
Autant dire que nous ne sommes pas éternels, nous sommes voués à la mort, nous qui avons pris la place de ces premiers êtres qui n’ont pas pris la pleine mesure de la responsabilité d’exister en cette terre témoin d’innommables crimes, qu’aucun Tribunal de Nuremberg, de la Haye, de la Cpi ou même de Gacaca au Rwanda ne pourra juger. Ce qui est fait est fait et c’est l’œuvre de l’homme, cet inconnu. Entre-temps, la justice aura pris le parti de patauger dans la fange des longues et coûteuses procédures qui ont fini par installer une forme d’impunité chez les tueurs qui ont oublié la loi de Moïse : «Tu ne tueras point !»
Depuis, les hommes ne cessent de briser les tablettes sacrées qui portent la civilisation humaine. Qui va monter encore là-haut, au mont Sinaï, ressouder cette pierre sacrée dont les brisures ne cessent de crier en une longue plainte la séparation d’avec les autres parties indispensables ? Les démons de la division ont inventé la guerre, alors la vie ne vaut plus la peine d’être vécue.
Aujourd’hui, les hommes tuent non pas sans raison, mais plutôt en obéissant à un but politique. Ils sont vraiment sensés, ces tueurs qui hantent l’actualité du monde. Il n’y a pas de fous de Dieu ou de soldats monomaniaques de la démocratie. Il n’y a que des tueurs, voilà tout. Des criminels à la solde. Il y a eu plus de morts au nom de la démocratie et la liberté qu’au nom de Dieu. La guerre de l’ombre, ces meurtres légalisés par les Etats ont fait plus de morts que ces lâches attentats commis un peu partout.
Quoi que l’on ait pu faire, on aurait eu des tueurs qui ont «décidé» de désobéir et qui ne sentent pas leur âme souillée par le péché capital. Enlever une vie humaine sera l’objet du plus court procès devant Dieu. Les choses seront vite pliées. Ceux qui tuent au nom de Dieu ou de la démocratie vont comparaître un jour promis, où tous les regards seront figés.
Aucune excuse d’ordre géopolitique ou je ne sais quel contexte lié à l’actualité, ou des exceptions de licéité, ne justifieront l’enlèvement volontaire de cette réalité sacrée qu’est la vie. De nos jours, l’actualité a pris la place de la religion.
Le croyant l’est d’autant plus qu’il est au courant de tout. C’est un homme qui suit les infos tôt le matin, avant même de lire le Coran. Il ne sait pas que les textes religieux se caractérisent par leur profonde inactualité. La religion est spiritualité avant et après tout.
Le croyant bombe la poitrine pleine de sentiments ambigus et dresse une tête pleine et saturée d’images fragmentées venant d’une réalité complexe que la presse internationale lui sert sur un plateau. Mais c’est sa tête qu’on lui sert. Il a été décapité depuis lors. On s’est payé sa tête. La religion, toutes les religions sont d’abord «inactualité» : islam, christianisme, judaïsme. Le jour où les religions disparaîtront, elles seront remplacées par «l’actualité».
Les pauvres gens auront fini par se mettre en génuflexion en récitant les versets de l’actualité. Aujourd’hui, de vraies fausses prophéties circulent sur internet, inventées par on ne sait qui, dans le but d’exploiter le sentiment des croyants désemparés par tant d’effusions de sang en Syrie, en Irak, en Somalie, en Libye, au Nigeria, au Mali, au Pakistan, en Europe. Le prophète Muhammad (Psl) aurait prédit l’avènement de Daesh.
Mon œil ! Oh mon Dieu, devrais-je dire ! Ceux qui inventent ces histoires ont oublié que s’il est vrai que le prophète Muhammad (Psl) a prédit ces événements tant nommés, la théorie du complot tombe à l’eau. La plupart des adhérents à ces prédictions étant aussi des adeptes irréductibles du complot généralisé. Cette contradiction est ridicule par son évidence. Les mêmes prédictions, si elles sont authentiques, peuvent s’appliquer à des événements et époques différents.
Les textes religieux ne parlent pas, on les fait parler. La religion est dangereusement pliée aux exigences impérieuses de l’actualité. Elle risque de se rompre. Tous ces conflits, si meurtriers soit-ils, sont des épiphénomènes. On a connu pis : en 1347, la Grande Peste a décimé un tiers de la population européenne. Ces événements ne font qu’annoncer quelque chose de déterminant dans la vie des hommes.
Quelque chose est en train de mourir. Nous sommes peut-être à la veille d’une nouvelle ère de vie. Les temps sont durs, mais gardons patience et soyons modestes !