TUMBI-19 (2/2)
A la suite de l’Appel de Kinshasa du 28 mai 2020, je formule, comme promis, les mesures que je considère comme essentielles pour garantir une sortie de crise réussie
A la suite de l’Appel de Kinshasa du 28 mai 2020, je formule, comme promis, les mesures que je considère comme essentielles pour garantir une sortie de crise réussie. Il est vrai que la bataille contre le COVID-19 n’est pas encore gagnée. Pire, si les meilleures stratégies ne sont pas adoptées et mises en œuvre avec rigueur, la victoire souhaitée ne pourra même plus être espérée raisonnablement. Malgré tout, on ne peut pas attendre un hypothétique « clap de fin » pour réfléchir aux voies et moyens de « réparer les dégâts » causés par la pandémie de la COVID-19 et établir un programme pertinent de sortie de crise sur les plans économique, social et sanitaire. Gouverner, c’est prévoir. Le programme que nous proposons est dénommé TUMBI-19 et se décline en dix-neuf (19) mesures et cinquante et une (51) actions. Ce programme se justifie d’autant plus que le Sénégal connaissait déjà une situation difficile avant la déclaration de la pandémie et devait de changer de cap.
SÉCURITÉ
Renforcement du dispositif sécuritaire frontalier avec des postes mixtes ou juxtaposés entre la police, la gendarmerie et la douane. Renforcement de la contribution de l’Armée nationale à la vie citoyenne et à la sécurisation. Organisation d’un dispositif de surveillance des sites sensibles (centrales électriques, grandes industries, infrastructures de production et d’alimentation en eau, réseau de télécommunications etc.), des routes, ports et aéroports ainsi que des lieux de rassemblements. Institution du label « GM7VI » de sécurisation sanitaire dans les commerces restaurants, bureaux, usines, lieux de culte, et autres services accueillant du public, attestant qu’au moins sept (7) Grandes Mesures contre les virus et autres vecteurs de maladies ont été rigoureusement observées. Le nouveau Service d’Hygiène et de Sécurité sanitaire est chargé de la surveillance de la mise en œuvre de ce protocole. Mise en place d’une nouvelle police municipale dans laquelle doit se fondre l’Agence de Sécurité de proximité.
DEMOCRATIE
Adoption d’un calendrier électoral consensuel et précis. Organisation des élections locales proposée pour juin 2021. Aucun changement ne doit être opéré sur les dates des élections législatives prévues en 2022 et l’élection présidentielle de 2024. Compte tenu du retard enregistré dans l’audit du fichier, organisation des élections avec un nouveau fichier électoral constitué de tous les citoyens en âge de voter et non frappés d’incapacité conformément au Code électoral (L.27). Organisation de périodes de révision auto radiations et de mise à jour des changements personnels de situation. Recherche d’un consensus sur les autres conditions de participation et d’organisation des élections dans le cadre du dialogue politique. Respect par le pouvoir politique des droits et libertés notamment le droit de manifeste sans aucune restriction politicienne et sans arrestations arbitraires.
GOUVERNANCE TRANSPARENTE
Réforme de l’administration publique mettant l’accent sur la promotion du critère du mérite pour l’accès à la fonction publique et aux postes de responsabilité et sur la réorganisation du travail avec un recours aux technologies de l’information et sur la formation efficace du personnel. Réforme de la justice en vue de renforcer son indépendance, accompagnée d’un renforcement des moyens. Traitement diligent des dossiers en instance en justice notamment sur les questions liées à la gouvernance dans les affaires publiques et les litiges dans les affaires économiques pour rassurer les investisseurs et les citoyens. Réorganisation des services de contrôle des finances publiques dans le cadre d’un regroupement des fonctions de prévention, de contrôle et de répression. Réorganisation du commerce intérieur avec le rétablissement des stades de commerce, l’implantation des zones d’emplacement dédiées, en permanence ou provisoirement, la réorganisation des « loumas » (marchés hebdomadaires) et l’instauration de conditions d’exercice du commerce respectant les règles d’hygiène et de sécurité des consommateurs.
CONCLUSION
Le programme TUMBI-19 couvre les cinq axes indiqués dans l’Appel de Kinshasa du 28 mai 2020, à savoir la relance de l’économie, le sauvetage de l’éducation, la Santé et l’Emploi, la sauvegarde de la Démocratie, l’intégration africaine et la situation de la Diaspora et, enfin, le renforcement de la Gouvernance transparente. La cohérence d’ensemble du Programme TUMBI-19 repose sur la nécessité de réduire de façon significative l’endettement public en faisant recours à des financements alternatifs adossés à la valorisation des actifs constitués par les ressources naturelles (ppp et ERI), ce qui renforce les capacités d’intervention de l’état notamment dans le soutien aux personnes vulnérables. Ces mesures vont de pair avec la suppression de certaines institutions et la réduction du train de vie de l’état. Avec le ralentissement inévitable des flux d’import-export, il convient également d’aider les entreprises sénégalaises à réorienter leurs activités vers des secteurs porteurs de croissance inclusive comme l’agriculture, la pêche, l’élevage et l’artisanat de soutien au tourisme, ce qui permet de promouvoir l’emploi et d’augmenter les revenus des ménages durement éprouvés par la crise sanitaire.
L’articulation entre le développement industriel et le renforcement du parc énergétique est proposée pour renforcer l’offre d’emplois notamment pour les jeunes. Pour l’optimisation de la collecte de l’impôt, des réformes sont indispensables dans les régies financières (douane, impôts, trésor) en vue d’accélérer les procédures à travers l’interconnexion et la dématérialisation, l’identification des contribuables et l’adoption de schémas adaptés de localisation du fait générateur de l’impôt. Dans le cadre de l’intégration africaine ouest africaine, le Sénégal devra s’atteler à une meilleure utilisation de l’instrument monétaire et à renforcer les échanges intracommunautaires, le transport et les télécommunications.
La crise de la COvID-19 a révélé la place centrale d’un capital humain épanoui dans l’économie réelle. Il convient donc de renforcer de façon significative les investissements dans l’éducation, la santé et la sécurité. La diaspora doit également être soutenue et ses atouts valorisés. Enfin, la gouvernance transparente dans des secteurs sensibles comme l’administration et la justice contribue à rassurer les citoyens et les investisseurs. Chaque mesure du programme TUMBI-19, chaque action, fera l’objet d’un développement détaillé pour en indiquer le bien fondé, les retombées positives, les préalables et mesures d’accompagnement. Fait à Kinshasa, le 3 juin 2020