UN GENIE RESTE UN HUMAIN
Il faut que nous ayons la lucidité de nous préparer à l’éventualité que la pensionnaire du lycée Louis le Grand est partie de son propre chef
Le pays retient son souffle depuis la disparition de Diarry Sow.
Les sénégalais sont pendus aux lèvres des enquêteurs français. Retrouver cette pépite de l’école sénégalaise est devenu la priorité des priorités. En plus, les images tristes de sa famille désemparée sont insoutenables.
Toutefois, sur sa disparition, les scénarios les plus improbables et les théories les plus folles sont en train d’être agités. Mais il faut que nous ayons la lucidité de nous préparer à l’éventualité que la pensionnaire du lycée Louis le Grand est partie de son propre chef. Oui, Diarry Sow est d’une intelligence hors norme, d’un cran supérieur. Etre lauréate du très sélectif concours général à deux reprises n’est pas donné à tout le monde. Comme d’ailleurs être romancière à 20 ans. C’est indéniable, cette fille est dans le cercle fermé des génies. Toutefois, elle reste Homme, et tout ce qui est humain ne lui est pas étranger pour parler comme Terence. Elle a ses aspirations, ses désirs et ses fêlures.
Diarry Sow est très jeune. Et le fait qu’elle soit brillante et studieuse n’étouffe pas en elle l’amour des choses qu’une fille de son âge peut désirer. La vie estudiantine est très complexe surtout si elle est vécue à l’étranger. Il y a des moments de vide, de remise en question de nos certitudes. C’est aussi des moments où notre terre sentimentale peut trembler à cause d’une amourette de rien du tout. Tous ceux qui ont étudié à l’étranger savent de quoi je parle. On est à la quête d’une identité, d’un raffermissement d’une personnalité.
Durant la vie universitaire, comme Camus, nous ne sommes riches que de nos doutes, tiraillés entre notre plan d’étude initiale et d’autres possibilités qui s’offrent à nous. Diarry Sow a beau être dans un prestigieux établissement, elle peut avoir d’autres projets. Elle peut même être guidée par son cœur (pour être euphémique). Qui sait…La liberté reste la marque aussi des génies. Soyons clair, c’est une hypothèse que j’avance. Mais ces jours-ci, force est de constater que la jeune étudiante est tellement sous le feu des projecteurs, tellement mise sur un piédestal, qu’une issue heureuse, on l’espère, mais incongrue ferait tomber les sénégalais des nues.
Et apparemment une erreur de jeunesse de sa part serait impardonnable. Et même si ça se trouve, l’ampleur que cet évènement a prise l’empêche de se montrer. Craint-elle de décevoir sa famille et les sénégalais ? Le cas échéant, elle ne devrait pas. Elle aura tout le temps pour polir ses envies, se ressaisir, revenir dans les rangs et se remettre au travail. Pour ma part, une fugue ne serait ni une surprise ni impardonnable.
Son facteur subjectif n’a pas encore atteint sa maturation, la stabilité qui sied même si elle est la meilleure élève du Sénégal. Il faut savoir raison garder et se dire sans la dédouaner que peut-être, la jeune mbouroise avait besoin de s’éclipser pour quelque temps. Vivre sa vie et faire un peu l’école buissonnière. Et que son escapade a pris une proportion à laquelle elle ne s’attendait pas. Médiatiquement parlant. Il y a une dose de folie qui caractérise des artistes comme Diarry Sow. Et franchement, je préfère cette hypothèse d’échappée belle de sa part aux autres plus dramatiques qui suintent çà et là.
Quoi qu’il en soit, nous prions pour qu’elle nous revienne saine et sauve. Car à la voir sourire, notre cœur ne peut s’empêcher de battre la chamade pour elle. À l’écouter parler, on aurait aimé qu’elle soit notre sœur.